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ESPACES PRÉHILBER TIENS RÉELS
1 Produit scalaire et norme
1.1 Produit scalaire
Définition 1.1
Soit Eun R-espace vectoriel. On appelle produit scalaire sur Etoute forme bilinéaire symétrique définie
positive i.e. toute application ϕ:E2Rvérifiant :
Bilinéaire x, y, z E,λ, µ R,ϕ(x, λy +µz) = λϕ(x, y) + µϕ(x, z)
ϕ(λx +µy, z) = λϕ(x, z) + µϕ(y, z);
Symétrique x, y E,ϕ(x, y) = ϕ(y, x);
Définie xE,ϕ(x, x) = 0x=0E;
Positive xE,ϕ(x, x)>0.
Notation 1.1
Le produit scalaire de deux éléments xet yde Ese note généralement (x|y),hx|yi,(x, y)ou encore hx, yi.
Remarque. Le produit scalaire en géométrie est bien un produit scalaire au sens de la définition précédente.
Méthode Montrer qu’une application est un produit scalaire
On procède généralement dans l’ordre suivant.
IOn vérifie que l’application est bien à valeurs dans R.
IOn montre la symétrie.
IOn montre la linéarité par rapport à la première variable ou la seconde variable. La linéarité par rapport
à l’autre variable découle de la symétrie.
IOn montre la positivité.
IOn finit par la « définition ».
Exemple 1.1
On appelle produit scalaire canonique sur Rnl’application
(Rn)2R
(x, y)7−
n
X
k=1
xkyk
x= (x1,...,xn)et y= (y1,...,yn).
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Exemple 1.2
L’application Mn,1(R)2R
(X, Y)7−tXY
est un produit scalaire.
Exemple 1.3
Soit [a, b]un segment de R. Notons Ele R-espace vectoriel C([a, b],R). L’application
E2R
(f, g)7−Zb
a
f(t)g(t)dt
est un produit scalaire.
Définition 1.2 Espace préhilbertien réel, espace euclidien
On appelle espace préhilbertien réel tout R-espace vectoriel muni d’un produit scalaire.
On appelle espace euclidien tout espace préhilbertien réel de dimension finie.
Définition 1.3
Soient Eun espace vectoriel préhilbertien réel. Soit (x, y)E2. On dit que xet ysont orthogonaux si
(x|y) = 0. Dans ce cas, on note xy.
Remarque. Le vecteur nul est orthogonal à tout vecteur.
1.2 Norme associée à un produit scalaire
Définition 1.4
Soit (.|.)un produit scalaire sur un R-espace vectoriel E. L’application
ER+
x7−p(x|x)
est appelée norme associée au produit scalaire (.|.).
Notation 1.2
Une norme associée à un produit scalaire se note usuellement k.k.
Définition 1.5
Soit xun vecteur d’un espace préhilbertien réel. On dit que xest unitaire si kxk=1.
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Proposition 1.1 Relations entre produit scalaire et norme
Soit Eun R-espace vectoriel muni d’un produit scalaire (.|.)et d’une norme associée k.k. On a les relations
suivantes :
Identités remarquables : kx+yk2=kxk2+2(x|y) + kyk2
kxyk2=kxk22(x|y) + kyk2
kxk2kyk2= (x+y|xy)
Identités de polarisation : (x|y) = 1
2kx+yk2kxk2kyk2=1
4kx+yk2kxyk2
Identité du parallélogramme : kx+yk2+kxyk2=2kxk2+kyk2
Remarque. Les identités de polarisation permettent donc de retrouver le produit scalaire à partir de la norme.
Remarque. Si xet ysont de même norme, alors x+yet xysont orthogonaux. Géométriquement, les
diagonales d’un losange sont perpendiculaires.
Proposition 1.2 Inégalité de Cauchy-Schwarz
Soit (.|.)un produit scalaire sur un R-espace vectoriel Eet k.ksa norme associée. Alors pour tous x, y E:
|(x|y)|6kxkkyk
avec égalité si et seulement si xet ysont colinéaires.
Remarque. Si l’on omet la valeur absolue, le cas d’égalité
(x|y) = kxkkyk
ne se produit que si xet ysont positivement colinéaires, autrement dit si et seulement si il existe λR+
tel que x=λy ou y=λx.
Si fet gsont deux fonctions continues sur [a, b]à valeurs réelles
Zb
a
f(t)g(t)dt
6ÇZb
a
f(t)2dtå
1
2ÇZb
a
g(t)2dtå
1
2
ou encore
ÇZb
a
f(t)g(t)dtå2
6ÇZb
a
f(t)2dtåÇZb
a
g(t)2å
Cauchy-Schwarz pour les intégrales
Si (x1, . . . , xn)et (y1,...,yn)sont deux n-uplets de Rn
n
X
k=1
xkyk
6 n
X
k=1
x2
k!
1
2 n
X
k=1
y2
k!
1
2
ou encore
n
X
k=1
xkyk!2
6 n
X
k=1
x2
k! n
X
k=1
y2
k!
Cauchy-Schwarz sur Rn
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Proposition 1.3 Propriétés de la norme euclidienne
Soit Eun R-espace vectoriel muni d’un produit scalaire (.|.)et d’une norme associée k.k.
Séparation xE,kxk=0x=0E;
Homogénéité (λ, x)R×E,kλxk=|λ|kxk;
Inégalité triangulaire (x, y)E2,kx+y|6kxk+kyk.
De manière générale, on appelle norme sur un R-espace vectoriel Etoute application N:ER+vérifiant
Séparation xE,N(x) = 0x=0E;
Homogénéité (λ, x)R×E,N(λx) = |λ|N(x);
Inégalité triangulaire (x, y)E2,N(x+y)6N(x) + N(y).
Norme
2 Familles orthogonales
2.1 Propriétés des familles orthogonales
Définition 2.1
Soit Eun espace préhilbertien réel. Soit (xi)iIEI.
(i) On dit que la famille (xi)iIest orthogonale si les vecteurs xisont orthogonaux deux à deux i.e.
(i, j)I2, i 6=j=(xi|xj) = 0
(ii) On dit que la famille est orthonormale ou orthonormée si elle est orthogonale et si les xisont unitaires
i.e.
(i, j)I2,(xi|xj) = δij
Exemple 2.1
La base canonique de Rnest orthonormale pour le produit scalaire canonique de Rn.
Proposition 2.1 Liberté des familles orthogonales
Toute famille orthogonale ne comportant pas le vecteur nul est libre. En particulier, toute famille orthonormale
est libre.
Proposition 2.2 Théorème de Pythagore
Soit (x1,...,xn)une famille orthogonale d’un espace préhilbertien réel E. Alors
n
X
k=1
xk
2
=
n
X
k=1
kxkk2
Remarque. C’est une généralisation du théorème de Pythagore que vous connaissez en deux dimensions.
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2.2 Bases orthonormales
Proposition 2.3 Coordonnées dans une base orthonormale
Soient (ei)iIune base orthonormale d’un espace préhilbertien Eet xE. Alors x=X
iI
(x|ei)ei.
Autrement dit les coordonnées de xdans la base (ei)iIsont (x|ei)iI.
Proposition 2.4 Expression du produit scalaire et de la norme dans une base orthonormale
Soit (ei)iIune base orthonormale d’un espace préhilbertien E. Soit (x, y)E2de coordonnées respectives
(xi)iIet (yi)iIdans la base (ei)iI. Alors
(x|y) = X
iI
xiyi=
n
X
iI
(x|ei)(y|ei)et kxk2=X
iI
x2
i=X
iI
(x|ei)2
Si on note Xet Yles matrices colonnes de deux vecteurs xet ydans une base orthonormée, alors (x|y) = tXY.
En effet, tXY est une matrice carrée de taille 1qu’on peut identifier à un réel.
Interprétation matricielle du produit scalaire
Proposition 2.5
Tout espace euclidien admet une base orthonormale.
Le résultat précédent peut être démontré grâce au procédé suivant qui permet de construire explicitement une
famille orthonormée à partir d’une famille libre.
Soit (e1,...,en)une famille libre d’un espace préhilbertien réel E. On cherche à construire une famille or-
thonormée (f1,...,fn)de Etelle que :
vect(e1,...,en) = vect(f1,...,fn)
On va raisonner par récurrence finie.
L’hypothèse de récurrence est la suivante :
HR(p): « il existe une famille orthonormée (f1,...,fp)telle que vect(e1,...,ep) =
vect(f1,...,fp). »
Initialisation L’initialisation est évidente, il suffit de normaliser e1i.e. de prendre f1=e1
ke1k.
Hérédité On suppose HR(p)pour 16p6n1. Le but est de construire fp+1. On cherche d’abord un
vecteur gorthogonal à f1, . . . , fpsous la forme
g=ep+1
p
X
k=1
λkfk
On a alors nécessairement λk= (fk|ep+1)pour 16k6p. Il suffit alors de normaliser gi.e. de prendre
fp+1=g
kgk. Par construction, fp+1est unitaire et orthogonal à tous les fiet vect(e1,...,ep+1) =
vect(f1, . . . , fp+1).
Astuce de calcul : par le théorème de Pythagore, kgk2=kep+1k2Pp
k=1λ2
k.
Conclusion Par récurrence finie, HR(n)est vraie.
Procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt
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