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Institut de Formation de Professions de Santé
Formation Infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
« ON SE MALTRAITE AVANT DE MALTRAITER LE PATIENT »
DES EMOTIONS A L’EPUISEMENT PROFESSIONNEL
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’études
Présenté par :
AMOR Julien, BOUTON Arnaud, CHOLLEY Sophie, VUARNIER Méryll
Promotion 2013/2016
Formateur de guidance :
FOURNIER-LIEGON Françoise
Institut de Formation de Professions de Santé
Formation Infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
« ON SE MALTRAITE AVANT DE MALTRAITER LE PATIENT »
DES EMOTIONS A L’EPUISEMENT PROFESSIONNEL
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’études
Présenté par :
AMOR Julien, BOUTON Arnaud, CHOLLEY Sophie, VUARNIER Méryll
Promotion 2013/2016
Formateur de guidance :
FOURNIER-LIEGON Françoise
REMERCIEMENTS
Nous remercions notre formatrice de guidance, Madame Françoise Fournier-Liégon, pour
son entrain et ses conseils tout au long de notre travail.
Nous remercions les professionnels de santé de nous avoir accordé leur temps, et d’avoir
partagé avec nous des moments précieux, qui nous ont permis de construire une partie de
notre travail.
Nous remercions nos familles et nos amis pour leur soutien durant ce travail et durant notre
formation.
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................................... 6
METHODOLOGIE.................................................................................................................. 8
Situation d’appel ............................................................................................................... 11
Questionnement : ............................................................................................................. 12
Question de départ ........................................................................................................... 13
DEVELOPPEMENT ............................................................................................................. 14
Emotions.............................................................................................................................. 15
Epuisement professionnel .................................................................................................... 17
Définition des trois dimensions de l'épuisement professionnel selon Malash et Jackson .. 18
Les causes de l’épuisement professionnel ....................................................................... 19
Causes psychologiques ............................................................................................ 19
Causes environnementales et organisationnelles ...................................................... 20
Conséquences de l’épuisement professionnel .................................................................. 21
Qualité, sécurité et prise en soins ........................................................................................ 22
Qualité des soins .............................................................................................................. 22
Définition sécurité des soins : ........................................................................................... 23
Prise en soins................................................................................................................... 24
Cadre législatif  droit  éthique ........................................................................................... 26
Droits et devoirs du patient : ............................................................................................. 26
Droits et devoirs de l’IDE : ................................................................................................ 26
CONCLUSION ..................................................................................................................... 28
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 30
ANNEXES ........................................................................................................................... 33
INTRODUCTION
7
Suite à nos expériences pratiques sur nos différents lieux de stage, nous émettons le
constat que nombreux professionnels de terrain sont en épuisement. Après observation et
discussion, nous avons souhaité comprendre ce qu’est l’épuisement professionnel et pourquoi
les infirmiers sont touchés par ce problème. Depuis peu, c’est un sujet qui est de plus en plus
médiatisé et auquel les auteurs s’intéressent.
En effet, il est interpellant de s’imaginer que les personnes qui soignent, nos futurs
collègues, soient en souffrance. C’est un écueil pouvant affecter tous soignants, quel que soit
le service où ils exercent. L’Institut National de Recherche et de Sécurité l’inclut dans son
dernier plan de santé au travail 2016-2020 qui vise à prévenir l’usure professionnelle. Les
autorités françaises commencent à se soucier de cette souffrance qui n’est pas reconnu
comme une maladie professionnelle.
Afin d’étayer notre constat, nous avons procéder à des travaux de recherches. Dans
un premier temps, nous décrivons la méthodologie utilisée pour réaliser ce travail d’initiation à
la recherche en soins infirmiers ; où nous exposons notre situation d’appel ainsi que notre
question de départ. Ensuite, nous développons sur les émotions, l’épuisement professionnel
ainsi que sur la qualité des soins. En dernier lieu, nous présentons le cadre législatif en lien
avec notre travail. Nous terminons notre travail avec une conclusion ouvrant sur notre
problématique.
METHODOLOGIE
9
Pour commencer ce travail de fin d’étude, chaque étudiant a rédigé une situation
d’appel vécue pendant l’un de ses stages sur les trois années de formation. Après cette étape,
les groupes ont été établis suivant les thèmes. Nous avons tous vu des professionnels en
épuisement au cours de nos différents stages. Nous souhaitons tous traité le sujet de la gestion
des émotions dans l’épuisement professionnel ; c’est pourquoi nous sommes trois à avoir
rédigé une situation interpellante sur l’épuisement professionnel et un sur la gestion des
émotions. Par la suite, nous avons travaillé sur la situation d’appel qui nous semblait la plus
adapté par rapport au sujet que nous voulons traiter.
1. recherche théorique :
Nous avons réalisé de nombreuses recherches au CRD et à notre domicile à partir d’ouvrages
informatique et papier afin d’élargir nos champs de connaissances sur le sujet. Nombreux
écrits sont paru en particulier dans les revues en soins infirmiers et un livre a récemment été
écrit sur le sujet concernant le milieu hospitalier. Des chercheurs et philosophes ont eux aussi
approfondi la question ce qui nous a permis de confronter les idées de chacun avec les notre.
In fine, le sujet et vaste et traité sous de multiples facettes par des professionnels aguerris, ce
qui nous apporté matière à travailler.
2. Recueil de données auprès de professionnel
Nous avons fait le souhait d’effectuer des entretiens semi-directif auprès d’infirmiers. Au vue
de la situation d’appel retenu nous souhaitons conduire des entretiens auprès de personnes
qui exercent dans des services relativement opposé par leur activité. Nous avons élaboré notre
trame d’entretien qu’on a ensuite fait valider à notre formatrice de guidance. Puis nous avons
contacté par mail et téléphone les cadres de service qui nous ont donné rendez-vous avec
des professionnels intéressés par notre sujet. Nos questions sont ouvertes afin de laisser libre
recours à la personne pour nous amener des idées, étoffer nos recherches et attiser notre
curiosité. Les entretiens ce sont déroulées au sein de leur service d’affectation dans une pièce
où il y avait moins de risque d’être dérangé. En moyenne, les entretiens ont durés une heure
et un seul des deux est dérangé pas l’irruption d’une collègue soignante au terme du premier
mené.
3. Analyse des données
Nous avons chacun étudié les entretiens puis nous nous sommes retrouvé pour trier en
fonction de nos concepts et retenir les éléments pertinents afin de les introduire dans notre
travail. Nous avons fait le choix d’assembler nos recherches et nos analyses d’entretien pour
obtenir un travail plus fluide à la lecture. Pour la rédaction nous avons écrit la totalité de notre
mémoire ensemble. Cela nous parait important pour avoir un travail harmonieux.
10
4. Réflexion autour de la question de départ
Le choix de la question a découlé simplement de la situation d’appel et du questionnement
construit autour. Comme un entonnoir, à force de répétition nous avons formulé notre question
de recherche.
11
Situation d’appel
Nous sommes le 13 octobre 2015, je suis de journée dans le service d’accueil des
urgences d’un établissement de la région. Le matin, nous prenons en charge Madame B qui
se présente aux urgences avec une ambulance privée, pour une altération de l’état général
accompagné d’un maintien à domicile difficile. Madame B est envoyé au SAU1 à la demande
de son médecin traitant. Madame B a 3 enfants qui habitent la région. La personne de
confiance de la patiente est sa fille qui l’héberge. Les personnes à prévenir sont ses trois
enfants. Madame B, qui doit porter une chemise d'hôpital, est installée dans une salle
d’observation afin de pouvoir la préparer pour que le médecin puisse l’ausculter. La patiente
présent une démence de type Alzheimer. Elle parle à voix haute dans la salle d’observation et
demande constamment son mari qui est décédé il y a 5 ans. Avec l’aide-soignante, nous
entrons dans la salle d’observation qui était ouverte. Je dialogue avec Madame B afin
d’essayer de la rassurer pour pouvoir lui retirer ses vêtements et l’habiller en conséquence.
L’AS2 m’explique : « on n’a pas le temps, si on fait ça à chaque patient on n’a pas fini », l’AS
enlève de force les vêtements de Madame B sans lui expliquer la situation. La patiente se met
à hurler. L’AS demande à la patiente de faire silence. Au final, l’AS sort de la chambre en
m’expliquant qu’il faut la laisser se calmer. L’AS me cite également « j’en ai ras le bol des cris
à longueur de journée ».
L’après-midi même, je suis avec l’IDE3 en poste d’accueil et d’orientation, pour le reste
de la journée. Un patient arrive au SAU par ses propres moyens, exprimant et ressentant de
violentes douleurs. Il exprime une douleur quotée à 10 sur 10 selon l’échelle EVA. C’est une
échelle visuelle analogique d’auto-évaluation de la douleur aiguë ou chronique. Je lui prends
immédiatement ses constantes qui sont dans les normes hormis l’EVA. J’essaye de le rassurer
au mieux. Je l’installe sur un brancard en position demi assise. Il me demande s’il peut
éventuellement passer en priorité du fait de sa douleur intense. C’est à ce moment-là que l’IDE
lui explique d’attendre car il y a du monde devant lui. L’échange est de plus en plus virulent.
L’IDE s’affirme face au patient en lui faisant comprendre que c’est lui qui décide et que s’il
continue, il va attendre longtemps. Le patient riposte en insultant les soignants. L’IDE s’éloigne
du patient, s’isole et me déclare : « P... qu’est ce que j’en ai marre de ses nerveux, et marre
des insultes ».
1
SAU : Service d’accueil des urgences
AS : Aide-soignant(e)
3
IDE : Infirmier(e) diplômé(e) d’état
2
12
Questionnement :
1.
État du patient
− Est-ce qu’une patiente démente peut-être une source de stress dans sa prise en
charge ?
− Est-ce que les cris voire les hurlements sont des facteurs favorisants voire aggravants
du stress ?
− Quel est l’impact de la douleur exprimée sur un soignant ? Surtout quand cette plainte
se manifeste par des propos qui peuvent être injurieux ?
2.
Posture soignante
− Quel est l’impact du stress sur la posture soignante ?
− Un patient qui est dans la demande constante peut-il avoir un impact sur la maîtrise de
Soi du soignant ?
− Quelle est la place du « lâcher-prise » dans les représentations des équipes ?
− Quel est l’impact d’une violence verbale au long cours sur sa propre maîtrise de Soi ?
− Quel est l’impact sur la maitrise de Soi du soignant, et sur sa prise en charge envers le
patient ?
3.
Contexte et organisation
− Travailler dans un service d’urgence est-il un terrain où le stress et la gestion des
émotions sont plus présents que dans d’autres services ?
− Quel était la charge de travail ce jour-là ?
− Les soignants étaient-ils en nombre ce jour-là ?
− Y-a-t-il n accompagnement psychologique des équipes soignantes dans les services ?
− Quels sont les moyens mis en place pour leur permettre de décompresser ?
− Est-ce que le poste d’IAO est plus exposé au stress et à la non maîtrise des émotions ?
− Le service des urgences est-il un lieu professionnel où les soignants sont plus touchés
par cet épuisement professionnel ?
4.
Valeur et législation
− L’AS a-t-il le droit de forcer la patiente pour son déshabillage ? Que dit la loi ?
− Où se placent les valeurs soignantes dans le comportement de l’AS ?
− La gestion du stress et la maîtrise de Soi impactent-ils sur les valeurs soignantes et le
respect du patient ?
− Peut-on considérer qu’il y a maltraitance dès lors que l’on force quelqu’un ?
− Qu’est-ce qui amène à la maltraitance ?
− A-t-on le droit en tant que soignant de ne plus supporter cette violence verbale ?
13
5.
Formation des professionnels
− Existe-il une formation pour la prise en charge des patients déments dans les services
non spécialisés ?
− Existe-il une formation sur la gestion des émotions ?
6.
Épuisement professionnel
− Est-ce que cette violence verbale fut déjà entendue dans la journée de l’IAO ?
− Le « trop plein » d’émotions non gérées et/ou non prises en compte par le soignant
mène-t-il à un syndrome d’épuisement professionnel ?
− Y-a-t-il une différence de chiffres entre les hommes et les femmes touchés ?
− L’expérience est-il un facteur protecteur de l’épuisement ? ou au contraire un facteur
favorisant ?
− Quel est l’impact sur la vie personnelle d’une mauvaise gestion des émotions et d’un
épuisement professionnel ?
− Les conditions de travail ont-elles un rôle dans le développement d’un épuisement
professionnel ?
− La mauvaise gestion des émotions et l’épuisement professionnel ont-ils un impact sur
la prise en charge des patients, en positif comme en négatif ?
− La sécurité du patient est-elle assurée quand un soignant est en souffrance
psychique ?
Question de départ
Suite à notre questionnement, nous avons décidé de travailler sur l’épuisement professionnel
des IDE et quel peut être son impact sur la prise en soins des patients. C’est pourquoi notre
question de départ est : En quoi l’épuisement professionnel des IDE influe-t-il sur la prise en
soin des patients hospitalisés ?
DEVELOPPEMENT
15
Emotions
Selon Klaus Scherer l’émotion est « un changement dans plusieurs composantes de
l’organisme suite à un évènement évalué comme important par celui-ci ». Ce sont ces
composantes qui créent le phénomène de l’émotion. En effet, pour qu’il y ait une émotion, un
élément déclencheur doit être évalué comme important pour l’organisme, c’est l’évaluation
cognitive. Celle-ci engendre des modifications physiologiques qui vont préparer l’organisme à
réagir à l’évènement important ; ces modifications passent par la modification de l’expression
faciale reconnaissable, c’est la fonction de communication de l’émotion. Cette expression est
liée à un caractère inné par la génétique ainsi qu’acquis. Puis, les processus cognitifs se
focalisent sur l’émotion ce qui mène au sentiment, qui est la perception consciente de cet
ensemble de modifications.
Les réactions physiologiques à l’émotion sont dues à l’activation du système nerveux
autonome. De plus, ces réactions varient d’une émotion à l’autre. En général, pour les
émotions jugées fortes, une augmentation du rythme cardiaque et respiratoire ainsi que de la
sudation peut être notifié ainsi que d’une augmentation du tonus musculaire. Pour les émotions
douces, ce sont les modifications inverses qui sont remarquées.
Les émotions se classifient en deux grandes catégories : les émotions de base ainsi
que les émotions complexes. La colère, la peur, le dégout, la surprise, la joie et la tristesse
sont les émotions de base. Elles présentent chacune leurs propres expressions
comportementales physiologiques et faciales qui sont universelles à l’Homme. Les émotions
complexes se mettent en place plus tardivement lors du développement et sont dépendantes
des codes culturels. Ces émotions nécessitent la compréhension des codes culturels plus ou
moins complexes. Nous retrouvons en autre la honte, l’embarras, le mépris, l’amour. Ici, les
réponses physiologiques spécifiques et l’expression faciale sont apprises, elles ne sont pas
définies génétiquement. [1]
Qu’en est-il de la gestion de ces émotions ?
Les émotions sont certes inconscientes, mais la vie sociale dans laquelle nous évoluons nous
oblige à nous adapter. En effet dans certaines situations, il est nécessaire ou au contraire
inadapté de ressentir certaines émotions. Cette capacité est la régulation émotionnelle qui
nous permet d’utiliser des stratégies cognitives pour forcer l’apparition d’une émotion, voire de
l’intensifier ou de la réduire. Cette régulation émotionnelle [2] passe par une réévaluation
cognitive de l’importance de l’évènement vécu, d’un redéploiement attentionnel qui permet de
16
détourner son attention de l’évènement ou d’une suppression émotionnelle qui vise à
s’empêcher de ressentir de manière visible de l’émotion.
Nos entretiens nous ont permis de rencontrer deux différents profils d’IDE face à leur émotions
et à leur propre gestion des émotions. Ces deux IDE, venant de deux services différents, l’un
au pôle oncologie, et l’autre au pôle urgences-réanimation. Les deux professionnels vivent de
nombreuses émotions au cours de leurs activités professionnelles, l’IDE A nous souligne lors
de l’entretien qu’elle « a un service qui a plein d'émotions », qui « est chargé de pleins
d'émotions ». Les émotions ont ici toutes leur place dans la prise en soin de ses patients ; au
contraire de l’IDE B, qui doit apprendre à mettre de côté ses émotions afin d’être efficace dans
sa prise en charge. En effet, il nous dit que les émotions sont présentent, mais qu’il doit
privilégier le Faire. De plus, l’analyse met en avant que les débriefings, souvent réalisés,
favorisent la rationalisation des émotions. Ceux-ci, permettent une cohésion d’équipe, mais
présentent des divergences suivant les lieux d’exercice. L’un est basé sur le vécu soignant à
travers ses propres émotions, l’autre sur la gestion de la situation et les points à améliorer :
« qu’est-ce qu’on aurait pu faire, est-ce qu’il y a des choses à améliorer ». L’IDE A appuie
également sur l’utilité des relèves dans son service. Pour elle ce sont des « soupapes » de
décompression où l’équipe s’exprime sans filtre.
D’après leur vécu, la gestion des émotions passent également par des activités extérieures ou
dans l’investissement sélectif. Ainsi l’IDE A fait référence à son trajet travail-domicile, et ses
activités extérieures, qui lui permettent de faire la coupure : « pour rentrer chez moi j'ai 20
minutes de trajet, […] j'arrive chez moi je fais la coupure ». De plus, sa vie de famille apparaît
comme importante dans sa gestion des émotions. Dans son discours, l’IDE B favorise un
investissement dans le cadre professionnel sans pour autant se disperser : « Il vaut mieux
s’investir dans […] une seule chose menée correctement au bout […] de la chose justement.
Et ensuite passer à autre chose. »
Pour réguler leurs émotions, chaque IDE présente ce qui s’apparente à des mécanismes de
défenses, tels que « je suis sortie d'ici je pense plus et souvent je ne me rappelle même pas
les noms des patients » pour l’IDE A. Pour l’IDE B, cela se manifeste par le fait que « on sait
[…] qu’on va pas forcément s’attacher aux gens ». Les mécanismes de défenses sont « des
des processus mentaux automatiques, qui s’activent en dehors du contrôle de la volonté et
dont l’action demeure inconsciente, le sujet pouvant au mieux percevoir le résultat de leurs
interventions et s’en étonner éventuellement » [3]. C’est aussi « selon Laplanche et
Pontalis, les mécanismes de défense constituent l'ensemble des opérations dont la finalité
est de réduire ; de supprimer toute modification susceptible de mettre en danger l'intégrité et
la constance de l'individu biopsychologique. Elle prend souvent une allure compulsive et opère
au moins partiellement de façon inconsciente. » [4]
17
Par ailleurs, les deux IDE semblent mettre en place des stratégies de coping. De l’anglais « to
cope » qui signifie s’ajuster, s’adapter, «les stratégies de coping sont des efforts cognitifs et
comportementaux, constamment changeants, ployés pour maitriser, réduire, tolérer les
exigences internes ou externes qui sont évaluées par la personne comme consommant ou
excédant ses ressources. Ces efforts sont déployés volontairement par un individu pour faire
face à une situation jugée subjectivement comme stressante. Chronologiquement, la stratégie
de coping se place pendant la situation stressante au contraire de la résilience qui apparaît
après l’évènement. » [5] La façon de gérer le coping varie en fonction de la personnalité :
l’individu va soit se centrer sur le problème, soit sur l’émotion, soit sur la recherche de soutient
social. L’IDE A nous explique qu’elle continue de venir travailler même avec un problème de
santé, car elle a la sensation que cela l’aide à passer outre. L’IDE B présente une
automatisation dans ses actes. L’automatisation est le « fait d'automatiser l'exécution d'une
tâche, d'une suite d'opérations » [6]. Chez l’IDE B, ce mécanisme est présent, celui-ci nous
dit : « je pense qu’on gère beaucoup de manière automatique ».
Il apparaît au fil des entretiens qu’il y ait un consensus entre l’expérience et les affects ce qui
permet un certain recul sur les situations considérées comme difficile.
Epuisement professionnel
Les définitions de l’épuisement professionnel sont abondantes, de nombreux auteurs s’y sont
intéressés. C’est un concept récent lié à l’environnement professionnel, et différent selon le
regard que l’on y porte. L’encyclopédie Larousse définit ainsi ces termes : l’épuisement est
une « action d’user jusqu’au bout, de tarir. C’est un état de faiblesse extrême. », et
professionnel qui est un « adjectif qualifiant l’appartenance à une profession ». En associant
ces deux mots, nous pouvons définir l’épuisement professionnel comme le fait d’être usé par
l’exercice de la profession. L’épuisement professionnel est donc le résultat d'un stress
chronique qui prend sa source dans l'environnement de travail. [7]
L’OMS4 caractérise l’épuisement professionnel comme « un sentiment de fatigue intense, de
perte de contrôle et de capacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». L’épuisement
professionnel n’est pas inscrit comme une maladie professionnelle intégrée au DMS IV. C’est
une pathologie classée dans la catégorie des troubles de l’adaptation.
Le terme épuisement professionnel a pour origine le terme anglais Burnout, traduit
littéralement par «bruler entièrement, consumer ». Il est apparu en premier lieu dans
l’aéronautique afin de décrire les premières fusées qui consumaient trop vite leur carburant et
4
Organisation mondiale de la santé
18
de fait s’écrasaient au sol. Ce terme a ensuite été adapté par un psychanalyste new yorkais à
des fins de diagnostic pour imager une enveloppe intact mais dont l’intérieur est anéanti. Ainsi
le terme épuisement professionnel lié à la sphère professionnel va désigner l’état dans lequel
se trouve une personne lorsque toutes ses ressources sont consumées dans son activité
professionnel. [8]
Par ailleurs, le terme Karoshi, prononcé kaloshi est l’équivalent japonais au terme burn-out.
Karoshi signifie la mort par excès de travail. Ce terme présente une connotation violente mais
il doit se concevoir dans la société japonaise dominée par la notion de bien collectif. La notion
de sacrifice, très présent au Japon, se retrouve dans l’attitude du salarié : vivre et mourir pour
l’entreprise. Ce terme permet ainsi de se rendre compte des conséquences des conditions de
travail liées au profit et à la rentabilité. [8]
En France, la définition la plus utilisée reste celle de Maslach et Jackson [8], qui définissent le
burnout comme « un syndrome d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de
réduction de l’accomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués
professionnellement auprès d’autrui ». D’après de nombreuses études menées auprès des
personnels soignant, « le pourcentage de personnel en burn-out oscille entre 10 et 45%, avec
une moyenne autour de 25% » [8]
Définition des trois dimensions de l'épuisement professionnel selon Malash et Jackson
L’épuisement émotionnel renvoie au manque d’énergie, au sentiment que les ressources
émotionnelles sont épuisées. La personne est vidée nerveusement, a perdu tout entrain, n’est
plus motivée par son travail qui devient une corvée. Elle ne réalise plus le travail qu’elle
effectuait auparavant, ressent frustration et tensions. L’épuisement émotionnel est souvent lié
au stress et à la dépression. Autant les conceptions théoriques que les résultats empiriques
actuels lui donnent un rôle central dans le processus du l’épuisement professionnel.
La
dépersonnalisation
représente la dimension interpersonnelle de
l’épuisement
professionnel. Elle renvoie au développement d’attitudes impersonnelles, détachées,
négatives, cyniques, envers les personnes dont on s’occupe  élèves, patients, clients, ...
L’individu ne se sent plus concerné par son travail, dresse une barrière qui l’isole de ses clients
et de ses collègues. Parler de l’appendicite de la chambre 22 est un exemple de ces attitudes.
La dépersonnalisation peut prendre des formes plus dures et s’exprimer à travers des attitudes
et des comportements de rejet, de stigmatisation, de maltraitance. Il s’agit d’une stratégie mal
adaptée, destinée à faire face à l’épuisement des ressources internes en mettant à distance
les bénéficiaires de l’aide, ou en rendant leurs demandes illégitimes. Cette attitude permet de
s’adapter à l’effondrement de l’énergie et de la motivation. Les clients, les usagers, les
19
patients, les élèves étant perçus sur un mode négatif. Leurs demandes, leurs besoins
apparaissent moins pressants, moins urgents à résoudre. Le terme de dépersonnalisation peut
prêter à confusion vu qu’il désigne aussi l’état psychique où domine l’impression d’être
étranger à soi-même. Le terme de déshumanisation aurait pu être choisi, mais sa connotation
est considéré comme trop extrême pour qu’il soit retenu.
Le manque ou la réduction de l’accomplissement personnel concerne à la fois dévaloriser
son travail et ses compétences, la croyance que les objectifs ne sont pas atteints, la diminution
de l’estime de soi et du sentiment d’auto-efficacité. La personne ne s’attribue aucune capacité
à faire avancer les choses, convaincue de son inaptitude à répondre effectivement aux
attentes de son entourage. L’accomplissement personnel représente la dimension autoévaluation du burnout. [9] [10] [11] [12]
Les causes de l’épuisement professionnel
Les études menées parmi tous les secteurs activités mettent en exergue trois grandes causes
de
l’épuisement
professionnel :
les
causes psychologiques,
environnementales et
organisationnelles. [10]
Causes psychologiques
Au travers les différentes recherches, les causes psychologiques semblent se caractérisées
par :

Des attentes élevées à l’égard de soi-même poussant au perfectionnisme et à une
atteinte à des objectifs fixés qui, s’ils ne sont pas atteints pouvant conduire à un
épuisement professionnel ;

Le faible sentiment d’appartenance et d’estime de soi peut entraîner un employé à la
culpabilité répétitive ;

La chronicité de certaines situations conduit à une adaptation extrême de la souffrance
entraînant des séquelles psychologiques ;

Le stress qui, provenant d’un déséquilibre entre les exigences de travail et les
ressources de l’individu, conduit à un état de tension, d’anxiété, de fatigue
émotionnelle, puis une réduction du but initial, une idéalisation de la situation, des
attitudes détachées, mécaniques.
Ainsi les atteintes psychologiques et physiques montrent à quel point l’épuisement
professionnel est destructeur. Le sentiment de fatigue, d’épuisement, d’être vidé, est le
symptôme physique le plus typique. Les individus atteints d’un degré élevé d’épuisement ont
davantage de troubles du sommeil et une plus grande fatigue au réveil. La fatigue liée à
20
l’épuisement professionnel n’est pas celle que l’on éprouve temporairement et qui disparaît
après une période de repos. Il s’agit d’une fatigue chronique.
Causes environnementales et organisationnelles
Les causes environnementales sont liées à la santé individuelle, aux relations familiales et
sociales. Bien que travail et vie privée soient des sphères séparées et autonomes,
l’épuisement professionnel a des répercussions sur la sphère familiale et plus généralement
sociale. Au niveau du travail, l’épuisement professionnel contribue à la détérioration des
relations entre collègues, mais aussi avec les étudiants et patients.
En dernier lieu, il existe les causes organisationnelles. Il s’agit de l’influence du contenu de
l’activité et celle du contexte dans lequel elle se déroule. La surcharge de travail, la pression
du temps, les horaires imprévisibles, sont des exemples de variables qui rendent impossible
le contrôle de son activité professionnelle.
Après l’analyse de nos entretiens, nous nous rendons compte que les deux professionnels
présentent des lacunes sur la définition réelle de l’épuisement professionnel. Ils ont des
représentations différentes de la théorie. En effet, l’IDE A ne définit pas clairement
l’épuisement professionnel. Elle semble aborder principalement le volet fatigue de
l’épuisement professionnel, tout en occultant les dimensions psychologiques et émotionnelles
de l’épuisement. Quant à l’IDE B, il conçoit l’épuisement professionnel comme une trop grande
implication dans plusieurs domaines, voire de surinvestissement : « on est tout pareil à vouloir
s’impliquer euh dans plein de chose et euh au final […] pour moi je pense que c’est pas
forcément la bonne chose » et continue en disant « qu’essayer de partir un petit peu dans tous
les sens […] on se retrouve […] le bec dans l’eau et psychologiquement c’est…usant ».
L’IDE A nous révèle que pour elle, le manque de communication et la charge de travail peuvent
conduire à l’épuisement professionnel. « On se maltraite avant de maltraiter le patient ».
Tandis que pour l’IDE B, prendre en charge des patients de plus en plus demandeurs et
travailler auprès de collègues épuisés se répercute sur son propre bien-être et peut conduire
à l’épuisement professionnel. On s’aperçoit également qu’il y a une tendance commune à
remettre en cause l’organisation du travail, favorisée par une organisation médicale jugée
perturbante par les deux soignants.
L’analyse tend également à nous montrer des signes de dépersonnalisation qui se manifeste
chez les deux professionnels par un dépassement des limites : « on tire la corde, faut pas
qu’elle lâche ». Au vu de la baisse de l’accomplissement personnel, l’IDE A met en lien une
continuité des soins altérée dû aux problèmes d’organisation.
21
Selon eux, l’expérience professionnelle leur permet d’avoir du recul et une pensée réflexive
sur leurs pratiques, et sur les situations jugées comme difficiles. L’IDE A nous dit qu’ « avec
l'expérience tu verras que t'arriveras à te détacher ». Cela s’apparente à des précautions de
l’épuisement professionnel. Ils nous font part d’autres mesures personnelles comme la
barrière entre vie privée et vie professionnelle, pratiquer des activités extérieures, ainsi que de
s’investir dans un seul champ professionnel  encadrement, syndicat  pour éviter d’être
submerger.
La cohésion d’équipe est pour l’IDE A, primordiale pour lutter contre l’épuisement
professionnel. Elle propose des sorties entre collègues, des activités sportives pour maintenir
l’entente et souder l’équipe.
Parallèlement, au vu des déterminants sociaux et le fait que l’IDE A soit à 75% et l’IDE B en
temps plein partagé 25% dans un service, et 75% dans un autre ; nous émettons l’hypothèse
que la quotité de travail influe sur l’épuisement professionnel.
Conséquences de l’épuisement professionnel
Selon la psychologue Française Armelle Gautier, les principales manifestations de
l’épuisement professionnel peuvent se résumer en six grandes familles. [13]
En premier lieu, les personnes épuisées présentent une fatigue intense décrite comme jamais
éprouvée jusqu’à lors. La plupart du temps ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. En effet,
ceux qui sont le plus susceptible de souffrir de l’épuisement professionnel sont des personnes
extrêmement actives, très impliquées au travail, qui sont souvent en suractivité. L’épisode de
l’épuisement professionnel est fréquemment vécu comme une rupture brutale dans leur
évolution de carrière et dans leur rapport au travail. Celle-ci pouvant parfois être traduite dans
le corps par un évanouissement ou un malaise vagal sur le lieu de travail, voir par des
accidents.
En deuxième lieu, nous retrouvons un isolement vis-à-vis des autres. Les personnes souffrant
d’épuisement professionnel sont dépassés dans leur environnement de travail. Ils ont la
sensation que personne ne peut comprendre ce qu’ils ressentent. Une incompréhension qui
les pousse à l’isolement et renforce leur sentiment de solitude. Parfois la personne se met
aussi à l’écart de sa famille avec qui elle ne parvient plus à entretenir de relation détendue et
apaisée.
Ensuite, le corps réagit, d’ailleurs celui-ci craque généralement en premier. Avant la rupture, il
donne souvent des signes d’alerte. Il est fréquemment observé des problèmes gastriques
comme des crampes d’estomac ou des remontées acides. Des troubles du sommeil et, dans
certains cas, de troubles alimentaires peuvent également être présent. Les défenses
immunitaires s’affaiblissent et les épisodes inflammatoires se multiplient tout comme des
22
tensions musculaires peuvent apparaître. Par ailleurs, certains décrivent des problèmes
dermatologiques liés à un grand état de stress comme des poussées de psoriasis ou
d’eczéma.
Le cynisme est également souligné chez les personnes souffrant d’épuisement professionnel.
Ainsi, un professionnel de soins ne se souciera plus de ses patients ou encore un enseignant
se désintéressera de ses élèves. Une personne qui souffre se désintéresse de son
environnement et de ses activités habituelles. Elle ressent un sentiment d’échec, adopte une
attitude distante et voit les choses du côté négatif.
De plus, des troubles des facultés cognitives sont perçus. En effet, le surinvestissement
professionnel conduit à une altération du fonctionnement du cerveau. En état de surchauffe, il
finit par montrer des signes de faiblesse. L’épuisement professionnel s’accompagne
systématiquement de troubles de la concentration et ou de pertes de mémoire. Les personnes
touchées peuvent éprouvent des difficultés à fixer leur attention, à lire, à écrire. Cependant,
les activités manuelles sont moins affectées et offrent la possibilité de conserver le sentiment
de pouvoir agir sur les choses.
Enfin, nous retrouvons une baisse de l’estime de soi. L’épuisement professionnel se manifeste
aussi par le sentiment de n’avoir aucune valeur. Les personnes souffrantes ont la sensation
d’avoir échoué dans ce qui leur tenait le plus à cœur et d’être totalement inutiles. Leur
sentiment de culpabilité est d’autant plus fort que la rupture est brutale entre l’état antérieur
d’épanouissement au travail et l’état actuel de fatigue et d’impuissance. Enfin, les personnes
sont émotionnellement vidées. Elles ne ressentent plus rien. Elles sont comme anesthésiées,
incapables d'éprouver aussi bien de la joie que de la douleur. Elles agissent comme des
robots, effectuant les actes mécaniquement et ne se sentant plus concernées par rien.
Qualité, sécurité et prise en soins
Qualité des soins
Selon l’OMS, « La qualité des soins doit permettre de garantir à chaque patient un ensemble
d'actes diagnostiques et thérapeutiques qui lui assurera le meilleur résultat en termes de
santé, conformément à l'état actuel de la science médicale, au meilleur coût, au moindre risque
iatrogène, et pour sa plus grande satisfaction en termes de procédure, de résultat et de
contacts humains à l'intérieur du système de soins ». [14]
Le Conseil International des Infirmières définit quant à lui « la qualité des soins infirmiers est
le degré de conformité des soins donnés par le personnel infirmier, à des normes fixées
d'avance. La norme correspond au niveau à atteindre. Elle est fixée en fonction de ce qui est
souhaitable pour le client et l'avancée des connaissances ». [15]
23
La qualité des soins est une obligation légale depuis la loi de 1991, l’ordonnance du 24 avril
1996 a décliné les moyens à mettre en œuvre notamment les systèmes d’accréditation des
hôpitaux afin d’assurer une prise en charge de qualité et de sécurité dans la prise en charge
des patients.
Cependant la qualité des soins peut-elle se limiter à une qualité technique ? Les
caractéristiques relationnelles du soignant ne sont-elles pas un gage de qualité des soins en
tant que recherche des besoins et du consentement du patient dans un contexte de soins ?
Selon Mordacq [16], « la qualité des soins c'est l'ensemble des éléments caractérisant des
soins qui satisfassent les besoins des utilisateurs. Cette définition indique trois opérations à
accomplir :

délimiter de quoi il s'agit quand on parle de soins infirmiers ;

rechercher quels sont les besoins des utilisateurs ;

caractériser les éléments des soins ». [17]
Définition sécurité des soins :
Dans un document de la Haute Autorité de Santé, une définition de la sécurité des soins est
proposée par la société européenne pour la qualité des soins  European Society for Quality
in Health Care : « la culture de sécurité désigne un ensemble cohérent et intégré de
comportements individuels et organisationnels, fondé sur des croyances et des valeurs
partagées, qui cherche continuellement à réduire les dommages aux patients, lesquels
peuvent être liés aux soins. ». Par « ensemble cohérent et intégré de comportements », cela
fait référence à des façons d’agir, des pratiques communes, mais aussi à des façons de
ressentir et de pensées partagées en matière de sécurité des soins. [18]
Au vue de nos recherches on voit qu’il n’existe pas de définition sur la prise en soins des
patients mais plutôt sur la prise en charge globale. C’est pourquoi après exploration des deux
définitions précédentes, nous avons construit notre propre interprétation de la prise en soins.
Pour nous, c’est accompagner un patient au cours de son hospitalisation en tenant compte de
ses ressources et de ses limites. Le soignant est garant de sa sécurité et de la qualité des
soins qui lui sont prodigués. C’est également respecter la volonté du patient en gardant à
l’esprit l’équité et la singularité de la personne soignée.
Suite à l’étude de nos entretiens on perçoit que les infirmiers interrogés veillent eux aussi à
sécurité et la qualité dans leur prise en soins. En effet, tous deux pensent que l’organisation
médicale accompagnée d’une sollicitation permanente nuit à la qualité des soins : « On est
très impacté par une organisation médicale qui nous déstabilise dans la prise en charge de
nos patients » ainsi que « le manque d’écoute ou du moins le manque de compréhension de
24
l’encadrement […] médical » sont des freins à une prise en soins efficiente. L’IDE A ajoute que
« si vous parlez pas, c’est foutu quoi. Si chacun bosse dans son coin, ne se dit pas, on ne peut
pas y arriver ». Pour l’IDE A, la communication est un des aspects indispensables pour une
bonne prise en soins des patients. Tandis que pour l’IDE B, la charge de travail va impacter
sur la prise en charge des patients : « ce qui va conditionner la journée quand on arrive comme
aujourd’hui où c’est calme, où on a 30 dossiers c’est bien, quand on arrive à 13h30 et qu’on
en a 45, on sait qu’on va passer un après-midi pourrie ». Ils sont aussi en accord vis-à-vis de
la connaissance de leurs limites ce qu’ils considèrent comme un atout au sein de leur pratique.
Pour l’IDE A, une observation bienveillante envers ses collègues favorise une délégation des
soins qui permet d’éviter des situations de maltraitance envers le patient : « Je trouve qu'on
est très vigilante sur l'épuisement de nos collègues entre nous. C‘est-à-dire qu’on voit s’il y en
a une, on l’a sent qui commence à, on lui dit. T’as vu, t’es pas bien, prend soin de toi. » ; « on
sait passer la main c'est à dire que on a la chance d'être une équipe où on est pas toutes
seules ». De plus, l’IDE A considère que la confiance entre collègues est nécessaire pour
assurer une bonne continuité des soins. Ces propos sont étayés par ceux de l’IDE B qui
explique la complexité à travailler avec des collègues en difficulté : « Travailler avec certains
collègues qui sont au bout du rouleau c’est compliqué… parce que même si on comprend tout
a fait qu’il soit au bout du rouleau ben…on ne partage pas forcément la point de vue sur
certaines choses et on sait qu’ils vont totalement se désintéresser de certaines choses ».
Cette recherche de continuité des soins, et de prise en charge optimale relève du concept de
bientraitance. Celui-ci est définit par l’HAS comme « une démarche globale dans la prise en
charge du patient, de l’usager et de l’accueil de l’entourage visant à promouvoir le respect des
droits et libertés du patient, de l’usager, son écoute et ses besoins, tout en prévenant la
maltraitance. Cette démarche globale met en exergue le rôle et les interactions entre différents
acteurs que sont le professionnel, l’institution, l’entourage et le patient, l’usager. Elle nécessite
un questionnement tant individuel que collectif de la part des acteurs. » [19]
Juvénal a dit : « Un esprit sain dans un corps sain »Cette citation illustre la pensée de l’IDE A.
En effet, le prendre soin de Soi est un élément indispensable selon elle pour assurer des soins
de qualité.
Prise en soins
Il n’existe pas de définition à proprement dit prendre en soins. Nos recherches nous amène
de manière systématique à la définition de prendre en charge. Or nous pensons que prendre
en charge un patient pourrait avoir une connotation négative en considérant le patient comme
étant une charge ce qui ne correspond pas à nos valeurs. C’est pour cette raison que nous
25
parlons de l’impact sur la prise en soins du patient et non sur la prise en charge bien que la
prise en charge englobe la totalité du parcours du patient tant dans le soin que dans son
parcours de soin interdisciplinaire.
Un concept né aux Etats-Unis s’approche étroitement de ce que nous considérons comme la
prise en soins qui est le « CARE : prendre soin de… », valeur essentielle de tous les
professionnels de santé. Le « Prendre Soin », est à la base des pratiques soignantes, et habite
pleinement tout soignant et acteur de santé. Ce concept parvient en France au début des
années 2000 dans le milieu universitaire, puis en 2010 dans l’espace public, lorsque Martine
Aubry fait référence au concept de Care dans le cadre de son projet de « société du soin
mutuel ». [20] [21]
En pratique, le Care peut se décrire comme un travail de réponse aux nombreux besoins des
personnes vulnérables. Sa complexité a été décrite par la philosophe politique Joan Tronto en
1993, qui isole quatre phases entrelacées :

la première phase consiste à reconnaitre qu’un besoin est là, ce qui mobilise l’attention
 to care about  et la sollicitude, l’empathie  to care for  vis-à-vis de la personne
vulnérable ;

la deuxième phase consiste à décider de répondre au besoin décelé et à organiser la
réponse  to care of, ce qui mobilise le sens de la responsabilité vis-à-vis de la
personne vulnérable ;

la troisième phase consiste à prendre soin  to give care  de la personne vulnérable
par un travail concret auprès d’elle, ce qui mobilise les compétences ;

la quatrième phase consiste à vérifier auprès de la personne vulnérable que son besoin
a bien été identifié et que la réponse a été bien organisée puis réalisée  to receive
care, ce qui mobilise à nouveau attention, empathie et sollicitude.
Ces différentes étapes engendrent des difficultés dans la traduction de ce terme. Le care
associe toujours :

une mobilisation cognitive, que l’on peut traduire par l’attention envers autrui,

des attitudes plus affectives, que l’on peut traduire par le souci, la sollicitude et
l’empathie vis-à-vis d’autrui,

et un travail, que l’on peut traduire par le soin ou par le prendre soin, mais qui comprend
aussi de l’aide et de l’accompagnement d’autrui. [20]
26
Cadre législatif  droit  éthique
Au regard de la situation d’appel décrite nous nous confrontons à la législation. En effet « l’AS
enlève de force les vêtements de Madame B sans lui expliquer la situation » fait appel aux
droit et devoir du patient ainsi qu’aux droits et devoirs de l’IDE. De plus, l’épuisement
professionnel peut mener à des situations de maltraitance envers le patient. Nous nous
sommes donc penchés sur les droits et devoir du patient et ceux de l’IDE.
Droits et devoirs du patient :
Les droits du patient ont évolué de la charte du malade hospitalisé à a charte du patient
hospitalisé du 2 mars 2006. En 1974, la charte du malade hospitalisé parut dans la circulaire
du 20 décembre 1974 avait pour objectif de proclamer les droits et devoirs des malades et de
permettre leur information. Il faudra attendre l’Ordonnance Juppé n° 96-346 du 24 avril 1996
portant réforme de l’hospitalisation publique et privée pour qu’une nouvelle charte du patient
hospitalisé voie le jour. Le droit des malades constitue le titre 1er de cette ordonnance qui
définit « la qualité de la prise en charge des patients est objectif essentiel pour tout
établissement de santé. » [22]
En 1997 la cour de cassation dans son arrêt Hédreul, du 25 février 1997 instaure qu’en matière
d’information médicale pour la médecine de ville les professionnels doivent prouver qu’ils ont
rempli leur obligation de donner l’information portant sur l’état du patient, son évolution
prévisible, la nature et les conséquences de la thérapeutique proposée, les alternatives
thérapeutiques. Ainsi, pour donner son consentement « éclairé » à l’intervention proposée, le
patient doit avoir reçu une information « simple, intelligible et loyale », lui permettant de
« comparer les avantages et risques encourus ». [23]
Enfin, La charte du patient hospitalisé du 2 mars 2006 faisant suite à la Loi du 4 mars 2002
relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, paru au Journal Officiel
du 5 mars 2002, a pour objectif de faire connaître aux personnes malades, accueillies dans
les établissements de santé, leurs droits essentiels tels qu’ils sont affirmés par les lois. Ainsi
un acte médical ne peut être pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du patient. [24]
Droits et devoirs de l’IDE :
Les IDE sont réglementés dans leur profession. En effet ils doivent respecter des droits et des
devoirs : c’est le décret n°2004-802 du 29 juillet 2004 qui régit la profession IDE. Ce décret est
composé de plusieurs articles qui définissent la profession du point de vue du secret
professionnel, des actes infirmiers, des actes sur prescription, etc. Voici quelques articles
comme exemple :
27
« L’Article R. 4311-1 : L'exercice de la profession d'infirmier ou d'infirmière comporte l'analyse,
l'organisation, la réalisation de soins infirmiers et leur évaluation, la contribution au recueil de
données cliniques et épidémiologiques et la participation à des actions de prévention, de
dépistage, de formation et d'éducation à la santé. Dans l'ensemble de ces activités, les
infirmiers et infirmières sont soumis au respect des règles professionnelles et notamment du
secret professionnel. Ils exercent leur activité en relation avec les autres professionnels du
secteur de la santé, du secteur social et médico-social et du secteur éducatif. »
De plus le code de la santé public dicte dans l’Article R4127-36
Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les cas.
Lorsque le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse les investigations ou les traitements
proposés, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses
conséquences. Si le malade est hors d'état d'exprimer sa volonté, le médecin ne peut intervenir
sans que ses proches aient été prévenus et informés, sauf urgence ou impossibilité. Les
obligations du médecin à l'égard du patient lorsque celui-ci est un mineur ou un majeur protégé
sont définies à l'article R. 4127-42.
CONCLUSION
29
Lorsque nous avons commencé notre travail, nous avions tous une idée plus ou moins
différente de ce qu’est réellement l’épuisement professionnel. Puis à force de recherche et de
nos entretiens la définition s’est éclaircie de jour en jour. Maintenant nous savons que
l’épuisement professionnel est étroitement lié à notre propre gestion des émotions.
Mais l’épuisement n’est pas seulement lié à une gestion non optimale de nos émotions.
Ce sont nombreux facteurs comme la fatigue, le manque d’expérience, la pression médicale
peuvent à terme être usant. En effet, il nous est apparu, surtout au cours de nos entretiens
auprès des infirmiers, que l’expérience favorise une meilleure gestion de son travail en
général. Développer des compétences et des savoirs est une aide au quotidien ce qui améliore
la gestion des émotions et à relativiser vis-à-vis de certaines situations. Apprendre à s’écouter,
se dépenser, se divertir par d’autres biais en dehors du travail sont des facteurs protecteurs à
l’épuisement.
Il est évident que les personnes qui souffrent d’épuisement n’en sont pas consciente,
tant que quelqu’un ne vient pas tirer la sonnette d’alarme. Un mur vient se construire autour
de la personne et devient un rempart à tout sentiment qui pourrait aider à la prise de
conscience. La personne est rapidement prise dans un tourbillon infernal et ne demande pas
de soutien même si elle est dépassée. Il nous a paru essentiel de s’informer sur ce sujet afin
de le prévenir au maximum dans l’exercice de notre futur métier.
Le travail d’infirmier est gratifiant mais comprend des contraintes que ce soit en termes
d’horaire, d’attentes ou d’organisation. Etre infirmier est synonyme de responsabilités. Nous
nous devons d’être efficient et efficace dès notre prise de poste. La pression est présente dès
le commencement, la peur de l’erreur ainsi que du jugement sont continuellement présents
durant notre pratique. Est-ce que la peur du jugement et de la pression sociale peut conduire
à une mauvaise gestion de son travail ? L’expérience a un rôle prépondérant. En connaissant
nos limites et notre travail, les exigences que nous nous imposons deviennent fluides et
aidantes. Se connaitre Soi est un réel bénéfice et rester humble est indispensable. Demander
de l’aide ou poser des questions sont parfois nécessaires et mette à l’abri de possible erreur
et d’un possible épuisement.
Au cours de notre écrit, l’analyse de nos entretiens nous a conduit à identifier que la
communication a une place décisive dans notre activité. Elle peut être un frein si elle est
absente comme être un véritable tremplin et favoriser une ambiance paisible et la cohésion
d’équipe au travail.
Pour conclure cela nous a amené à formuler la problématique suivante :
Quels sont les facteurs d’un manque communication dans les équipes soignantes ?
BIBLIOGRAPHIE
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[12]
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12 avril 2016
[13] Burn-out : 6 signes qui doivent alerter. http://www.rtl.fr/culture/lifestyle/burn-out-6-signesqui-doivent-alerter-7777371586. [en ligne] Consulté le 25 avril 2016
[14] Actualité et dossier en santé publique. n°35. juin 2001. p23-28
[15] Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF),
2015 ; la qualité des soins et la sécurité des patients : une priorité mondiale.
[16] Les cahiers de l'AMIEC. La qualité des soins infirmiers est-elle maîtrisable ? C. Mordacq.
n° 9. 1995
[17] Les concepts en sciences infirmières. Concept Qualité des Soins. Monique Formarier,
Ljiljana Jovic. 2012. ARSI 2e édition. p. 257
[18] HAS 2011 La culture de sécurité des soins : du concept à la pratique. Rapport.
[19]
Le
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la
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http://www.has-
sante.fr/portail/jcms/c_1313787/fr/bientraitance. [en ligne] Consulté le 18 avril 2016
[20] Agir pour le care. Q’est-ce que la care ? http://www.agirpourlecare.com/2015/01/22/162
[en ligne] Consulté le 09 mai 2016
[21] Le Monde. Martine Aubry : « Le care c’est une société d’émancipation »
http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/12/16/martine-aubry-le-care-c-est-une-societe-demancipation_1367954_823448. [en ligne] Consulté le 2 mai 2016
[22]
Legifrance.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000742206&categorie
Lien=id [en ligne] consulté le 25 avril 2016
[23] Legifrance. Cour de Cassation, Chambre civile 1, du 25 février 1997, 94-19.685, Publié
au bulletin https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000007037245
(site légifrance) [en ligne] Consulté le 11 avril 2016
[24]
Santé.gouv
charte
du
patient
hospitalisé
sante.gouv.fr/IMG/pdf/charte_a4_couleur.pdf [en ligne] Consulté le 11 avril 2016
http://social-
ANNEXES
ANNEXE 1
Trame entretien
Cursus professionnel
1.
2.
3.
4.
Depuis quand êtes-vous diplômé(e) ?
Depuis quand exercez-vous dans le service ?
Dans quels autres services avez-vous exercez ?
Quel âge avez-vous ?
Relation soignant/soigné
1. Pouvez-vous nous dire en une phrase comment concevez-vous la relation
soignant/soigné ?
2. Quel est votre avis sur le fait de rester longtemps en poste dans un même service ?
Pourquoi ?
Gestion des émotions
1. Quelle place donnez-vous à vos émotions au travail ? pourquoi ?
2. Etes-vous conscient vos limites ? si oui, êtes-vous capable de déléguer dans ce caslà ?
3. Pensez à une situation qui vous a le plus bouleversé au cours de votre carrière.
Pouvez-vous nous dire quel a été votre ressenti ? avez-vous accepté ou réprimé ces
émotions ? pourquoi ?
4. Avez-vous pu échanger avec un ou une collègue de vos émotions ressenties ?
5. Pensez-vous que les états d’âmes, quels qu’ils soient, influe la prise en soin des
patients ?
Epuisement professionnel
1. Qu’est-ce que pour vous l’épuisement professionnel ? quelles en sont vos
représentations ?
2. Y avez-vous déjà été confronté ?
3. Pour vous quels sont les facteurs favorisants du développement d’un épuisement
professionnel ?
4. (Fictif) Votre établissement veut mettre en place un dispositif préventif de l’épuisement
professionnel. Quels seraient vos propositions ?
ANNEXE 2
ANNEXE 3 : Plan santé au travail 2016 2020
Résumé et abstract
L’épuisement professionnel des IDE à l’hôpital
De nos jours, de plus en plus de soignants souffrent au travail. En effet, le syndrome de
l’épuisement professionnel est une réalité à l’hôpital. Nos recherches nous ont menées à la
question suivante : En quoi l’épuisement professionnel des infirmiers diplômés d’état influe-til sur la prise en soin des patients ? Pour approfondir cette question, nous avons menés deux
entretiens avec deux infirmiers travaillants dans des services différents. Ces interviews,
composés de questions ouvertes, nous ont montré la difficulté pour les infirmiers de réellement
définir l’épuisement professionnel. De plus, chacun des deux infirmiers mettent en place des
mécanismes individuels et collectifs pour éviter l’apparition de cet épuisement. De notre
analyse se dégage également l’importance donné par les infirmiers du prendre soin de Soi
pour mieux prendre en soins le patient. Pour conclure, l’épuisement professionnel des IDE est
un syndrome aux multiples facettes, autant dans la complexité du métier, que de celui qui
l’exerce, ou encore dans l’organisation du travail.
Mots-clés : Emotions ; gestions des émotions ; épuisement professionnel ; qualité des soins.
Nurses’s burn-out syndrom at hospital.
Nowadays, there are more and more caregivers who suffering at work. Indeed, the burn-out
syndrom is a reality at hospital. Our researchs led us to the following question : To what extent
does burn-out syndrome of nurses has an effect on management care ? In order to carry out
this study, we led interviews with two nurses who works in two differents wards. Thoses
interviews, which were composed of opened questions, shows us the trouble of actually
defining the burn-out syndrome. Besides, both nurses set up some individual and collective
mechanisms to prevent the burn-out syndrome. The results also shows the importance of
taking care of yourself to take better care of the patient. In conclusion, the burn-out syndrome
is a syndrome with many facets. It depends as much on the profession that those who works
or the wor organization
Keywords : Emotions, emotions management, burn-out, quality of care
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