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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.9-n°4-octobre-novembre-décembre 2009
Les biphosphonates sont des molécules indiquées
dans les traitements de l’ostéoporose et des méta-
stases osseuses (MO) secondaires à des cancers
tels que celui du sein, de la prostate, du poumon ou à
un myélome multiple.
Ils ciblent les mécanismes physiopathologiques des
MO ainsi que les complications associées, telles la dou-
leur, les fractures pathologiques, la compression médul-
laire, l’hypercalcémie.
Ils sont souvent utilisés en tant que traitement de pré-
dilection pour l’hypercalcémie (HCM) paranéoplasique
(tumorale) en inhibant la résorption osseuse patholo-
gique, de par leur régulation de l’activité des ostéoclastes.
L’HCM est une augmentation du taux de calcium cau-
sée par la destruction osseuse.
L’introduction de traitement par biphosphonates
réduit la destruction et la résorption osseuse ; c’est le cas
pour le taux de calcium, qui dans 70-90 % revient vers
la normale.
Les biphosphonates peuvent être associés à un trai-
tement d’hormonothérapie ou à une chimiothérapie.
Que sont les biphosphonates ?
Ce sont des analogues artificiels de la molécule de
pyrophosphate, substance trouvée naturellement dans
l’os, qui inhibe le dépôt de minéraux.
Leur action est de stimuler.
Physiologiquement le remodelage osseux est
constant et assure la solidité et l’intégrité structurale de
l’os, ainsi que la régulation calcique.
Il résulte de l’équilibre entre la résorption et la for-
mation osseuse produit par les ostéoclastes (résorption)
et les ostéoblastes (formation).
Lors de maladie cancéreuse, les ostéoclastes sont
influencés par des facteurs sécrétés par des cellules néo-
plasiques telles que les cytokines, les prostaglandines,
etc.
La formation osseuse est produite par les ostéo-
blastes, activés par le facteur (OBGF).
Ces cellules proviennent de cellules mésenchyma-
teuses et s’apparentent aux fibroblastes.
Elles fabriquent du collagène, de l’ostéocalcine ainsi
que d’autres protéines de la matrice osseuse et contri-
buent à la minéralisation de l’os.
Les biphosphonates sont porteurs d’une liaison stable
phosphore-carbone-phosphore (PCP) qui se lie à la
matrice osseuse, cela notamment aux sites actifs du
remodelage osseux.
Sous leurs effets, les ostéoclastes absorbent l’os
chargé en biphosphonate au cours de l’endocytose
(pénétration cellulaire de larges molécules ou particules
par des régions localisées de la membrane plasmatique
ou de la paroi cellulaire) pendant que les ostéoblastes
fabriquent de l’os nouveau.
Les fortes concentrations de biphosphonates dans
les ostéoclastes perturbent leur capacité de résorption
et leur nombre.
Ce faisant, ils ralentissent la progression de la méta-
stase osseuse (MO).
Les biphosphonates sont considérés comme le trai-
tement standard des MO.
Il faut retenir que :
L’adulte renouvelle environ 10 % de son squelette
en un an, lors du processus normal de remodelage
osseux.
Les ostéoclastes, sous l’effet des tumeurs induisent
une destruction osseuse.
Les biphosphonates
Nicole Rama
IDE coordinatrice, Service d’oncologie, Toulouse
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Lors de MO, le renouvellement osseux est perturbé
et entraîne une activité accrue des ostéoclastes.
En inhibant l’activité des ostéoclastes, les biphos-
phonates réduisent la destruction osseuse excessive
induite par la tumeur caractéristique de la métastase
osseuse.
Des données précliniques suggèrent que les biphos-
phonates, en plus de leur action directe sur les ostéo-
clastes, sont capables d’induire une apoptose (mort cel-
lulaire programmée) des ostéoclastes et de diminuer
l’adhérence des cellules tumorales à l’os (Neville-Webbe
et al., 2002 ; van der Pluijm et al., 1996).
Par conséquent, les bénéfices cliniques d’un traite-
ment par biphosphonates incluent une réduction de l’in-
cidence des fractures pathologiques et le soulagement
de la douleur osseuse (Coleman, 2001) et contribuent à
l’amélioration de la qualité de vie.
Ainsi ils peuvent limiter le recours à la radiothérapie
palliative.
En Europe, quatre biphosphonates sont principale-
ment utilisés pour traiter les métastases osseuses : Le
clodronate, l’ibandronate, le pamidronate, et l’acide zolé-
dronique.
Les formes orales
Clodronate
• Clastoban®, Lytos®. Voie orale.
• Prescrit à la dose de 1 600 mg/jour réparti en
2 prises pour améliorer la tolérance gastro-intestinale
(peut être augmentée jusqu’à 3 200 mg maximum).
• Il est à administrer avec un grand verre d’eau, et au
moins 2 heures avant ou après le repas (Bonefos®PI).
• Les capsules peuvent être ouvertes et mélangées
à un peu d’eau, le contenu de celle-ci est acide et sus-
ceptible de causer une œsophagite.
Ibandronate
• Voie orale, comprimés pelliculés d’ibandronate 50 mg.
• Doivent être avalés en entier avec un grand verre
d’eau plate uniquement (180 à 240 mL). Les autres eaux
risquent de présenter une forte concentration de calcium.
• Risque potentiel d’ulcère de l’oropharynx si les
comprimés sont sucés ou croqués.
Après une nuit de jeûne (au moins 6 heures) et avant
la première ingestion de nourriture ou de boisson de la jour-
née.
• Le patient doit être en position debout ou assis bien
droit et ne doit pas s’allonger pendant 1 heure après la
prise du comprimé.
• Rester à jeun pendant au moins 30 minutes après
la prise du comprimé (possibilité de boire de l’eau à tout
moment).
• Les produits et suppléments médicaux (y compris
le calcium) doivent être évités avant la prise du com-
primé.
Les formes injectables
• Elles sont administrées toutes les 3 à 4 semaines et
peuvent être perfusées sur une voie veineuse périphé-
rique de bonne perméabilité ou une voie veineuse cen-
trale (VVC).
• Attention de ne pas les reconstituer dans un soluté
à base de calcium.
• Penser à vérifier l’état d’hydratation de la personne,
ses résultats biologiques et la tolérance de la cure pré-
cédente.
• Respecter le temps de passage du produit.
Pamidronate
• Aredia®PI (poudre 90 mg).
• Reconstituer avec les 10 mL d’eau stérile fournie.
Substance active Nom Administration
commercial
Étidronate ou acide Didronel®,
étidronique orale Osteodidronel®
Clodronate ou acide Bonefos®, orale ou
clodronique Clastoban®, Lytos®parentérale
Tiludronate ou acide Skelid®orale
tiludronique
Pamidronate ou acide Aredia®, Ostepam®, parentérale
pamidronique Pamidrin®,
Paminject®
Alendronate ou acide Fosamax®orale
alendronique
Risédronate ou acide Actonel®orale
risédronique
Ibandronate ou acide Bondronat®, orale ou
ibandronique Bonviva®parentérale
Zolédronate ou acide Zometa®, Aclasta®parentérale
zolédronique
Tableau des différents biphosphonates
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Diluer dans une solution de chlorure de sodium 0,9 %.
• Administrer en 2 heures minimum.
Ibandronate
• Bondronat®PI (6 mg dans un concentré de 6 mL).
• Prélever la dose prescrite et diluer dans 500 ml de
solution de NaCl 0,9 % ou G 5 %.
• Administrer immédiatement.
• S’assurer de la bonne hydratation du patient.
Acide zolédronique
• Zometa®PI (poudre 4 mg).
• Prélever la dose prescrite et diluer dans 100 mL de
solution de NaCl 0,9 % ou G 5 %.
• Supplémentation orale de 500 mg et 400 UI de
vitamine D.
• Vérifier bilan rénal.
• Vérifier si problème et soins dentaires.
• Les biphosphonates intraveineux peuvent entraî-
ner une réaction inflammatoire aiguë (APR ou Acute
Phase Reaction) pour un tiers des patients lors de la pre-
mière séance. (Body et al., 2001b)
• Elle peut se manifester par une hyperthermie, des
céphalées, un symptôme grippal, des troubles digestifs
de type nausées et anorexie.
• À savoir : à la première injection, les douleurs
osseuses ressenties peuvent être majorées.
• Ces symptômes durent généralement quelques
jours, d’où l’importance d’éduquer et d’informer le
patient sur ces réactions et la régression de ceux-ci lors
des traitements suivants.
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