SU11248 (Sunitinib)
Le Sunitinib est un inhibiteur de tyrosine kinase (TK). C’est une
drogue administrée per-os avec des propriétés anti tumorales et anti-
angiogéniques en ciblant spécifiquement PDGFR, VEGFR, KIT
and FLT3 [55, 79]. Récemment les résultats de deux études de
phase 2 en seconde ligne thérapeutique ont été rapportés. Ces étu-
des incluaient 63 et 106 patients respectivement. Les principaux
effets indésirables étaient: fatigue (38%, 28%), diarrhée (24%,
20%), nausées (19%, 13%) et stomatite (19,14%). Des anomalies
biologiques de grade 3/4 comme neutropénie, anémie, thrombocy-
topénie et hyperlipasémie étaient observés dans 13 et 16%, 10 et
6%, 0 et 6% et 21 et17% dans les 2 essais respectivement. Les taux
de réponse mesurés par les critères RECIST n’avaient jamais été
observés auparavant en seconde ligne dans l’ère de l’immunothéra-
pie. Les taux de réponse objective étaient de 40 et 44% et les taux
de stabilisation de la maladie au delà de 3 mois étaient de 28 et 23%
respectivement. Au total 66% des patients étaient considérés
comme ayant un bénéfice clinique du traitement. Les temps médian
de progression étaient de 8.7 et 8.1 mois respectivement. La média-
ne de survie était de 16.4 mois dans le premier groupe alors qu’el-
le n’était pas atteinte dans le second protocole plus récemment
initié [50]. Une étude de phase III comparant Sunitinib versus Inter-
féron-αen première ligne a été récemment terminée. Les résultats
seront disponibles rapidement. Un nombre impressionnant d’études
cliniques également en situation métastatique en association avec le
Sunitinib sont soit planifiées soit déjà ouvertes; les molécules asso-
ciées sont: Gefitinib, Bevacizumab, Gemcitabine, Capecitabine,
Interféron.
BAY 43-9006 (Sorafenib)
Le Sorafenib est également un inhibiteur de tyrosine kinase. Une
efficacité a été prouvée dans des modèles animaux de xénogreffe
humaine. On pensait initialement que le Sorafenib était un inhibi-
teur de Raf-1 seronine/threonine kinase mais ultérieurement une
activité contre B-Raf et d’autres récepteurs tyrosine kinase a été
démontrée: VEGFR-2, PDGFR, FLT-3 et c-Kit [82, 83]. Après qu’il
ait été établi au cours d’essais de phase I que la dose bi-journalière
de 400 mg per os était la posologie recommandée [78], 2 études de
phase II ont montré une activité significative de BAY 43-9006 dans
le carcinome à cellules rénales. Parmi 397 patients ayant des
tumeurs solides réfractaires aux thérapeutiques usuelles inclus dans
un essai de phase II, on obtenait 42% de réponse objective et 50%
de stabilisation chez 89 patients avec des carcinomes à cellules
rénales métastatiques [62]. De la même façon dans un essai de
phase II incluant 41 patients porteurs d’un CCR, AHMAD rapportait
un taux de réponse objective de 40% et 30% de stabilisation [1]. Un
essai de phase III comparant Sorafenib et un placébo après échec
d’une première ligne thérapeutique a été récemment terminé chez
905 patients. Le recrutement s’est terminé en février 2005 et des
résultats préliminaires sont disponibles chez 769 patients [16]. Une
modification de dose a été nécessaire chez 25% des patients sous
Sorafenib dont 78% pour effet indésirable mais un arrêt du traite-
ment qui survenait dans 38% des cas était du à des effets indésira-
bles uniquement dans 9% des cas. Les effets indésirables les plus
fréquents étaient: rash cutané ou desquamation (31%), diarrhée
(30%), syndrôme pied-main (26%), fatigue (18%). Une hyperten-
sion (8%) ou une neuropathie(9%) étaient plus rarement notés.
Aucune toxicité significative hématologique ou biochimique n’était
relevée. Une réponse partielle était obtenue dans 2% des cas mais
une stabilisation était obtenue dans 78% des cas résultant en un
bénéfice clinique de 80%. Ceci se comparait à 0% de réponse et
55% de stablisation dans le groupe placébo. Le temps médian de
survie sans progression était de 24 semaines dans le bras Sorafenib
comparé à 12 semaines dans le bras placébo (p<0.000001). Les
résultats concernant la survie sont en attente. Un essai de première
ligne est maintenant en cours comparant BAY-9005 et Interféron
α2a.
CCI-779 (Temsirolimus)
Le CCI-779 est un inhibiteur spécifique de mTOR qui est une seri-
ne/threonine kinase jouant un rôle clé dans la régulation du cycle
cellulaire. mTor est un effecteur d’aval des voies phosphatidyl-
inositol-3-kinase (PI3K) et Akt [20]. PTEN est un gène supresseur
des tumeurs qui est fréquemment inactivé dans les CCR et qui
contrôle les activités Akt et mTor[14]. De manière intéressante l’ac-
tivation de mTor induit une élévation de HIF1-αparticulièrement
dans les tumeurs défectives en VHL [26]. Dans des études de phase
I, les effets indésirables les plus communs de CCI-779 étaient:
acnée, rashs cutanés, mucosite, stomatite, asthénie et nausées [63].
Récemment une étude de phase II incluant 111 patients avec CCR
métastatiques qui étaient en échec d’une première ligne de traite-
ment, Atkins et al. ont trouvé des réponse mineures et partielles
dans 7% et 26% des cas alors que le bénéfice clinique global était
de 51%. Le temps médian de progression était de 5.8 mois et la
durée de survie médiane était de 15 mois. 26% des patients étaient
vivants à 2 ans [3]. Dans une étude de phase I évaluant l’association
de Temsirolimus et d’Interféron-αchez 71 patients avec un CCR
avançé, la dose maximale tolérée était de 15 mg donnée 1 fois par
semaine et de 6MU d’ Interféron-αdonné 3 fois par semaine. Le
taux de réponse objective était de 11%, le taux de bénéfice clinique
global était de 41% et le temps médian avant progression était de
9.1 mois [72]. Finalement une étude de phase III a été initiée chez
les patients de mauvais pronostic comparant l’Interféron-αseul,
Temsirolimus seul et l’association des 2 drogues.
AG013736
L’AG013736 est un inhibiteur de tyrosine kinase qui cible VEGFR-
1, 2, 3, PDGFR-B et c-Kit. Dans une étude de phase I évaluant 36
patients dont 6 CCR les principales toxicités observées étaient:
hypertension (61%), fatigue (28%), nausées (19%), diarrhée (17%),
vomissements (14%), céphalées (14%), érythème (11%) et stomati-
te (11%)[66]. Dans un essai de phase II incluant 52 patients avec
CCR métastatique, une dose orale de 5 mg de AG013736 était don-
née de manière bi-quotidienne et continue jusqu’à progression ou
toxicité inacceptable. Tous les patients avaient reçu précédemment
une immunothérapie à base d’IL-2 ou d’Interféron. Des taux de
réponse partielle de 46% associés à un taux de stabilisation de 40%
résultait en un taux impressionnant de 86% de bénéfice clinique.
Les traitement étaient interrompus dans 54% des cas mais seule-
ment dans 12% des cas pour une toxicité [64]. Des images de per-
fusion dynamique étaient en faveur d’une efficacité liée à la réduc-
tion de la perfusion vasculaire de la tumeur [65]. Une étude de
seconde ligne en monothérapie avec AG013736 chez les patients
réfractaires au Sorafenib est prévue.
PERSPECTIVES : LE ROLE DE L’UROLOGUE DANS CETTE
NOUVELLE ERE THERAPEUTIQUE
Bien que les premiers résultats de thérapeutiques anti-angiogé-
niques soient très prometteurs dans le cancer du rein métastatique,
d’innombrables questions restent posées. La liste non exhaustive
comprend: l’impact de ces drogues sur la survie et sur la qualité de
P
. Fergelot et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 1020-1029
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