internationales. Mais c'est surtout Jean Bodin, qui, dans Les Six Livres de la République
(1576), associe la théorie de la souveraineté de l'État aux idées mercantilistes.
Ces réflexions se traduisent rapidement par la promulgation de règlements et de
législations mercantilistes : ainsi, en Angleterre, les lois sur la navigation (Navigation
Act, 1651) mises en place par le gouvernement d'Oliver Cromwell15 grâce auxquelles
la puissance de la Royal Navy assurera la prééminence de ce pays sur le commerce
international, après élimination du rival hollandais par les quatre guerres anglo-
hollandaises du XVIIIe siècle.
Les idées mercantilistes alimentent des conflits armés tout au long des XVIIe et
XVIIIe siècle. Alors que le stock de richesses est considéré comme relativement fixe,
la seule façon d'accroître la richesse d'un pays ne peut se faire qu'au détriment d'un
autre. De nombreuses guerres, dont les guerres anglo-hollandaise, franco-hollandaise,
et franco-anglaise se déclenchent sur la base d'un « nationalisme économique ».
Le mercantilisme contribue également au développement de relations économiques
plus ou moins forcées et/ou inégales (apparition de l'impérialisme et du colonialisme) :
toute nation réputée forte doit chercher à s'emparer de territoires pour obtenir un accès
aux matières premières et/ou un débouché à ses activités. Au cours de la période, le
pouvoir des nations européennes s'étend tout autour du globe. À l'instar de l'économie
intérieure, cette expansion fut souvent le fait de monopoles, tels que les Compagnie
des Indes ou la Compagnie de la Baie d'Hudson.
Montée de l'esprit individualiste
Cette vision pessimiste de la nature humaine (intégrée par exemple aux travaux de Thomas
Hobbes) selon laquelle chaque agent essaye de trouver son avantage, fut-ce au détriment des
autres, se retrouve également dans la vision puritaine du monde. Pour les membres des
nouvelles classes sociales et des nouveaux métiers, la réussite se révèle être une affaire
d'action, d'initiative et de volonté largement personnelle. Le « salut individuel » apparait de
plus en plus conditionné par les œuvres, et moins par le statut ou le discours.
Politiques mercantilistes
Elles sont l'illustration de la diffusion et de l'adaptation des idées mercantilistes dans toute
l'Europe au début de la période moderne, avec cependant des destins divers16 :
Échec en Espagne
Article connexe : Arbitrisme.
Le mercantilisme se résume à un « bullionisme » (idée selon laquelle la possession de métaux
précieux fait la richesse et la puissance des nations). Selon C. J. Gignoux cité par G. Lefranc
(op cit) : « la mentalité qui l'inspire n'est pas celle d'un commerçant, mais d'un propriétaire
soucieux de ne rien laisser sortir de son domaine et qui d'ailleurs au terme de ce régime
s'épuisera dans une lente et progressive anémie ». La décadence politique et économique de
l'Espagne est consacrée en 1588, suite à la déroute de l'Invincible Armada. Lors de la crise
économique qui la touche au XVIIe siècle, l'Espagne met en place de nombreuses politiques
économiques sans trop de cohérence, mais l'adoption par Philippe V d'Espagne des mesures
inspirées du « mercantilisme à la française » connaît un succès relatif.