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Introduction
La spondylarthrite ankylosante (SA) est l’un des rhumatismes inflammatoires les plus
fréquents. Sa fréquence est estimée à 0,2 à 1,2 % dans les populations européennes
caucasiennes1. Elle résulte de facteurs de susceptibilité génétique, notamment l’antigène HLA
B27, agissant de concert avec des facteurs environnementaux. La SA fait partie du groupe
des spondylarthropathies (SpA) qui englobent également les arthrites réactionnelles, maladies
intestinales inflammatoires chroniques, rhumatisme psoriasique et les SpA indifférenciées.
Les sous-groupes les plus fréquents sont les SA et les SpA indifférenciées2. Le substratum
anatomique de la maladie est une enthésopathie inflammatoire évoluant progressivement vers
l’ossification et l’ankylose.
Les manifestations extra articulaires sont très variables en termes de fréquence et de sévérité.
Les atteintes les plus fréquentes sont l’uvéite, l’atteinte osseuse, intestinale, pulmonaire,
cardiaque et rénale. La recherche de ces atteintes est primordiale car elle peut influencer
l’attitude thérapeutique. Les anti-TNFα ont démontré leur efficacité dans le contrôle des SA
sévères et de certaines manifestations extra articulaires3.
Atteinte oculaire
L’uvéite constitue l’atteinte extra articulaire la plus fréquente au cours de la SA. Elle peut se
voir dans 20-30% des cas au cours de l’évolution de la maladie. Dans 90% des cas, l’uvéite
est antérieure, aigue et unilatérale 4. Le tableau clinique est fait d’un œil rouge douloureux,
photophobie, larmoiement et diminution de l’acuité visuelle. L’évolution sous traitement est
favorable en 2 à 3 mois, sans séquelles. Les épisodes peuvent se répéter, et si le traitement a
été inadéquat, des complications graves peuvent s’installer, notamment, des synéchies,
cataracte, glaucome, voir même une cécité. Les uvéites sont une urgence thérapeutique
justifiant une corticothérapie locale associée à un collyre dilatant la pupille pour éviter la
constitution de synéchies. Quand l’uvéite est globale (antéropostérieure) et rebelle au
traitement local, on a recours aux injections sous-conjonctivales et parfois à des cures courtes
de corticoïdes par voie générale. Le rhumatologue peut intervenir en prescrivant des
« traitements de fond » ayant fait la preuve de leur efficacité à diminuer la sévérité et la
fréquence des uvéites. C’est le cas de la sulfasalazine mais les formes sévères nécessitent le
recours aux anticorps monoclonaux anti-TNFα (infliximab et adalimumab). Quelques études
suggèrent que l’étanercept serait moins efficace sur la fréquence et la sévérité des uvéites que
les anticorps mais au moins aussi efficace que la sulfasalazine5.