Facture salée du sucre pour l`Afrique

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Facture salée du sucre pour l’Afrique
mardi 21 septembre 2010, par Burkinapmepmi.com
Avec une croissance démographique annuelle estimée à 3,5%, la demande africaine continuera
d’augmenter dans les statistiques. L’Afrique devra importer environ 35% de ses besoins en sucre. Et cela
même si l’Africain ne consomme que 17 kilogrammes de sucre par an, une fois et demie de moins que
l’Européen. La facture, qui s’alourdit inéluctablement, est déjà très impactée par la tension sur les
marchés, résultat d’une offre fortement contractée. Cette année, le déficit mondial devrait atteindre 13,5
millions de tonnes, poussant à la flambée des cours. Depuis le début 2009, la hausse est de l’ordre de
150% ! Plusieurs facteurs y concourent : les changements climatiques, la concurrence des biocarburants
qui absorbent une part significative des récoltes de canne à sucre, et la croissance soutenue de la
consommation en Chine et en Inde. L’Union européenne a souhaité récemment augmenter de 500 000
tonnes ses exportations de sucre, suscitant des réactions négatives du Brésil, de la Thaïlande et de
l’Australie, qui considèrent que cela va à l’encontre des règles de l’OMC. Dans un tel contexte, le cours
atteint 760 dollars la tonne à la Bourse des matières premières de Londres, et les approvisionnements de
l’Afrique pourraient être moins réguliers. « L’Afrique est plus vulnérable que les autres continents, mais il
y a des disparités en Afrique. Certains pays africains ont une production qui leur permet de résister à ce
choc, comme le Niger, le Mali, le Sénégal ou encore le Cameroun », a relevé Ali Bey Naceri, consultant en
commerce international.
« Certains pays africains ont une production qui leur permet de résister à ce choc, comme le Niger, le
Mali, le Sénégal ou encore le Cameroun. »
L’agroalimentaire africain sérieusement affecté
Selon lui, la flambée des cours du sucre sur les marchés internationaux a renchéri les prix des produits à
l’export, surtout pour ce qui est des boissons. « Actuellement, on ne sait pas asseoir un prix à l’export, car
les prix du sucre sont trop instables et on ignore le prix à payer prochainement », a-t-il noté. L’industrie
africaine d’agroalimentaire, peu réactive, se trouve sérieusement affectée par la crise du sucre. La filière
boissons en est l’exemple. Le groupe algérien NCA Rouiba, qui produit des jus de fruits, n’aura pas
d’autre choix que de répercuter la hausse des cours sur les prix du produit final. Des solutions existent
cependant. « Ces dernières années, et sans que le consommateur ne s’en rende compte, nous avons
diminué de 50% la quantité de sucre présente dans nos jus. Nous l’avons fait d’une manière progressive
pour que le consommateur s’adapte », a expliqué Slim Othmani, PDG du groupe NCA Rouiba. L’adaptation
du modèle de consommation est en effet un moyen d’atténuer les effets de la dépendance aux
importations. La vulnérabilité de l’Afrique face aux fluctuations des prix des matières premières paraît
néanmoins paradoxale à Salah Mouhoubi, ancien responsable au Centre africain des études monétaires de
Dakar et auteur de deux ouvrages sur l’économie africaine. « L’Afrique pourrait devenir une importante
zone de production de cannes à sucre. Il y a eu des tentatives dans les années 1980, notamment en Côte
d’Ivoire qui, à travers des partenaires étrangers, a voulu développer la culture de la canne à sucre et
même construire une dizaine de sucreries », a-t-il estimé. Ce projet n’a pas abouti. La raison ? « La
concurrence de pays développés producteurs de sucre, comme la France, qui voyaient d’un mauvais œil
l’apparition de nouveaux producteurs », a-t-il noté.
Relancer la production en Afrique
Pour Salah Mouhoubi, la tension sur le marché du sucre est une occasion pour se lancer dans la
production du sucre en Afrique. « Rien que pour amortir la dépendance vis-à-vis de l’extérieur », a-t-il
appuyé. Relancer l’agriculture est donc la solution. « Le moteur de tout développement économique est
l’agriculture. L’Afrique a de grandes potentialités et d’importantes possibilités de complémentarité entre
les pays », a relevé Omar Aktouf, économiste et enseignant à HEC Montréal (Canada).
Par Zohir Bouzid
Source : Les Afriques.com
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