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RÉSUMÉ
Le présent travail de recherche analyse l’acte d’achat et fait une brèche dans la relation
mystérieuse que nous développons avec les biens de consommation. En microéconomie et en
sociologie de la consommation, on considère que le consommateur fait des choix rationnels,
et ce à travers un processus d’achat (Langlois, 2002). Ce processus est divisé en cinq étapes :
la reconnaissance du problème, la recherche d’informations, l’évaluation des alternatives en
concurrence, le choix et l’analyse post-achat (Brée, 2004). Bien que l’étape du choix soit
certainement l’étape charnière du processus, car elle détermine le choix final menant à
l’achat, elle est souvent comprise comme l’aboutissement de calculs préalables et non
comme un moment régi par ses propres dynamiques. Le paradigme dominant en matière de
choix, la théorie du choix rationnel, avance que nous formulons nos choix en recourant à des
calculs d’utilité. Nous évaluons rationnellement les options afin d’optimiser notre situation en
sélectionnant le choix qui nous rapporte le plus en nous coûtant le moins (Abell, 1991). Par
contre, certains critiques de la théorie du choix rationnel allèguent que la multiplicité de choix
encouragée par notre société engendre un stress lors de l’achat qui embrouille le jugement
menant au choix. Cela invite à considérer la singularité du moment menant au choix. Que se
passe-t-il chez le consommateur lorsqu’il est mis en présence d’un objet?
En vérité, les disciplines qui s’intéressent au comportement du consommateur éludent la
présence de l’objet comme forme d’influence sur le jugement. Dans le cadre de cette
recherche, nous entendons par la mise en présence le moment où un individu est en présence
d’un objet spécifique ou d’une représentation d’un objet. Lorsque mis en présence de l’objet,
le consommateur fera un jugement qui sera potentiellement relatif aux sensations de beauté
(Hutcheson, 1991) et aux émotions provoquées par un objet spécifique. Ainsi, les sens
« externes » (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher) stimulent un sens « esthétique » : le
sens interne de la beauté (Hutcheson, 1991). De plus, il peut survenir, en consommation, lors
de la mise en présence que l’émotion prenne la forme d’un jugement (Nussbaum, 2001). On
définit les émotions comme un état affectif situationnel dirigé vers une chose (Desmet, 2002).