Les oxydations I_ Les alcools A . Ré a c t i f s i n c l u a n t d s m é t a u x d e t r a n s i t i o n 1) Dérivés du Chrome l Les différents réactifs Le réactif de Jones H2CrO4 est un oxydant fort, obtenu en milieu très acide. Ces conditions ne sont pas forcément compatibles avec toutes les molécules. De plus, on obtiendra presque toujours un acide carboxylique avec ce réactif. On peut l'obtenir de différentes manières : CrO3 ou K2Cr2O7 ou Na2Cr2O7 + H2SO4 H2CrO4 On peut obtenir un oxydant plus doux, dans des conditions plus douces, en remplaçant l'acide sulfurique par la pyridine. On produit alors le réactif de Collins (un équivalent de pyridine dans CH2Cl2) ou le réactif de Sarret (pyridine en excès). O N CrO3 + N Cr O O Il est aussi possible d'avoir un oxydant sous forme de sel, et donc facile à stocker. C'est le Pyridinium Chloro-Chromide PCC. C'est lui aussi un oxydant doux. O N CrO3 + HCl + N H , Cl Cr O O l Mécanisme À partir d'un alcool primaire, on forme successivement l'aldéhyde puis l'acide carboxylique. Avec le réactif de Jones, il est très difficile de s'arrêter au niveau de l'aldéhyde. Pour un alcool secondaire, on obtient une cétone. O O O R H H + Cr O HO Cr Ce mécanisme est discuté. Un autre mécanisme peut survenir, mais le résultat sera le même. HO OH OH O H2O O R Cr OH R O O O H2CrO4 OH R H OH H H O O R OH O Hydratation d'un aldéhyde en milieu acide + Cr H Centre électrophile OH O Cr OH O + H2O R O H O OH O Cr O R HO OH R + OH OH H2O O + H Cr O On remarque que pour obtenir une deuxième oxydation de l'alcool, il faut passer par une étape d'hydratation d'un aldéhyde en milieu acide. Or les réactifs de Sarret et de Collins s'effectuent en phase organique, dans des conditions peu acides, ce qui explique pourquoi on s'arrête à l'aldéhyde. 2) Dérivés du Manganèse On peut utiliser le permanganate de Magnésium KMnO4. Cependant c'est un oxydant très puissant, on aura presque toujours une suroxydation. De plus il est très peu sélectif, on l'utilise donc rarement. On utilise plutôt MnO2 pour oxyder les alcools. Cet oxydant n'est pas très puissant, il ne peut oxyder que les alcools allyliques et benzyliques, ainsi que ceux en α d'une cétone. O O O HO MnO2 L'oxydation par KMnO4 est très exothermique, elle peut provoquer une combustion spontanée de l'alcool (ici la glycérine). C'est dangereux, mais joli à regarder ! O HO MnO2 HO OH H B . Ré a c t i f s i n c l u a n t l e DM S O 1) Principe On peut faire des oxydations douces, en activant le DiMéthyl SulfOxyde (DMSO) par un électrophile. S O H OH E S O E S O On peut ajouter une base pour accélérer cette étape. + E—OH O + (CH3)2S H 2) Réaction de Swern On utilise comme agent électrophile : O O Cl O ou F3C O CF3 O Cl Gaz Tire la réaction l Mécanisme S Bon électrophile O Cl O + S OH O O S O H Cl O Cl O + CO2 + CO + Cl Gaz tirent la réaction Molécule stable tire la réaction O + (CH3)3S H 3) Réaction de Moffat L'agent électrophile est le DiCyclohexylCarbodiImide DCCI. N C N l Mécanisme Très électrophile (atomes électronégatifs, conformation peu stable) S O + R C N N R N R S O OH + NH H Milieu protonique R R O Diurée stable NH S + (CH3)3S H O + H O NH R 4) Avec le NCS On peut aussi utiliser le N-chlorosuccinimide NCS. O O Liaison instable Nδ- OH Clδ+ + N S + S Cl S O H N plus électronégatif que Cl O O O S + H C. Oxydation d'Oppenauer On utilise un oxydant fort contenant de l'Aluminium dans de l'acétone. Cette réaction ne fonction que sur des alcools secondaires. OH R O—i-Pr R + Al O O—i-Pr H Al O O O—i-Pr R R Substitution d'un isopropylate par l'alcool + HO O—i-Pr Très électrophile Réaction avec le solvant O—i-Pr Al O O + R R O—i-Pr On remarque que toutes les étapes sont équilibrées. En utilisant l'acétone comme solvant (donc en excès), on favorise le sens de l'oxydation. Il est possible d'inverser la réaction en éliminant l'acétone formée (on l'évapore facilement). C'est la réduction de Meerwein-Pondorf-Verley. II_ Les alcènes Les oxydations des alcènes peuvent conduire à la rupture de la liaison des deux carbones de la double liaison. On parlera alors d'oxydation dure. En contrepartie, il existe aussi des oxydations douces, qui laissent ces deux carbones liés. A. Oxydations douces 1) Dihydroxylation syn Le dihydroxylation se fera facilement avec le permanganate de potassium. Il se produit une synaddition de deux groupements —OH. L'attaque peut être stéréosélective si les deux faces ne sont pas équivalentes. On parle de faces stéréotopiques. H O O Mn H O O H OH Mn Synaddition H OH O O H O O H Cependant cet oxydant très fort entraîne souvent des problèmes de suroxydation. On l'utilise en fait très rarement. Cette réaction est aussi possible avec OsO4. Cependant c'est un oxydant plus coûteux, on l'utilise plutôt comme catalyseur, régénéré au fur-et-à mesure par KMnO4. 2) Réaction de Prevost-Woodward Cette réaction permet d'effectuer une synaddition d'alcools, sélectivement du côté le plus encombré. On utilise un sel d'argent de carboxylate. OH CH3COOAg + I2 H2O 25°C LiAlH4 puis H3O+ OH l Préparation du sel O O AgOH I2 OH l Mécanisme [(CH3COO)2Ag] I Iodure positif Ag O Iodonium O Du côté le plus encombré I O O I I O Très électrophile O O H O O H OH O O LiAlH4 OH Puis H3O+ OH OH O B. Époxydation 1) Avec un péracide Un péracide est une molécule possédant le groupement —COOOH. Le plus utilisé est le méta-ChloroPerBenzoique Acide (mCPBA). Il est possible de produire le péracide directement dans la solution : H2O2 + CH3COOH CH3COOOH + H2O l Mécanisme R O O Liaison faible R O O H OH + O O O Cl OH On forme un acide carboxylique. Cette espèce peut réagir avec d'autres groupements de la molécule. Pour éviter ces problèmes, on utilise un acide péroxyimidique. NH R C N H2O2 R O OH Ainsi, on forme une amide à place de l'acide carboxylique, beaucoup plus stable. À partir de la molécule de départ, on produit deux énantiomères, on parle de faces énantiotopiques. Lorsque les deux faces ne sont pas équivalentes, on forme l'époxyde le moins encombré. Cette fois-ci les faces sont dites stéréotopiques car on forme deux diastéréoisomères. Ex : mCPBA Exo le moins encombré 96 % O Diastéréoisomères Endo le plus encombré 4% O Remarque : lorsqu'un alcool se trouve en α de la double liaison, on forme l'époxyde le plus encombré. On pense qu'une interaction se produit entre —OH et le péracide. O mCPBA O + OH OH OH Époxyde le plus encombré Minoritaire Majoritaire 2) Époxydation asymétrique de Sharpless On utilise pour cette époxydation, un péracide, un complexe de métal de transition (Ti, V ou Mo) et de l'acide tartrique optiquement pur. Selon la configuration de l'acide tartrique, on obtient spécifiquement un époxyde de configuration définie : O Ti OH Avec le (-)tartrate O 4 OH t-BuOOH acide tartrique OH Avec le (+)tartrate O C. Oxydations dures 1) Avec les métaux de transition On peut soit former directement les dérivés carbonylés, soit on passe par un intermédiaire bicol (deux groupements —OH sur deux carbones adjacents). Ces derniers sont souvent plus doux et ont un meilleur rendement. On peut utiliser KMnO4 concentré ou H2CrO4. On coupe la double liaison en formant deux acides carboxyliques. On utilise souvent un agent de transfert de phase pour faire réagir entre elles les molécules de la phase organique et de la phase aqueuse. H2CrO4 O ou KMnO4 concentré Acide adipique HO Agent de transfert de phase Cette molécule a beaucoup d'applications dans l'industrie, notamment dans la production du nylon et dans l'alimentation. OH O l Mécanisme OH KMnO4 KMnO4 Dihydroxylation syn O OH Même mécanisme que pour le Chrome On forme un ester de Manganèse, puis on fait une élimination O OH O KMnO4 Mn O OH O H OH O KMnO4 On forme un ester de Manganèse OH OH O OH Hydratation des cétones OH O O HO OH O 2) Réaction de Malaprade Après une oxydation douce, on utilise du périodate de sodium en excès, qui va former deux groupements aldéhydes. OH KMnO4 dilué O NaIO4 OH OH I O O O OH OH O I Déshydratation O O + O OH O NaIO4 permet de régénérer les KMnO4. Le seul inconvénient est que c'est une réactif assez cher … On l'utilise surtout sur les sucres. 3) Ozonolyse O O O O O O O + O O O O O O + Si oxydant (H2O2 ou air) O OH O + O + O2- Sinon on s'arrête avec réducteur 0 (Zn ou MeS ou Na2SO3) III_ Les cétones A. Oxydation par le chrome C'est une oxydation dure, on casse une liaison C—C pour former deux acides carboxyliques. O OH Cr O OH O H2CrO4 Équilibre céto-énolique O O OH Formation d'ester de Chrome O O HO H Cr O O O O HO OH OH H2CrO4 OH Formation d'ester de Chrome O + OH H2CrO4 H HO B. En α du carbonyle 1) Tetraacétate de plomb OH OH OH O H2O Hydratation des cétones O O O OH Pb(OAc)2 O Pb(OAc)4 + AcOH Équilibre céto-énolique O O H2O + AcOH O O Hydrolyse d'un ester OH 2) Tetroxyde d'osmium Le tetroxyde d'osmium doit être en quantités catalytiques afin d'éviter les suroxydations. On utilise une autre molécule afin de le régénérer. O Si(CH3)3 OH O Si(CH3)3Cl Équilibre céto-énolique SN2(Si) O OsO4 O catalytique N Régénère OsO4 Si(CH3)3 O O H2O HO Déprotection OH OH C. Oxydation par les péracides On l'appelle aussi oxydation de Bayer-Villiger. On obtient un ester cyclique, ou lactone. Oδ Liaison hydrogène - H O R O Bon électrophile H R O O δ+O δ+ Oδ- O Lactone O O Péracide + R—COOH Réaction intramoléculaire avec réarrangement Cette réaction libère un acide carboxylique ; c'est une espèce assez réactive, il faut donc faire attention avec certains groupements. Lorsque les deux formes lactones ne sont pas équivalentes, on forme préférentiellement la lactone du côté le plus riche en électrons, c'est-à-dire le plus substitué, de manière à favoriser le réarrangement. Ex : O O O O O + Majoritaire D. Ré a c t i o n a u x h a l o f o r m e s Cette réaction n'est possible que sur les cétones méthylées. O Équilibre cétoénolique O O Br—Br R Encore plus réactif Très électroattracteur O Très électrophile Br R Br 2 fois R R Br Br OH O O R + O R HCBr3 Bromoforme Récupéré en phase organique dense + Réaction acide/base OH Très acide IV_ Oxydation en position allylique A. En α d'une double liaison 1) Par le chrome On utilise peu ce réactif car il est très peu sélectif. On n'écrit pas le mécanisme. O CrO3 Pyridine O + 2) Dioxyde de Sélénium Il permet d'ajouter une fonction alcool sur un méthyle en α d'une double liaison. CBr3 Très basique HO Se R O H Se O Se HO O OH H2O O Électrophile R R R On rencontre quelque fois des problèmes de suroxydation de l'alcool en aldéhyde. En ajoutant un anhydride d'acide dans le milieu, on protège l'alcool par estérification. La déprotection se fait en milieu acide. + Se(OH)2