L’EXPANSION BRITANNIQUE EN INDE
Présentation de Mlles C. Dubas et D. Fussen et de M. D. Kelvin
Votre rapport constitue un bon survol (survey) de l’histoire – générale et économique – de
l’Inde depuis le 16e siècle et il aura sûrement appris pas mal de choses à vos camarades, ce
dont je vous suis reconnaissant. Il y a cependant un certain hiatus entre, d’une part, la plus
grande partie de l’exposé, qui suit le canevas traditionnel (ou « reçu ») avec accent sur des
interprétations comme « l’exploitation coloniale » de l’Inde par les Anglais, et, d’autre part, la
section de conclusion, laquelle est beaucoup plus nuancée et se rapproche de l’analyse de
Maddison ainsi que de moi-même (voir la note sur « un modèle de la domination coloniale »).
A votre décharge, il est vrai que s’il y a un domaine où il est difficile de s’affranchir de la
pensée dominante, c’est bien celui-ci.
Détails :
- Votre texte comprend d’assez nombreuses erreurs « typographiques » ; p.ex. à la page 1,
« puit » pour « put », « don » pour « donc », « indou » pour « hindou », etc. Vous auriez pu et
dû le toiletter ! Souvent aussi, vous utilisez des tournures de la langue parlée et votre syntaxe
est quelquefois défectueuse.
- Vers la p. 19 et aussi plus loin (voir par exemple la dernière phrase de la section sur le café à
la page 22), vous donnez l’impression que l’Angleterre organisa sciemment l’économie in-
dienne pour « l’exploiter », un peu comme Staline fit avec les pays satellites d’Europe de l’Est
après 1945. Cela ignore que le modèle économique anglais aux Indes était essentiellement
celui du laissez-faire et du libre-échange, du moins jusqu’à la Première Guerre mondiale :
dans un tel contexte, la notion plus ou moins marxiste d’«exploitation» n’a guère de sens. Le
cliché d’une Inde pourvoyeuse de matières premières bon marché et marché captif pour les
produits industriels anglais ne correspond guère à la réalité – à preuve le développement de
certaines industries aux Indes, dont le coton que vous mentionnez. Il est certes vrai que, d’un
point de vue économique, beaucoup de facteurs favorisaient les Anglais, lesquels contrôlaient
l’administration, et donc les contrats publics, ainsi que le système juridique, les infrastructures,
etc. Il ne s’agissait cependant en aucun cas d’un système de pillage à la Staline.
- Pour ce qui est des pp. 22-23, qui traitent de la fiscalité, une interprétation plus convaincante
est celle de D. Koumar – voir le document de cours à ce sujet.
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