Sophie Bastardoz et Lucas Duboux
Le mercantilisme et la physiocratie
Mercantilisme
Le mot "mercantilisme" vient de l'italien "mercante" qui signifie "marchand". Cette doctrine
économique prône le développement économique par l'enrichissement des Etats au moyen de l’or d’abord,
puis du commerce, mais aussi de l'industrialisation. Elle marque la fin de l'hégémonie de l'Église dans
l'organisation économique et sociale.
Le mercantilisme n'est pas vraiment une école de pensée, car aucun auteur mercantiliste n'a
proposé de théorie unifiée du fonctionnement d’une économie.
Voici un petit florilège des différents courants de pensée mercantilistes:
•Le mercantilisme espagnol , aussi connu sous le nom de "bullionisme", qui vient de l'anglais «
bullion » (lingot) décrit la politique économique de l'Espagne tendant à conserver dans le pays l'or
qui venait de ses conquêtes, principalement en Amérique du Sud et centrale, en édictant des lois
prohibitives concernant l'export du précieux métal.
•Le caméralisme allemand consistait à maximiser les recettes de l'Etat, par le biais de l'exportation,
tout en minimisant les dépenses, ce qui conduisait théoriquement à un enrichissement, considéré
comme un accroissement de la puissance de cet Etat.
•Un des courants mercantilistes les plus connus est le colbertisme, qui tient son nom du ministre des
finances de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert. Cette politique comprenait plusieurs axes:
protectionnisme visant à avoir un ratio export/import nettement en faveur de l'export, et
industrialisation du pays, ce qui entraîna la construction de nombreuses manufactures, de façon à
assurer une certaine indépendance matérielle de la France vis-à-vis de ses voisins.
•Le mercantilisme fiduciaire est également un courant d'une importance relativement grande.
Représentée par l'Ecossais John Law, elle est basée sur l'idée que le développement économique
(donc l'enrichissement de l'Etat) ne peut se faire que s'il existe un système bancaire moderne, basé
sur la circulation de billets émis par une banque centrale, ces billets étant eux-mêmes gagés sur l'or
détenu par la banque. Cette conception entraîne la prise en compte d'un élément essentiel dans les
conditions du développement : c'est la confiance que les agents économiques ont dans le système
bancaire. L'expérience menée par Law s'est soldée par un échec, ce qui a retardé de près d'un siècle
la création d'un système bancaire moderne en France. On peut peut-être trouver l'origine de cette
faillite dans le passé de John Law, qui fut un grand spéculateur.
Physiocratie
La physiocratie est un mouvement d’idée originaire de France centré autour de la figure du médecin François
Quesnay (1694-1774). Elle préfigure le libéralisme et l’influence de celui-ci sur Adam Smith (1723–1790)
est aujourd’hui largement reconnue.
Littéralement, "physiocratie" signifie "gouvernement" (du grec kratos) par la nature ("physio"). C'est une
doctrine économique qui peut être résumée à deux propositions:
•La première proposition est qu'il existe un ordre naturel gouverné par des lois. Le rôle des
économistes est de comprendre et de révéler les lois de la nature telles qu'elles opèrent dans la
société et dans l'économie, sans apport de modifications. C'est de montrer comment ces lois opèrent
dans la formation et dans la distribution des richesses. Pour les physiocrates, il y a des lois
économiques, de même qu'il y a des lois physiques ou physiologiques.
•La seconde proposition est que le devoir des hommes, et en particulier le devoir du gouvernement,
est de se soumettre à ces lois en interférant aussi peu que possible avec leur jeu par des interventions
intempestives. Les physiocrates sont donc à l'origine du libéralisme, qui vise à laisser le marché
s'équilibrer lui-même.
Cette théorie, malgré une période d'existence assez brève, c'est-à-dire de 1758, avec la publication du
Tableau économique, à 1776, date à laquelle Adam Smith publie sa Richesse des Nations, aura une influence
assez importante, en temps que première théorie du libéralisme à proprement parler.
Elle se situait malgré tout à contre-courant en ce qui concerne l'importance de l'agriculture, considérée par
les physiocrates comme seule créatrice de richesses, qui déclinait au profit de l'industrie à cette période.