Anthropologie légale
Ressource
Histoire
Satchwe est née à la fin du 18ème siècle en Afrique du sud sur les confins de la
Cafrerie, d’un père berger Bochiman et d'un mère Khoi-Khoi. Ses parents meurent
rapidement et elle se retrouve esclave avec ses frères et sœurs dans un kraal
(enclos à bétail) voisinant la ferme de son baas (patron) , l'Afrikaaner Peter Caesar
puis devient esclave de son frère Hendryck Caesar. Ce dernier, d'après l'idée de
son ami anglais Alexander Dunlop, l'emmène à Londres, en 1810 pour l’exhiber
comme phénomène de foire. Arrivée à Manchester, elle est rebaptisée Saartjie
(petite Sarah en Afrikaneer) Baartman le 1er Décembre 1811 avec l'autorisation
spéciale de l'évêque de Chester dans la paroisse de Christ-Church.
Le succès est au rendez-vous suite à une annonce publicitaire dans un journal
londonien qui promet une attraction exclusive : la "Vénus hottentote" : les foules se
pressent en masse pour admirer dix heures par jour cette « négresse fabuleuse »,
recouverte d'un justaucorps de toile de la même couleur que sa peau. Certains ne
se gênent pas pour pincer ou piquer les fesses proéminentes de la curiosité de
foire. Cette démonstration ira jusqu'en France, à Paris.
En mars 1815, le professeur de zoologie et administrateur du Muséum national
d'histoire naturelle de France, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, demande à pouvoir
examiner « les caractères distinctifs de cette race curieuse ». Après le public des
foires, c'est devant les yeux de scientifiques et de peintres qu'elle est exposée nue,
transformée en objet d'étude.
Georges Cuvier, zoologue et anatomiste comparatif, entreprend sa dissection, peu
après sa mort le 29 décembre 1815, au nom du progrès des connaissances
humaines. Il réalise un moulage complet du corps et prélève le squelette ainsi que
le cerveau et les organes génitaux qu'il place dans des bocaux de formol. Les
résultats de son examen sont dans les Mémoires du Muséum, Extrait
d'observations faites sur le cadavre d'une femme connue à Paris et à Londres sous
le nom de Vénus hottentote.
Le moulage de plâtre et le squelette sont exposés au musée de l'Homme à Paris
jusqu'en 1974.
En 1994, quelque temps après la fin de l'apartheid en Afrique du Sud, les Khoïkhoï
font appel à Nelson Mandela pour demander la restitution des restes de Saartjie
afin de pouvoir lui offrir une sépulture et lui rendre sa dignité.
Après un premier refus au nom du patrimoine inaliénable de l’État et de la science,
est votée en 2002 une loi spéciale pour sa restitution.
LIRE la loi : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?
cidTexte=JORFTEXT000000776900
Le 9 mai 2002, en présence du président Thabo Mbeki, de plusieurs ministres et
des chefs de la communauté Khoikhoï, la dépouille, après avoir été purifiée, fut
placée sur un lit d'herbes sèches auquel on mit le feu selon les rites de son peuple.
Mise en situation : enquête fictive
Le squelette de « la Vénus hottentot » a été conservé dans la réserve du Musée de
l'Homme. Cependant, dans la caisse concernant ses restes se trouvent deux
crânes. Lequel est le sien ?
A partir des gravures suivantes, identifier celui qui correspond à la Vénus afin de
pouvoir restituer la dépouille entière à la communauté Khoikhoï.
Direction de l’Enseignement, de la Pédagogie et des formations / MNHN 2012
http://plateforme-DEPF.mnhn.fr