M. Yves R. Morin
Enseigner au collégial : fondements et défis
PED-875, Groupe du Lundi (15h00-18h00)
Travail 1 : Analyse de ses croyances ou conceptions
Travail présenté à
Hélène Allaire, Enseignante et Conseillère pédagogique
Université de Sherbrooke/Cégep Marie-Victorin
Diplôme en enseignement (DE)
Volet collégial
14 octobre 2004
1
TABLE DES MATIÈRES
Introduction page 2
Trois croyances ou conceptions pages 3-5
1. La conviction qu’enseigner = éduquer page 3
2. Conviction et jugement sur le rôle de l’enseignant page 4
3. Le jugement que j’avais des pédagogies de l’enseignement
(Courants pédagogiques et mon éducation) page 5
Conclusion page 6
Annexe page 7
Bibliographie page 8
Grille d’évaluation page 9
2
INTRODUCTION
Je vais débuter avec un peu de terminologie dans le but de bien situer ma réflexion
:
croyance ou conception?
Le mot croyance est souvent utilisé pour parler de ce que l’on croit, de ce à quoi on
adhère, de ce que l’on croit et que l’on sait vrai. Dans ce contexte on parlera, en fait, de
conviction. Le mot conception (associé souvent au mot concept) est utilisé pour décrire
notre façon de concevoir une idée ou un concept (dans notre cas, celui de
l’enseignement). Dans ce contexte on parlera de jugement.
Cette activité réflexive, qui est un bel exemple appliqué de constructivisme, me permettra
de réfléchir sur trois (3) croyances ou convictions de départ qui ont été soit ébranlées ou
confortées à la suite des lectures et discussions en classe.
À la lecture des écrits, ainsi que de quelques textes complémentaires, mon attention a été
attirée autant par une dissonance affective que par une dissonance cognitive. Affective
pour les croyances ou convictions que j’ai cherché à valider, à conforter, à clarifier et à
préciser. Cognitive pour les conceptions ou jugements que je chercherai à modifier, à
améliorer, à arranger et à transformer.
Ce qui m’inquiète, dans le cas des conceptions, c’est que Piaget a clairement
démontré que
« les apprenants disposaient de conceptions préalables construites au
cours de leur existence. Et le problème vient du fait que, souvent, elles résistent aux
apprentissages et qu’on peut les retrouver au terme d’études parfois longues. »
1
Chasser le naturel et il revient au galop
!
Comme dit si bien Piaget,
« L’apprenant n’est pas un verre vide »
2
. Je traiterai de ce sujet en page 5.
J’ai donc choisi de porter mon activité réflexive sur les trois sujets suivants :
1. La conviction qu’enseigner = éduquer ;
2. Conviction et jugement sur le rôle de l’enseignant ;
3. Le jugement que j’avais des pédagogies de l’enseignement
(Les courants pédagogiques et mon éducation).
_______________________________________
1. ASTOLFI, Jean-Pierre. Conférence sur L’usage didactique et pédagogique des conceptions initiales
http://www.ac-rouen.fr/premier_degre/presteia76/astolfi.htm, page 1
2. idem que 1
3
1. La conviction qu’enseigner = éduquer
« L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. »
(Kant)
« On ne peut éduquer sans en même temps enseigner, et vice versa ; et l’éducation sans enseignement est
vide et dégénère en une rhétorique émotionnelle et morale »
3
Voilà un sujet qui me hante depuis mes débuts comme enseignant. Une conviction
certes puisque je crois fermement en cette équation. J’y ai toujours cru d’ailleurs même si
à mes débuts comme enseignant, à écouter des consoeurs plus expérimentées’,
j’ai douté le bref instant d’une session : que St-Jean Baptiste de La Salle
4
me pardonne !
Je suis donc très satisfait d’avoir conforté cette croyance depuis le début de ma formation
au DE et spécifiquement dans le texte d’Antoine Prost.
Comme l’indique, au sens large, l’étymologie latine du mot (e-ducere), éduquer les autres
c’est tirer de l’apprenant des actes personnels et libres. Réfléchir est un acte personnel
et libre, travailler est un acte personnel et libre, construire son savoir est aussi un acte
personnel et libre. N’est-ce pas ce que nous cherchons dans nos nouvelles pédagogies de
l’enseignement : faire réfléchir, faire travailler et aider à construire son savoir ?
Et donc nous éduquons, c’est très manifeste.
L’équation enseigner = éduquer ne date pourtant pas d’hier. D’abord nous la retrouvons
clairement dans le Rapport de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement, 1963,
vol 1 ; mais aussi dans le Rapport Annuel 2000-2001 du Conseil Supérieur de l’éducation.
On en retrouve même des traces importantes dans la pédagogie Salésienne de Don
Bosco, et cela dès le milieu du 19
ième
siècle :
« L’apprentissage se fait au sein des groupes de
jeunes dans leurs « divers milieux », et pas uniquement dans un local de classe. Ils y apprennent le
sens de la vie et …l’école doit être consciente qu’il (l’enseignant) est éducateur, quelle que soit sa
tâche. Le génie de Don Bosco consistait dans le fait qu’il faisait de toute expérience, autant négative que
positive, une expérience éducative.»
5
Pourquoi donc alors, en 2004, des enseignants se refusent-ils à ce rôle
d’éducateur ? Deux (2) réponses :
1. Parce qu’éduquer implique une relation humaine plus intense qu’enseigner et ce, sans
que la relation pédagogique de l’enseignement ne se confonde avec la relation
éducative. Cela exige un doigté que plusieurs ne possèdent peut-être pas. Pourtant, la
relation pédagogique s’installe beaucoup mieux si la relation éducative est confortée et
solide. Non ?
2. Aussi parce que si l’apprenant pose des questions dans le cadre de la relation
pédagogique, les réponses sont inscrites dans le programme et relativement facile
pour qui maîtrise son contenu. Par contre, si les questions sont dans le cadre de la
relation éducative, les réponses ne sont pas si certaines, claires et faciles.
La relation éducative serait-elle plus facile à l’aube de la cinquantaine ?
Cette équation est-elle plus facile à accepter avec l’expérience ? Je crois que oui.
_______________________________________
3. ARENDT, Hannah, La crise de L’éducation, p251, collection FOLIO ESSAIS, Ed.mars 1989
4. Fondateur de l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes, Patron des Enseignants chrétiens, né en 1651 à Reims. Il fût
proclamé Patron des enseignants le 15 mai 1950.
5. http://www.donboscocanada.org/francais/pedago/
4
2. Conviction et jugement sur le rôle de l’enseignant
Un bon professeur « c’est d’abord quelqu’un qui a établi de bons rapports avec eux (les élèves). »
6
« L’art d’enseigner, c’est d’abord l’art de se taire …»
7
« Nous avons tous connu des enseignants qui ont changé nos vies. »
8
Dans mon cahier d’apprentissage, à la section de l’atelier ‘partir du connu’ effectué au
premier cours, je définissais mon rôle d’enseignant comme ceci et je cite :
« mon le est d’accompagner les étudiants, de les aider à apprendre et leurs transmettre un savoir. »
Je sais maintenant, suite à mes lectures, que le 1/3 de cette affirmation n’est pas
conforme parce qu’entachée d’une conception, d’un jugement : celui que lenseignant doit
transmettre un savoir. Si je travaillerais à cet atelier aujourd’hui, la citation deviendrait :
« mon rôle comme enseignant est d’accompagner les étudiants, de les aider à apprendre et à travailler et
de leurs transmettre de l’information pour qu’ils construisent un savoir. »
« Le professeur est un jardinier qui n’essaie pas de pousser à la place de ses plantes.»
9
(Ulric Aylwin)
Citation pertinente s’il en est une et elle me porte à conclure que je devrai faire plus
d’efforts de réflexions dans l’application de mon enseignement futur. Comment faire
travailler mes étudiants de façon significative pour qu’ils construisent un savoir ?
Depuis le début de ma formation au DE, chaque cours que je donne semble un véritable
casse-tête qui se résume à ceci : quoi préparer comme activités durant ces 3 heures pour
que mes étudiants apprennent à pousser et comment me taire le plus possible pour les
faire travailler. Nous le savons maintenant, enseigner est un acte professionnel et
complexe et Marielle Pratte nous en a tissé un portrait complet dans Pédagogie
collégiale. Mais au-delà de la rhétorique de la définition de l’enseignement, dans
l’application pratique de cet acte professionnel par l’enseignant ; je peux maintenant définir
mon rôle comme enseignant.
Et mon rôle comme enseignant, je l’ai formulé sous la forme de ce que j’appelle les 10
commandements de l’enseignant (voir l’annexe de la page 7). À vrai dire, j’ai pris la
décision très difficile et mûrement réfléchie d’arrêter d’enseigner. Et oui, je prend ma
retraite de l’enseignement classique et je vais modeler une des mes idoles,
Albert Einstein, qui disait ceci de son métier d’enseignant : « Je nenseigne rien à mes
élèves ; j’essaie seulement de créer les conditions dans lesquelles ils peuvent apprendre.»
Comme le disait Paul Valéry : « Tu ne m’apprends rien si tu ne m’apprends à faire les
choses. » Enseignants de ce monde, il faut modifier vos façons traditionnelles d’enseigner
car ;
« les cours magistraux sont temps perdu et les notes prises ne servent jamais.»
10
Et ne vous
targuez pas de vos taux de réussite dans vos cours car la seule différence entre vos
étudiants qui réussissent et ceux qui échouent ; c’est qu’ils oublieront après l’examen plus
tôt qu’avant.
« Certes, je n’ai rien appris que je ne sois parti, ni enseigné autrui sans l’inviter à quitter
son nid…Qui ne bouge napprend rien. » Michel Serres, Le Tiers-Instruit
_______________________________________
6. LELOUP, Stéphane, Les représentations du professeur ‘idéal’, Thèse de doctorat
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/decalage_prof.htm, page 1
7. HUOT, Annette, L’art d’enseigner, c’est d’abord l’art de se taire, Pédagogie collégiale, Octobre 2002, Vol. 16, n.1, page 27
8. TIRÉ À PART, Les finalités et les valeurs de l’éducation, Pédagogie collégiale, Mars 2002, Vol. 15, n. 3, page 47
9. HUOT, Annette, L’art d’enseigner, c’est d’abord l’art de se taire, Pédagogie collégiale, Octobre 2002, Vol. 16, n.1, page 27
10. ALAIN (1998), Propos sur l’éducation, Paris, PUF, 4
ième
édition, p.94
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