naux dans cette région. Bizarrement, les projections
cytoplasmiques des cellules folliculaires établissent des
contacts étroits avec les vaisseaux de l’hypophyse et cer-
tains suggéraient que ces cellules jouent un rôle dans le
maintien et la croissance du réseau vasculaire de l’hypo-
physe. Ferrara a d’abord établi des cultures de cellules
hypophysaires de boeuf et montré que le surnageant de
ces cultures a un fort pouvoir mitogénique sur les cellules
endothéliales. Au même moment, le basic fibroblast
growth factor (bFGF) était découvert et ses propriétés sur
le développement des cellules endothéliales mises en évi-
dence. Toutefois, le bFGF est une protéine très peu secré-
tée par les cellules, au contraire du peptide hypophysaire
mitogénique isolé par Ferrara. Celui-ci a donc émis l’hypo-
thèse que sa protéine de croissance était différente du
bFGF et il s’est donné les moyens de l’isoler et de la puri-
fier. En 1988, N. Ferrara rejoint une jeune société de bio-
technologie, Genentech, où il a pu développer son projet.
Dès 1989, il a identifié et isolé un nouveau facteur ayant
une activité mitogénique à partir des surnageants de co-
cultures de cellules endothéliales et de cellules folliculaires
d’hypophyse bovine. Le séquençage de cette protéine a
montré la présence d’un peptide signal de sécrétion précé-
dant la partie NH2-terminale, en faveur d’une sécrétion de
la protéine dans le milieu extracellulaire. Cette protéine
diffère du bFGF, facteur ne possédant pas de peptide signal
de sécrétion, et ne correspondait à aucune autre protéine
connue. Cette protéine a été dénommée vascular endothe-
lial growth factor (VEGF) car elle induit spécifiquement la
prolifération des cellules endothéliales vasculaires. Jean
Plouët, chercheur français en stage post-doctoral aux
États-Unis, isolait, pratiquement en même temps, la même
protéine.
Le VEGF, ce qu’on en sait aujourd’hui
Le génome humain code pour cinq protéines de la famille
des VEGF : VEGF-A, VEGF-B, VEGF-C, VEGF-D et le
PlGF (placental growth factor). Ces facteurs sont des gly-
coprotéines sécrétées dans le milieu extracellulaire et jouent
un rôle important dans l’angiogenèse, l’hématopoïèse et la
lymphangiogenèse. Le clonage du VEGF-A a permis
l’identification de trois isoformes générées par épissage
alternatif ; selon le nombre d’acides aminés présents,
ce sont le VEGF121, le VEGF165 et le VEGF189.
Le VEGF189 possède des domaines protéiques basiques
qui permettent sa liaison à l’héparine, il est de ce fait loca-
lisé à la surface cellulaire et dans la matrice extracellulaire,
régions riches en héparanes sulfates. Le VEGF189 est éga-
lement stocké puis libéré par la matrice extracellulaire sous
l’action de protéases comme la plasmine. Le VEGF165,
isoforme correspondant au VEGF natif, est essentiellement
présent sous forme soluble, il n’est que partiellement
séquestré dans la matrice extracellulaire car il possède une
faible affinité pour les héparanes sulfates. Quant au
VEGF121, qui ne possède pas de site de liaison à l’hépa-
rine, il diffuse librement. Le clonage du VPF par le groupe
de Connolly a permis l’identification d’un peptide iden-
tique au VEGF189. Le VEGF et le VPF sont donc la
même molécule. Ainsi, une même molécule, le VEGF/
VPF, produit d’un seul gène, possède une activité mitogé-
nique et induit la perméabilité vasculaire. L’action des
VEGF est médiée par trois récepteurs tyrosine kinase :
VEGFR1 ou flt-1,VEGFR2 ou KDRou flk-1 et VEGFR3ou
flt-4, localisés spécifiquement à la surface des cellules endo-
théliales. L’activation de ces récepteurs initie de multiples
voies de signalisation à l’origine de la stimulation de l’angio-
genèse. Le récepteur VEGFR3 est essentiellement impliqué
dans la croissance des vaisseaux lymphatiques.
L’importance du VEGF-A dans l’angiogenèse physiolo-
gique, au stade embryonnaire, a été démontrée par l’inacti-
vation du gène du VEGF-A par le groupe de Carmeliet. Que
ce soit par une inactivation homo ou hétérozygote,
l’absence de VEGF-A entraîne la mort des souris au stade
embryonnaire.
VEGF et antiangiogene
`se
Le VEGF-A joue également un rôle clé dans l’angiogenèse
pathologique. En effet, le taux local d’ARN messager du
VEGF-A est directement associé à la croissance vasculaire
des tumeurs. Le VEGF-A est également fortement exprimé
chez des patients atteints de rétinopathies diabétiques. Le
VEGF-A est donc un candidat potentiel majeur pour la
modulation de l’angiogenèse pour le traitement de diverses
pathologies humaines. Ainsi, l’administration d’anticorps
monoclonaux neutralisant le VEGF-A a permis de réduire
considérablement la croissance tumorale dans différents
modèles murins. Ces résultats ont conduit au développement
d’anticorps humanisés anti-VEGF-A, comme le bevaci-
zumab, puis de son variant le Fab ranibizumab, qui ont été
approuvés par les organismes de régulation des médicaments
pour le traitement de diverses pathologies cancéreuses chez
l’homme. Des études cliniques ont montré que l’utilisation
du bevacizumab améliore l’évolution de certaines tumeurs
(colorectales en particuliers) et également de leurs métasta-
ses. Dans un autre contexte, le blocage du VEGF-A par le
ranibizumab augmente l’acuité visuelle chez les patients
atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Deux inhibiteurs du récepteur au VEGF-A (sunitinib et
sorafenib) ont ensuite été approuvés pour le traitement de
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STV, vol. 21, n°9, novembre-de
´cembre 2009
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