Introduction
Les chiffres publie
´s par l’Institut National du Cancer mon-
trent que l’incidence du cancer se situe a
`pre
`s de 320 000 nou-
veaux cas par an en France en 2005 (280 000 en 2000) [1].Le
cancer repre
´sente la premie
`recausedede
´ce
`spre
´mature
´et la
seconde cause de de
´ce
`stousa
ˆges confondus [1] avec
146 000 de
´ce
`s enregistre
´s en France pour l’anne
´e 2005 [2].
Cette pathologie reste un enjeu de sante
´publique majeur,
social et e
´conomique. L’impact social est non ne
´gligeable,
pour les patients tout comme pour leurs proches. Cet impact
estd’autantplusimportantquelenombredepatients
survivants ou en re
´mission augmente. Aussi, la prise en
charge e
´volue-t-elle de plus en plus de la proble
´matique
de la survie vers celle de l’apre
`s maladie et de la qualite
´
de vie. Ces nouveaux enjeux rendent centraux, dans la
pratique, l’information et le suivi e
´ducatif du patient et de
son entourage.
La loi du 4 mars 2002 pre
´cise l’obligation d’information du
patient qui incombe a
`tout professionnel de sante
´[3]. Les Plan
Cancer 2003–2007 et 2009–2013 rappellent ce droit a
`l’infor-
mation, afin que les patients atteints d’un cancer puissent
e
ˆtre « acteurs de leur combat », participent aux de
´cisions les
concernant et des conse
´quences des traitements [4,5].La
de
´marche d’accre
´ditation des e
´tablissements de sante
´souli-
gne l’importance d’un projet the
´rapeutique personnalise
´[6].
Selon une enque
ˆte mene
´e aupre
`s de 700 patients souffrant
d’un cancer, le droit a
`l’information consiste surtout en
l’obligation me
´dicale de tout dire concernant l’e
´tat de sante
´
[7]. Cependant, les attentes du patient cance
´reux en termes
d’information sur sa maladie et sa prise en charge diffe
`rent
qualitativement et quantitativement d’un patient a
`un autre
et d’une consultation a
`l’autre, selon le stade de la maladie [8–
14]. Lors d’une enque
ˆte sur les conditions de vie des patients
cance
´reux, 38 % des re
´pondants ont estime
´que le me
´decin
n’avait pas pris assez de temps pour re
´pondre a
`leurs ques-
tions, 48 % d’entre eux ont trouve
´l’information trop compli-
que
´e et 33 % des patients ont juge
´que l’information avait e
´te
´
donne
´e en trop grande quantite
´[15]. Entre deux consultations,
les patients restent avec des questions souvent sans re
´ponse,
avec le risque d’avoir oublie
´ces questions au moment ou` ils
ont l’occasion de les poser [9].
Au sein de notre centre hospitalier universitaire, l’inte
´gration
des pharmaciens au cœur des unite
´s cliniques a e
´te
´progres-
sivement mise en place depuis une dizaine d’anne
´es pour
accompagner l’informatisation du circuit du me
´dicament [16].
Plus re
´cemment, un pharmacien senior a e
´te
´affecte
´au po
ˆle
d’he
´matologie-cance
´rologie pour de
´velopper l’activite
´de
pharmacie clinique. Cette activite
´se caracte
´rise par l’implica-
tion du pharmacien dans des activite
´sdese
´curisation et
d’optimisation de la the
´rapeutique me
´dicamenteuse des
patients [17]. De fait, l’information des patients cance
´reux
sur la gestion de leur traitement me
´dicamenteux fait partie
inte
´grante de la mission du pharmacien.
L’objectif principal de ce travail e
´tait d’e
´valuer les attentes des
patients suivis en ho
ˆpital de jour d’oncologie he
´matologie,
dans l’optique de cerner celles qui touchent au traitement
me
´dicamenteux. L’hypothe
`se teste
´ee
´tait celle d’un apport
utile et spe
´cifique du pharmacien dans le partage des infor-
mations et des connaissances sur le me
´dicament au sein
d’une e
´quipe pluriprofessionnelle de cance
´rologie.
L’objectif secondaire e
´tait de pre
´de
´finir les axes d’un dispositif
de suivi pharmaceutique en ho
ˆpital de jour d’oncologie he
´ma-
tologie.
Me
´thodologie
La me
´thodologie de ce travail s’est construite en deux temps.
Une recherche bibliographique sur Pubmed ae
´te
´re
´alise
´ea
`
l’aide des mots cle
´s : « patient information » ; « cancer » ;
« patient satisfaction » ; « patient education ». Seuls ont e
´te
´
se
´lectionne
´s les articles de langue anglaise ou francophone
publie
´s ces dix dernie
`res anne
´es. L’analyse de la litte
´rature a
permis de structurer un guide d’entretien, sous la forme d’une
grille de the
`mes a
`aborder avec le patient. Ce guide a e
´te
´
valide
´par l’e
´quipe me
´dicale (deux me
´decins oncologues) puis
teste
´aupre
`s de cinq patients.
Une de
´marche descriptive a e
´te
´mene
´e, avec la re
´alisation
d’entretiens semi-structure
´smene
´s par un pharmacien
aupre
`s de 34 patients. Ce type d’approche vise a
`favoriser
le dialogue avec le patient, en le laissant s’exprimer le
plus librement possible pour explorer sa pense
´e (attitude
nondirective)toutenabordantlesdiffe
´rents the
`mes de
´fi-
nis a
`l’avance dans le guide d’entretien (projet directif)
[18,19].
Les crite
`res de se
´lection de la recherche bibliographique ont
permis de retenir 16 publications relatives a
`l’information et la
satisfaction des patients cance
´reux vis-a
`-vis de l’information
rec¸ue [8,11–13,21–32]. Le guide d’entretien s’est articule
´en cinq
parties :
le ressenti du patient sur les proble
`mes ge
´ne
´raux
rencontre
´s lors des se
´jours en ho
ˆpital de jour, ou entre les
cures de chimiothe
´rapie a
`domicile. L’objectif e
´tait ici de voir si
les proble
`mes cite
´s spontane
´ment ont un lien potentiel avec
le traitement me
´dicamenteux ;
la gestion du traitement par chimiothe
´rapie (effets
inde
´sirables, hygie
`ne, mesures de pre
´caution, surveillance,
etc.) et son inte
´gration au sein du traitement habituel du
patient ;
la satisfaction du patient concernant l’information sur sa
chimiothe
´rapie (organisation et de
´roulement des cures, plan
de traitement, questions relatives au me
´canisme d’action, a
`la
composition ou a
`l’origine de la chimiothe
´rapie) ;
les attentes du patient par rapport a
`un entretien
personnalise
´sur sa prise en charge me
´dicamenteuse ;
les suggestions ou remarques du patient concernant sa
prise en charge the
´rapeutique globale.
V. Lamy et al. Le Pharmacien hospitalier 2010;45:183-190
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