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l'emprunt, la valeur de ce dernier aussi. Si les prix baissent de 0,3 %, comme en Espagne le mois dernier,
votre taux d'intérêt réel sera de 2,3 %, puisqu'il faut soustraire l'inflation... qui est négative. A l'inverse, si
l'inflation était de 2,1 %, comme aux Etats-Unis en juin, votre taux d'intérêt réel serait de – 0,1 %, soit un
taux d'intérêt réel négatif et une véritable incitation à s'endetter !
Le phénomène s'applique de façon similaire pour tous les Etats. Or, dans la zone euro, peu de pays
affichent des finances publiques florissantes, la plupart étant endettés et empruntant donc sur les marchés.
La déflation ne fait donc que compliquer le problème, alors que dans le même temps les recettes de l'Etat,
TVA et impôt sur les sociétés, s'affaissent. Le phénomène est particulièrement difficile à endiguer dans la
zone euro, puisque les taux d'intérêt pratiqués par la Banque centrale européenne sont déjà proches de zéro
(0,15 %).
Pour réagir à la hausse de la dette, les gouvernements peuvent être tentés de réagir en bradant des
actifs publics pour se renflouer, ou en allant plus loin dans la rigueur. Mais le risque est d'alimenter un
véritable cercle vicieux, en pesant encore davantage sur les prix et sur les salaires. La sous-consommation
est l'une des raisons, avec la spéculation des marchés financiers , qui ont expliqué la Grande Dépression
qu'ont connue les Etats-Unis dans les années 1930. Il avait fallu attendre Roosevelt et une politique
d'investissement public pour endiguer la spirale.
***
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Texte 2 : Jézabel Couppey-Soubeyran « Économie : ça repart ou ça stagne ? » Les Echos, 12/09/2016.
Ça frémit, paraît-il, la reprise se profile. Les chefs d’entreprises reprennent un peu le moral en cette
rentrée. Pour s’en persuader, on évitera toutefois de se reporter aux derniers chiffres de l’Insee, car sinon le
moral risque de redescendre en flèche !
0,0 % de croissance du PIB au deuxième trimestre 2016 après +0,7 % au premier trimestre (Insee,
informations rapides n°222, 26 août 2016); les deux moteurs intérieurs, la consommation (0,0 %) et
l'investissement (-0,2 %), déjà au point mort, ne confirmant pas le léger frémissement du premier trimestre ;
un léger mieux pour le solde extérieur, mais entièrement dû au ralentissement des importations (-2 % au
deuxième trimestre), tandis que les exportations sont restées quasi stables (-0,1 %), dans un contexte de
ralentissement du commerce mondial, que les analystes voient de plus en plus comme une rupture de
tendance plutôt qu'un simple creux conjoncturel.
Côté variations de stocks, qui nous renseignent un peu sur les débouchés que les entreprises
prévoient, le fait qu'elles baissent et contribuent négativement à la croissance (-0,7 point de contribution au
PIB au deuxième trimestre 2016) indique clairement que les entreprises préfèrent puiser dans les stocks
existants plutôt que d'en constituer de nouveaux.
En bref, les chiffres de l'Insee ne vont pas dans le sens de la reprise. Les plus optimistes se
rassureront en se disant que ces chiffres ont toujours un temps de retard et qu'ils font systématiquement
l'objet de révisions conséquentes. Restent pourtant quelques raisons... de douter !
Comment pouvait-il en être autrement ?
En France, comme dans le reste de la zone euro, la politique économique, qui a été conduite pour
faire face à la crise a pratiquement reposé tout entière sur la politique monétaire de la BCE. Peut-être cette
dernière nous a-t-elle évité le pire - bien malin celui capable d'évaluer le contrefactuel -, mais force est de
constater qu'elle n'est pas parvenue à réenclencher la croissance du PIB et de l'inflation à un niveau
compatible avec son objectif de stabilité des prix. Ignorant les enseignements de l'histoire économique – à
chaque grande récession, la reprise a nécessité de combiner les impulsions budgétaire et monétaire – la zone
euro a fait le choix de l'austérité budgétaire.