
Les problèmes thyroïdiens
34 | L’actualité médicale | www.ProfessionSante.ca | MedActuel DPC | 20 avril 2011
T
4 ↓ avec TSH ↑ ou TSH ≥ à 10 mUI/L même avec T4 normale
Étiologie
Dans 98 % des cas d’origine thyroïdienne (primaire) :
◾ Auto-immune (Hashimoto) : 80 %
– 10 fois plus importante chez les femmes.
– Débute souvent entre 30 et 60 ans, la prévalence augmente constamment
avec l’âge.
– Aspect génétique important : incidence familiale ++.
– Associé à d’autres endocrinopathies et maladies auto-immunes.
– Anti-TPO positif dans 95 % des cas.
◾ Médicamenteuse : Amiodarone, lithium, tamoxifène.
◾ Post-opératoire : thyroïdectomie.
◾ Post-radiothérapie ORL, post-traitement à l’iode 131.
◾ Congénitale.
Dans 2 % des cas, l’origine est hypophysaire ou hypothalamique :
↓T4 avec TSH normale ou↓.
Dans ces cas, la TSH ne peut pas être utilisée dans le suivi du traitement.
On doit utiliser la mesure de la T4.
Traitement : remplacement thyroïdien
– Adulte > 50 ans avec maladie cardiovasculaire (MCV) : dose initiale de 12,5 à
25 μg/jour comme. Augmenter aux 4 à 6 semaines de 12,5 à 25 μg/jour.
– Adulte > 50 ans sans MCV et < 50 ans avec MCV : au départ 50 μg/jour.
Augmenter aux 6 à 8 semaines le dosage quotidien de 25 μg (environ).
– Adulte < 50 ans sans MCV : débuter avec 1,7 μg/kg/jour. Augmenter aux 6 à
8 semaines le dosage quotidien de 25 μg (environ).
Les patients avec hypothyroïdie sévère de longue date doivent avoir un
remplacement très progressif.
◾ Contrôle de la TSH aux 8 semaines, viser une TSH dans les limites de
la normale du laboratoire, habituellement entre 0,3 et 3,0 mUI/L.
Si les symptômes persistent, viser une TSH entre 1 et 2 mUI/L. Dans les cancers
thyroïdiens, on vise une TSH supprimée (< 0,3 mUI/L).
Une fois la dose de remplacement trouvée, un contrôle annuel est susant.
◾ Les besoins en hormones thyroïdiennes augmentent de 25 à 50 % durant la
grossesse.
◾ Idéalement, la lévothyroxine devrait être prise à jeun, 30 minutes avant le
déjeuner. De plus, éviter la prise concomitante de calcium, de fer et de multivita-
mines.
L’hypothyroïdie clinique
Définie par une TSH entre 5,5 et 9,9 avec une T4 normale.
Anomalie présente chez 10 % des adultes de plus de 50 ans. À noter que les résultats de laboratoire se normaliseront dans 5 à 10 % des cas.
Causes de l’élévation de la TSH
En plus des causes d’hypothyroïdie clinique, la TSH peut être élevée dans
les conditions suivantes :
◾ Dans la phase de récupération d’une thyroïdite.
◾ Chez un patient traité par un remplacement thyroïdien :
– Dosage inadéquat de remplacement thyroïdien : mauvaise observance
thérapeutique, dosage de remplacement sous-estimé, malabsorption
(rechercher la maladie cœliaque).
– Grossesse : augmentation des besoins de remplacement.
– Estrogènes : augmentation de la T4 liée aux protéines, ce qui augmente les
besoins de remplacement.
– Interaction médicamenteuse : baisse d’absorption avec le sulfate ferreux, le
carbonate de calcium, la cholestyramine, l’hydroxyde d’aluminium et le
Metamucil; augmentation du métabolisme avec les anticonvulsivants et la
rifampine. Interaction avec la sertraline.
◾ Dans la phase de récupération d’une maladie non thyroïdienne grave.
◾ Lors de la prise de médicaments antidopaminergiques (dompéridone,
métochlopramide, phénothiazine), la TSH est augmentée, mais la fonction
thyroïdienne n’est pas modiée.
L’hypothyroïdie subclinique
La lévothyroxine
doit être prise seule pour
éviter les interactions
médicamenteuses ou avec
les aliments. Les différentes
formulations de lévothyroxine
ne sont pas bioéquivalentes.
Il n’y a pas de consensus
sur le traitement de l’hypothyroï-
die subclinique. Toutefois, pour la
plupart des experts, un traite-
ment est justifié chez la majorité
des patients présentant une TSH
entre 5,5 et 10 et :
• ungoitre
• undosage des anticorps+
• unehyperlipidémie
• uneinfertilité, en préconcep-
tion et une grossesse
• unedépression
• chez lespersonnes âgées
• desantécédents de :
- radiothérapie cou
- iode 131
- thyroïdectomie
• dessymptômes évocateurs
d’hypothyroïdie
L’indication de traitement chez Françoise est évidente. Toutefois, il arrive fréquemment que les résultats de laboratoire sont moins impressionnants. Si Françoise avait
eu une TSH à 8,0 mUI/L avec une T4 normale, quelle aurait été votre conduite ?
Réponse : La prise en charge de l’hypothyroïdie subclinique est un sujet controversé. Un nombre important de patients surtout s’ils ont plus de 60 ans et s’ils ont des anti-
corps anti-TPO positifs évolueront vers une hypothyroïdie clinique (TSH ≥10 mUI/L). Les éléments suivants devraient nous guider dans la décision de traiter ou non.
Dominique vous a consulté pour une perte de poids d’une dizaine de livres associée à des palpitations et de l’anxiété. Vous
l’avez fait revenir ce matin au sans-rendez-vous, car le laboratoire a montré une TSH à 0,01 mUI/L avec une T4 libre nette-
ment augmentée à 30 pmol/L. Dominique a donc les signes cliniques et biologiques d’une hyperthyroïdie. Quelle sera votre
conduite ?
Réponse : Le traitement variera selon la cause et la gravité des symptômes. Dans la plupart des cas, comme chez Dominique,
le patient n’est pas instable sur le plan cardiovasculaire. Un bêtabloquant peut être prescrit pour contrer les symptômes adré-
nergiques (palpitation, tremblement, nervosité). La patiente devrait être adressée à un interniste ou à un endocrinologue pour
le traitement du problème thyroïdien en tant que tel. Selon son état de santé, elle recevra soit un antithyroïdien, soit de l’iode
radioactif et, rarement, aura à subir une chirurgie thyroïdienne.
Si la patiente présente une exophtalmie et les signes typiques de la maladie de Graves, une scintigraphie thyroïdienne n’est
pas indispensable. Si ces signes sont absents, la scintigraphie thyroïdienne aidera les spécialistes à déterminer l’origine de
l’hyperthyroïdie et à sélectionner le traitement.
Tableau I
Symptômes d’hypothyroïdie
Symptômes fréquents Symptômes moins fréquents
Asthénie Myalgies
Gain de poids léger Crampes musculaires
Intolérance au froid Voix rauque
Constipation Ronflement
Dépression Paresthésie
Mémoire altérée Diminution de la libido
Diminution de la concentration Irrégularité menstruelle
Somnolence
Sécheresse de la peau
Progression vers une hypothyroïdie clinique
Le risque est accru après l’âge de 60 ans et en présence d’anticorps anti-TPO posi-
tifs. Après une évolution de quatre ans, si ces deux facteurs sont présents, il y a une
probabilité de 80 % d’évolution vers l’hypothyroïdie clinique. Plus la TSH est éle-
vée, plus le risque augmente.
Conséquences d’une hypothyroïdie subclinique
◾ L’hypothyroïdie est associée à une augmentation du taux de cholestérol : le
traitement le diminue de 8 a 10 % chez les patients ayant un taux de choleste-
rol total ≥ 6,2 mmol/L. Il y a peu d’eet s’il est inférieur à ce taux.
◾ Dans l’étude de Rotterdam, le risque d’infarctus est augmenté de 2,3 fois, et la
calcication de l’aorte, de 1,7 fois.
◾ Symptômes non spéciques : fatigue, trouble de l’humeur, troubles cognitifs
(mémoire), présence d’infertilité, réponse inadéquate aux antidépresseurs.
Conduite clinique
◾ Contrôle trois mois plus tard.
◾ Si la TSH demeure augmentée, un traitement est souhaitable chez la plupart
des patients, en particulier s’il y a des symptômes.
Suite du cas clinique #1
Cas clinique #2
Une maladie
auto-immune
(Hashimoto)
est de loin
la cause
la plus fréquente
d’hypothyroïdie.