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La r. m., en urologie, est réservée
actuellement essentiellement au trai-
tement palliatif des douleurs des
métastases osseuses de cancer de
prostate en échappement hormonal.
Les métastases des autres cancers
u rologiques peuvent en bénéficier
mais il n’existe pas d’études ayant
validé son efficacité. Les atteintes
douloureuses doivent être multiples
(au moins deux) ou uniques et, ayant
déjà bénéficié de radiothérapie exter-
ne localisée (RTE). Elle peut être utili-
sée d’emblée ou après la première
RTE d’une métastase osseuse pour
re t a rder l’apparition de nouveaux
sites osseux douloureux. Son utilisa-
tion se fera après avoir éliminé les
contre-indications que sont l’envahis-
sement médullaire avancé, la throm-
bopénie inférieure à 100 000 plaquet-
tes, la leucopénie inférieure à 2 000
globules blancs. L’utilisation de chi-
miothérapie ou de RTE multiple doit
être raisonnée en raison de la poten-
tialisation des effets toxiques médul-
laires. De même, toute suspicion de
coagulopathie de consommation doit
être écartée avant la r. m. Il faut impé-
rativement éliminer tout risque frac-
turaire ou de compression médullai-
re imminent avant la réalisation de la
r. m.. En effet, l’effet antalgique n’est
pas assez rapide et n’empêchera pas
la complication de survenir.
L’envahissement osseux massif
(superscan) est une contre-indication
(mauvaise réponse antalgique et toxi-
cité plus importante), de même que
l’espérance de vie inférieure à 2 mois
(Q u a d r a m e t ) ou à 3 mois
(Métastron).
L’insuffisance rénale est une contre-
indication certaine pour le
M é t a s t ro ncomme pour le
Q u a d r a m e t, les deux pro d u i t s
ayant tous deux une élimination
rénale, le radio-isotope risque de
s’accumuler et donc d’augmenter sa
toxicité. De plus, lors de fuites urinai-
res, les risques pour l’environnement
et le personnel sont augmentés,
notamment pour le Quadramet. Il
faudra alors prévoir de sonder le
patient pendant les six pre m i è re s
h e u res suivant l’injection pendant
lesquelles la presque totalité du pro-
duit est éliminée. Les biphosphona-
tes doivent être arrêtés un mois avant
l’injection de Quadrametafin de ne
pas concurrencer la fixation du pro-
duit sur l’os. L’utilisation du
Q u a d r a m e tnécessite la mise du
patient en chambre radio-pro t é g é e
pendant les six heures qui suivent
l’injection.
La qualité des résultats dépend étro i-
tement de la prise en charge et de la
stratégie de décision thérapeu-
t i q u e m u l t i d i s c i p l i n a i re. L’ é q u i p e
associe urologue, oncologue médical,
radiothérapeute, médecin nucléaire et
médecin spécialisé dans le traitement
de la douleur. L’utilisation précoce du
traitement chez des patients dont l’en-
vahissement osseux n’est pas massif,
ayant un Karnofsky correct et un trai-
tement antalgique encore peu impor-
tant est la garantie d’un bon résul-
tat antalgique avec une bonne tolé-
rance, permettant de préserver au
mieux la qualité de vie et l’autono-
mie du patient.
Il est donc souhaitable de ne pas
c o n s i d é rer le 89 Sr et le 153 Sm
comme des traitements de dernier
recours à un stade trop avancé de
la maladie où il existe déjà une
i n s u ffisance médullaire et des
risques osseux mécaniques sévè-
res.
Tous nos patients à l’hôpital
Saint-Louis sont évalués avant la
réalisation de la r. m. au sein de
l’unité douleur. Cette évaluation
porte sur le nombre de localisa-
tions osseuses et douloure u s e s ,
sur la quantité et la qualité du
traitement antalgique, sur l’inten-
sité et la qualité de la douleur par
l’utilisation d’outils de mesure
quantitatifs comme l’EVA(figure
2 ), qualitatifs comme le QDSA
(figure 3) ou l’utilisation de sché-
ma corporel sur lequel le patient
dessine ses localisations doulou-
reuses (figure 4). Le performans
status (Karnofsky) est également
apprécié. Ces évaluations sont
répétées plusieurs fois en fonction
de la pharmacocinétique des pro-
duits (avant l’injection, à j15, j30,
j45 et j90, et ultérieurement). Les
p roduits sont administrés en
intraveineux par le médecin
nucléaire à l’aide d’une seringue
plombée (figure 5).
Le Métastrona notre préférence
actuellement pour le cancer de la
prostate car son émission ß pur ne
comporte aucun danger d’irradia-
tion pour le personnel hospitalier
et pour la famille, et que la durée
de l’effet antalgique est plus pro-
longée. Les avantages du
Q u a d r a m e trésident dans la
rapidité de l’effet antalgique, la
possibilité de modulation de la
dose par rapport au poids et la
possibilité de réaliser une scinti-
graphie osseuse. L’indication de
la r.m. devrait être beaucoup plus
précoce qu’elle ne l’est actuelle-
ment. Il faudrait y recourir avant
que l’EVAne soit trop élevée ou
que les doses d’antalgiques ne
soient trop élevées. C’est dès l’ap-
parition de douleur au niveau
d’une métastase osseuse que le
traitement a le plus de chance d’ê-
tre efficace. On peut même suggé-
rer l’utilisation de la r.m. dès que
l’échappement hormonal est
constaté avec apparition de
lésions osseuses scintigraphiques,
sans attendre la survenue des
douleurs. La r. m. pourrait peut -
être, à ce stade, retarder beaucoup
leur apparition
II. INDICATIONS ET
UTILISATION PRATIQUE DE
LA RADIOTHÉRAPIE
MÉTABOLIQUE ANTALGIQUE
N°2 Septembre 2002
POINTS D’ACTUALITÉ
Principe et Indications de
l’Ir
radiation Métabolique