Economie Monétaire et Financière - Université Paris 1 Panthéon

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Economie Monétaire et
Financière
Jézabel Couppey-Soubeyran et Bruno Tinel
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Licence 2ème année
Dossier de TD n°1 :
Eléments introductifs
1. Inflation, désinflation, déflation : définissez ces trois notions. Caractérisez la conjoncture monétaire de
la zone euro depuis la crise financière de 2007-2008 ? Qu’en est-il aujourd’hui ?
2. Expliquez les « trois étapes de la déflation » à l’aide du texte 1, situé à la fin de ce dossier.
3. IPC et inflation sous-jacente. Expliquez la différence entre l’indice des prix à la consommation (IPC) et
celui de l’inflation sous-jacente (ISJ).
en consultant le site de l’INSEE :
http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=29&date=20160914
4. Commentez les graphiques suivants
Graphique 1 : Inflation en France
Graphique 2 : Inflation en zone euro
5. Le rôle des banques centrales : ces dernières veillent-elles à éviter la déflation autant que l’inflation
(vous rappellerez l’objectif de la BCE en la matière) ?
6. Taux d’intérêt à court terme et taux d’intérêt à long terme : expliquez la différence entre les deux.
Qu’est-ce que le taux directeur (consultez le site de la Banque de France > politique monétaire > taux) ? Qui
le fixe et à quel niveau se situe-t-il en zone euro ?
Graphique 3 : Taux de court terme
7
6
5
3
Pourcents
4
2
1
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Japon
Royaume-Uni
Etats-Unis
Zone Euro
Source:
7. Taux d’intérêt à court terme et taux d’intérêt à long terme (suite) : comment ont-ils évolué
récemment dans la zone Euro, aux Etats-Unis et au Japon ?
Utilisez le graphique 3 et les documents suivants.
Taux directeurs de l’Eurosystème et taux d’intérêt à court terme
Source : Banque de France
https://www.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/Economie_et_Statistiques/base_de_donnees/chiffrescles-zone-euro/zoneeuro.pdf
Taux d’intérêt à long terme
2
Source : Banque de France
https://www.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/Economie_et_Statistiques/base_de_donnees/chiffrescles-zone-euro/zoneeuro.pdf
8. Trappe à liquidité : définissez cette notion et caractérisez la situation économique correspondante.
Pouvez-vous citer un pays de l’OCDE confronté à ce problème dans les vingt dernières années ?
Que peut-on dire de la situation actuelle ?
9. Taux bas : lorsque les taux d’intérêt chutent, comment modifiez-vous votre comportement économique ?
Plus généralement, à qui profite la baisse des taux ? Les taux peuvent-ils être négatifs ?
10. Taille des marchés de capitaux : trouvez des ordres de grandeur permettant d’évaluer l’importance des
marchés de capitaux (marchés boursiers, obligataires, dérivés, changes) par rapport à l’économie réelle.
11. Innovation financière : définissez cette notion ? Une innovation financière est-elle toujours bénéfique
pour les marchés de capitaux ? Donnez un exemple d’innovation financière controversée.
12. Titrisation : définissez puis expliquez cette technique financière à l’aide d’un schéma.
13. Banques : quelle est leur activité fondamentale ? Interviennent-elles sur les marchés financiers ?
14. Taux de change : comment une appréciation de l’euro affecte-t-elle les consommateurs français ?
Comment affecte-t-elle les entreprises européennes ?
15. Crise systémique : définissez et donnez des exemples.
***
Texte 1 : Mathilde Damgé « Le cercle infernal de la déflation en trois étapes » Le Monde.fr, 04.08.2014
0,4 % C'est l'augmentation des prix en juillet (par rapport à juillet 2013) dans la zone euro, soit le
rythme d'évolution le plus faible depuis quatre ans et demi.
Se faisant l'écho des déclarations, vendredi 1er août, de son premier ministre, Manuel Valls, François
Hollande, dont les propos ont été rapportés par Le Monde, a estimé qu'il y avait un « vrai risque
déflationniste » : « En France , l'inflation n'a jamais été aussi basse. Or, si une faible croissance pèse sur les
rentrées fiscales, une faible inflation a également des conséquences budgétaires négatives sur les recettes
comme sur la dette. »
M. Hollande exagère : en 2009, année de récession du fait de la crise des subprimes, l'inflation avait
été de 0,1 %. Mais pourquoi la déflation fait-elle peur ? Le danger d'un phénomène de baisse durable des
prix dans la zone euro et en France ne concerne pas que l'Etat et les nantis, comme on peut le lire çà et là.
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Ce phénomène concerne en réalité tous les salariés, consommateurs, épargnants... Sous ses airs de
bonne nouvelle, une baisse des prix est un poison mortel pour l'économie. Explication en trois étapes :
1. Pourquoi acheter aujourd'hui ce qu'on peut acheter moins cher demain ?
Certes, le phénomène de déflation n'est au départ que théorique. Il se met en place lorsque les
consommateurs jugent qu'il est préférable d'acheter demain plutôt qu'aujourd’hui, puisque les prix vont
baisser. En termes savants, on dit que la déflation se caractérise par des anticipations générales de baisse des
prix futurs. Le problème est que, lorsque cela se produit, il est déjà bien tard pour agir, explique l'économiste
Jean-Pierre Petit. « Il n'y a pas de signes certains de l'entrée en déflation. Surtout lorsque celle-ci ne prend
pas une forme brutale et dépressive comme dans les années 1930, l'Argentine de 1998-2002 et, plus
récemment, des pays comme l'Islande, l'Irlande, les pays baltes ou la Grèce. »
2. Moins de bénéfices pour les entreprises, baisse de l'investissement et des salaires
Pour s'adapter, les entreprises produisent moins et baissent encore plus leurs prix, puis réduisent les
salaires ou licencient. Ce qui pèse alors encore plus sur la consommation et les investissements. C'est ce qui
a commencé à se passer en Allemagne, avec une baisse des salaires l'an dernier, un phénomène inédit depuis
2009, année de crise, où l'économie allemande avait enregistré un recul de sa croissance de 5 %.
Le président de la Bundesbank a récemment demandé aux patrons allemands de remonter les
salaires : selon Jens Weidmann, des augmentations de 3 % cette année ne seraient pas malvenues. Une
position étonnante de la part d'un banquier central, et à rebrousse-poil de la politique d'austérité salariale
menée en Allemagne de manière très consensuelle au cours de la dernière décennie. Les syndicats allemands
eux-mêmes incitaient à accepter des contrats revus à la baisse pour relancer la croissance.
3. Les emprunts « valent » plus cher et sont plus difficiles à rembourser
Là où l'inflation profite aux endettés, la déflation les handicape. Tout est histoire de taux d'intérêt
« réels » et « nominaux ». Par exemple, votre taux d'emprunt à la banque dont la valeur nominale est,
mettons, de 2 %, doit être « corrigé » de l'inflation : votre pouvoir d'achat évolue pendant la durée de
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l'emprunt, la valeur de ce dernier aussi. Si les prix baissent de 0,3 %, comme en Espagne le mois dernier,
votre taux d'intérêt réel sera de 2,3 %, puisqu'il faut soustraire l'inflation... qui est négative. A l'inverse, si
l'inflation était de 2,1 %, comme aux Etats-Unis en juin, votre taux d'intérêt réel serait de – 0,1 %, soit un
taux d'intérêt réel négatif et une véritable incitation à s'endetter !
Le phénomène s'applique de façon similaire pour tous les Etats. Or, dans la zone euro, peu de pays
affichent des finances publiques florissantes, la plupart étant endettés et empruntant donc sur les marchés.
La déflation ne fait donc que compliquer le problème, alors que dans le même temps les recettes de l'Etat,
TVA et impôt sur les sociétés, s'affaissent. Le phénomène est particulièrement difficile à endiguer dans la
zone euro, puisque les taux d'intérêt pratiqués par la Banque centrale européenne sont déjà proches de zéro
(0,15 %).
Pour réagir à la hausse de la dette, les gouvernements peuvent être tentés de réagir en bradant des
actifs publics pour se renflouer, ou en allant plus loin dans la rigueur. Mais le risque est d'alimenter un
véritable cercle vicieux, en pesant encore davantage sur les prix et sur les salaires. La sous-consommation
est l'une des raisons, avec la spéculation des marchés financiers , qui ont expliqué la Grande Dépression
qu'ont connue les Etats-Unis dans les années 1930. Il avait fallu attendre Roosevelt et une politique
d'investissement public pour endiguer la spirale.
***
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Texte 2 : Jézabel Couppey-Soubeyran « Économie : ça repart ou ça stagne ? » Les Echos, 12/09/2016.
Ça frémit, paraît-il, la reprise se profile. Les chefs d’entreprises reprennent un peu le moral en cette
rentrée. Pour s’en persuader, on évitera toutefois de se reporter aux derniers chiffres de l’Insee, car sinon le
moral risque de redescendre en flèche !
0,0 % de croissance du PIB au deuxième trimestre 2016 après +0,7 % au premier trimestre (Insee,
informations rapides n°222, 26 août 2016); les deux moteurs intérieurs, la consommation (0,0 %) et
l'investissement (-0,2 %), déjà au point mort, ne confirmant pas le léger frémissement du premier trimestre ;
un léger mieux pour le solde extérieur, mais entièrement dû au ralentissement des importations (-2 % au
deuxième trimestre), tandis que les exportations sont restées quasi stables (-0,1 %), dans un contexte de
ralentissement du commerce mondial, que les analystes voient de plus en plus comme une rupture de
tendance plutôt qu'un simple creux conjoncturel.
Côté variations de stocks, qui nous renseignent un peu sur les débouchés que les entreprises
prévoient, le fait qu'elles baissent et contribuent négativement à la croissance (-0,7 point de contribution au
PIB au deuxième trimestre 2016) indique clairement que les entreprises préfèrent puiser dans les stocks
existants plutôt que d'en constituer de nouveaux.
En bref, les chiffres de l'Insee ne vont pas dans le sens de la reprise. Les plus optimistes se
rassureront en se disant que ces chiffres ont toujours un temps de retard et qu'ils font systématiquement
l'objet de révisions conséquentes. Restent pourtant quelques raisons... de douter !
Comment pouvait-il en être autrement ?
En France, comme dans le reste de la zone euro, la politique économique, qui a été conduite pour
faire face à la crise a pratiquement reposé tout entière sur la politique monétaire de la BCE. Peut-être cette
dernière nous a-t-elle évité le pire - bien malin celui capable d'évaluer le contrefactuel -, mais force est de
constater qu'elle n'est pas parvenue à réenclencher la croissance du PIB et de l'inflation à un niveau
compatible avec son objectif de stabilité des prix. Ignorant les enseignements de l'histoire économique – à
chaque grande récession, la reprise a nécessité de combiner les impulsions budgétaire et monétaire – la zone
euro a fait le choix de l'austérité budgétaire.
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Elle a, pendant la crise qui a débuté en 2007-2008, maintenu le carcan de ses règles budgétaires
héritées du traité de Maastricht de 1992 et s'est refusée à définir (au-delà du mini plan Juncker) un
programme commun d'investissements publics de long terme dans les secteurs indispensables à une
croissance soutenable : l'éducation, la santé, la transition écologique, l'agriculture biologique, etc.
Bien que massifs, le programme étendu d'achats d'actifs publics et privés par la Banque centrale
européenne et ses refinancements octroyés aux banques sans limites et gratuitement (le taux directeur de la
BCE se situe à 0 % depuis mars 2016) n'ont pas trouvé les bons canaux pour parvenir jusqu'à l'économie
réelle. Les banques n'ont pas acheminé les liquidités mises à leur disposition vers l'économie réelle, parce
que les mesures dont elles ont bénéficié ont été mises en place sans assez de conditionnalité.
La BCE n'a que tardivement décidé de conditionner ses refinancements à la part des crédits au bilan
des banques. Et même ainsi la conditionnalité a été faible. Car ce n'est pas aux crédits passés que les
refinancements devraient être conditionnés, mais à ceux à venir, en définissant au préalable les crédits dont
l'économie a besoin pour soutenir sa croissance.
Cette définition est l'affaire de la collectivité tout entière. Les investissements dont la collectivité a
besoin pour construire son avenir doivent être définis par elle, aux différentes échelles où cela est
envisageable (européenne, nationale, locale). Pourquoi ne pas flécher les refinancements et achats de titres
de la BCE vers les banques, publiques ou privées, qui s'engageraient à contribuer au financement de ces
investissements ?
Le spectre de la stagnation séculaire
Sans la réalisation d'un vaste programme d'investissements de long terme, venant soutenir la
croissance sur le même horizon, celui du long terme, nos économies ne connaîtront que des feux de paille,
au rythme des bulles spéculatives que ce soit sur le marché immobilier ou sur le marché boursier, qui
gonflent la croissance à court terme et la font retomber brutalement à moyen-long terme en l'exposant à des
crises financières.
Les économistes américains ont beaucoup débattu à propos du phénomène de stagnation séculaire,
plus qu'en Europe où les signes sont pourtant peut-être plus perceptibles encore. Cette notion introduite par
Alvin Hansen dans les années 1930 et reprise par Larry Summers en 2014 fait référence à une situation
d'incapacité persistante de l'économie à garantir le plein emploi, une inflation stable et un fonctionnement
stable de son système financier.
C'est d'après Summers à ce phénomène que seraient confrontées les économies depuis la crise
financière de 2007-2008. L'investissement productif est au point mort, son taux de rendement extrêmement
bas (les estimations disponibles du taux d'intérêt naturel - qui mesure le taux de rendement du capital
physique - font état d'une tendance à la baisse qui l'aurait amené à un niveau proche de 0 %), la déflation
reste latente.
La financiarisation à outrance des économies n'est pas sans lien avec ce phénomène, en ce qu'elle a
pu contribuer à détourner les liquidités de l'investissement productif, à réduire l'innovation et les gains de
productivité dans la sphère productive.
De même qu'une économie où la croissance est vive ne garantit pas le bonheur de chacun, une
économie qui ne croît plus ne fait pas forcément le malheur de tous. Dans les deux cas, tout dépend de la
répartition des ressources disponibles. Mais si ce qui cause la stagnation est aussi ce qui alimente les
inégalités, c'est bien notre mode de croissance qu'il faut changer. Pas simplement en modifiant les
indicateurs de mesure, mais en repensant ses moteurs.
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