La discipline positive expliquée aux parents Par : Suzanne Dixon, M. D., M. P. H. La discipline constitue un sujet de préoccupation majeur pour les parents d'enfants en bas âge. Nous tenons à ce que nos enfants soient bien élevés, mais il n'est pas facile d'obtenir ce résultat sans brider leur créativité, leur joie de vivre ou leur confiance en soi. La mise en œuvre de balises disciplinaires éveille presque toujours de vieux "fantômes de pouponnière" qui ne demandent qu'à revenir nous hanter, nous troubler, nous faire douter de nous. Cette expression de Selma Fraiberg, une spécialiste bien connue du développement de l'enfant, recouvre tous les souvenirs d'enfance, les expériences vécues et les modèles de pensée et de comportement que chacun et chacune d'entre nous porte en soi et que nous faisons intervenir dans l'exercice de nos rôles parentaux. Or, ces fantômes de pouponnière nous compliquent singulièrement la tâche : à cause d'eux, nos paroles et nos actes s'écartent parfois de nos convictions et sentiments profonds. Apprendre et enseigner Fixer des limites avec amour Approuver pour éduquer Que faire quand la discipline ne fonctionne pas ? Vos questions les plus fréquentes et l'avis de nos experts Apprendre et enseigner Discipliner, c'est enseigner, pas punir. Notre objectif dans ce domaine devrait être d'apprendre à nos enfants comment se comporter, garder le contrôle d'eux-mêmes et respecter les autres. Mon expérience m'a prouvé maintes fois le fait suivant : pour déterminer les stratégies d'apprentissage à mettre en œuvre, les parents doivent définir très clairement ce qu'ils veulent inculquer à leur enfant et tenir compte de son stade de développement et de ses capacités de compréhension. Du point de vue de l'enfant, plus le message reçu est simple et plus la relation entre l'action et ses conséquences est immédiate et limpide, plus l'apprentissage est aisé. Fixer des limites avec amour Contrairement à ce que l'on entend souvent dire, les enfants aiment être encadrés. La discipline ne les rebute pas, à condition qu'elle soit administrée avec cohérence et amour. Ils se sentent beaucoup plus en sécurité quand ils connaissent les règles et qu'ils savent ce qui se produira s'ils les enfreignent. En effet, ils peuvent alors s'adonner entièrement à leurs jeux et à leurs explorations quotidiennes car ils ont une idée claire des limites à ne pas franchir. Parmi tous les enfants que je rencontre dans le cadre de ma pratique, les plus angoissés sont ceux qui sont soumis à une discipline trop clairsemée ou fluctuante. Ils galopent en tous sens, importunent leur entourage, se montrent insolents et grossiers, frappent, jurent et testent de mille et une autres manières les limites des adultes et des autres enfants dans l'espoir de discerner les bornes à ne pas dépasser et de trouver quelqu'un qui les encadrera et pilotera leur univers. Les petits sont toujours effrayés de posséder un pouvoir trop grand pour eux. Après l'amour, la discipline constitue donc le cadeau le plus précieux que l'on puisse offrir à un enfant. Approuver pour éduquer La plupart des enfants aspirent à faire ce que leurs parents attendent d'eux. L'amour et l'attention des parents étant les facteurs de motivation les plus puissants qui soient pour lui, le garçonnet ou la fillette met tout en œuvre pour les obtenir. Les difficultés surgissent en général quand les parents donnent trop peu d'attention à leurs enfants ou qu'ils insistent exagérément sur les comportements fautifs sans remarquer ni souligner ce que les petits font pour leur être agréables. Très souvent, les problèmes de discipline se règlent d'euxmêmes dès que les parents changent leur optique pour accorder plus d'importance aux comportements positifs tout en ignorant, délibérément et en toute connaissance de cause, certaines espiègleries ou bêtises. Les récompenses (gâteries, autocollants sur un tableau, activités modelant le comportement, etc.) s'avèrent très utiles pour montrer à l'enfant comment se conduire. Le moyen le plus efficace d'atteindre ce but consiste toutefois à approuver l'enfant quand il agit correctement et à lui montrer ainsi qu'il est capable de faire ce que son entourage attend de lui. Ces "récompenses intérieures" sont les plus cruciales : elles permettent à l'enfant de prendre confiance en lui, de se sentir fier de lui et de s'outiller pour relever les défis ultérieurs que la vie lui lancera. Que faire quand la discipline ne fonctionne pas ? Certains parents ont envers leur enfant des exigences démesurées par rapport à son stade de développement ou aux circonstances. Voici une liste des cas que je rencontre le plus souvent dans ma pratique, ainsi que certaines stratégies qui vous aideront à obtenir des résultats plus convaincants. • Les parents donnent des instructions trop vagues. "Tiens-toi bien" ou "Sois sage"... Un enfant de moins de 10 ans ne peut pas vraiment comprendre ce genre de requêtes. Soyez précis : indiquez clairement ce que vous voulez que votre enfant fasse. Par exemple : "Arrête de crier", ou encore : "Ce camion appartient à Lionel. Rends-le-lui immédiatement !" • La tâche est trop compliquée ou trop difficile pour l'enfant. "Range ta chambre !" : les enfants en bas âge peuvent difficilement comprendre une telle injonction, encore moins s'y conformer. Ils sont par contre parfaitement en mesure de vous suivre si vous leur dites : "Mets tes cubes dans ton coffre" ou : "Dépose tes vêtements dans le panier." À force de s'acquitter correctement de tâches modestes, l'enfant prend confiance en lui et peut s'attaquer à des missions de plus en plus complexes. • L'enfant ne comprend pas le lien entre son comportement et la récompense ou la punition qui en résulte. Si la réprimande survient trop longtemps après la bêtise, l'enfant ne peut pas saisir le lien de cause à effet entre les deux événements ni, par conséquent, modifier son comportement. De la même façon, il est complètement inutile de récompenser un enfant de trois ans le samedi pour toutes ses bonnes actions de la semaine car sa mémoire et son appréhension du temps ne sont pas assez développées pour lui permettre de comprendre ce qui lui vaut le cadeau ou les félicitations. Plus l'enfant est jeune, plus la conséquence de ses actes doit être immédiate. • Les parents attendent trop de l'enfant. Très jeunes, les enfants apprennent qu'un "Non !" ferme signifie que leur comportement est inacceptable et qu'ils doivent arrêter tout de suite. Toutefois, ils ne sont pas forcément en mesure d'agir autrement si la tentation reste présente. Ainsi, les boutons du magnétoscope constituent une tentation de premier ordre pour le tout-petit, et ils continueront de l'attirer tant que vous ne l'éloignerez pas de la machine. • L'enfant est bombardé de "Non !" Si l'enfant évolue jour après jour dans un océan d'interdictions, il finit tout naturellement par ne plus leur prêter la moindre attention. Il est important que les parents définissent l'importance relative des différents interdits et qu'ils les implantent graduellement, un (ou quelques-uns) à la fois. Je conseille à cet égard de modifier en premier lieu les comportements qui mettent en danger la vie de l'enfant, qui peuvent le blesser ou qui risquent de causer des dégâts matériels majeurs. Les disputes concernant la nourriture ne font jamais que des vaincus; celles qui portent sur les vêtements ne valent généralement pas l'énergie qu'elles exigent. • L'enfant est à bout. Votre fille ou votre fils est fatigué, affamé, fâché ou stressé ? Laissez la discipline pour plus tard. Décrétez une pause et fournissez à votre enfant ce dont il a besoin dans l'immédiat : une sieste, un goûter, un câlin. Vous obtiendrez ensuite de bien meilleurs résultats au chapitre de la discipline. • Le parent est à bout. Quand vous êtes aussi fâché ou contrarié que votre enfant, voire plus que lui, vous n'êtes pas dans de bonnes dispositions pour lui enseigner quoi que ce soit de valable ! Accordez-vous un répit. Les enfants doivent savoir que leurs parents peuvent réagir d'une manière émotive à leurs comportements — notamment, ils évaluent les conséquences de leurs attitudes aux expressions de visage, à la voix et aux gestes des gens qui les entourent — mais méfiez-vous des débordements. Si vous réagissez d'une manière excessive, vous prendrez peur autant que vous effrayerez votre enfant et vous regretterez vos paroles et vos gestes dès que vous aurez retrouvé votre calme.