cette matière, en cas d’incapacité du mandant15. Les associations pour le droit de mourir
dans la dignité proposent à leurs membres des modèles de textes qui se rapprochent plus
ou moins de la déclaration californienne16.
Le mouvement pour l’euthanasie volontaire s’étend progressivement à l’ensemble
du monde occidental. Il a débuté dans les pays anglo-saxons et n’a atteint que plus
récemment les pays latins à prédominance catholique. Le cinquième congrès de la
Fédération Mondiale des Associations pour le Droit de Mourir dans la Dignité, qui s’est
tenu à Nice en septembre 1984, réunissait des centaines de délégués, représentant les
associations de 25 pays. La presse française s’en est fait largement l’écho.
Outre l’Angleterre, d’autres pays ont connu des propositions de loi qui, jusqu’ici,
ont toutes été rejetées. En Belgique, les propositions Gillet (sur le testament de vie et
l’acharnement thérapeutique) et D’Hose (sur l’information du malade, le testament de vie
et l’euthanasie) n’ont pas été examinées et sont devenues caduques du fait de la fin de la
législature. La proposition du député E. Klein a été prise en considération et doit encore
être discutée au sein des commissions de la justice et de la santé. En Hollande, une
commission d’Etat a remis un rapport sur l’euthanasie, recommandant que celle-ci soit
autorisée sous certaines conditions bien précises (demande instante et répétée du patient,
état de souffrance sans espoir, avis concordant de deux médecins, réalisation par un
praticien en milieu médical)17, rencontrant ainsi les avis formulés par les plus hautes
juridictions du pays qui avaient décidé de ne pas entreprendre de poursuites judiciaires
lorsque de telles conditions étaient remplies18. Le Gouvernement a récemment renoncé à
déposer un projet de loi allant dans le même sens.
L’extension du mouvement pour l’euthanasie a évidemment suscité des réactions
de la part des milieux hostiles à toute légalisation. L’opposition est la plus déterminée
dans les milieux catholiques, chez les médecins et, dans une certaine mesure, parmi les
juristes, alors que toutes les enquêtes d’opinion, dans les différents pays où elles ont été
menées, ont montré qu’une majorité des personnes interrogées sont favorables, sous
certaines conditions, à une dépénalisation de l’euthanasie active, et que cette majorité
augmente au cours des enquêtes successives réalisées dans un même pays19.
Parallèlement s’est créé et développé le mouvement des « hospices », institutions
spécialisées dans les soins palliatifs aux mourants, dont le modèle est le St. Christopher’s
Hospice, dirigé par Cecily Saunders. Les adeptes de ce mouvement, surtout en Grande-
Bretagne, ont souvent une attitude hostile à l’euthanasie. Ils affirment que les mourants
qui reçoivent des soins palliatifs convenables ne demandent jamais que l’on hâte leur
mort et que le problème de l’euthanasie disparaîtrait donc si les soins palliatifs étaient
disponibles pour tous.
Nous ne décrirons pas, du point de vue médical, toutes les variétés possibles
d’euthanasie. Le rapport Achslogh-Boné, préparatoire au Colloque de Bioéthique
organisé en mai 1987 à l’initiative du secrétaire d’Etat à la Santé Publique et à la
Politique des Handicapés, en dénombre 9 types, dont l’euthanasie « pratiquée dans le
cadre familial », dans les handicaps périnataux, dans les traumatismes graves, dans les
intoxications aiguës, « en phase terminale de certaines affections actuellement
5