Chapitre VI, page 5
A la phase aiguë, une anticiagulation efficace et permanente est obtenue par la perfusion
continue d'héparine à des doses variant entre 400 et 600 mg par 24 h en fonction du
poids du patient et permettant d'obtenir un temps de coagulation activé compris entre 2 et
3 fois la valeur du témoin. En deçà, le risque de récidive n'est pas supprimé ; au delà un
risque hémorragique iatrogène est introduit. Après quelques jours, on peut prendre le relai
par de l'héparinate de calcium administré par voie sous-cutanée, 2 fois par 24 h ; un
contrôle d'hémostase (temps de coagulation activé) est réalisé 6 heures après l'injection
pour maintenir la valeur du teste choisi autour de 2 fois la valeur du témoin. Une fois la
dose correcte déterminée, il n'est plus nécessaire de contrôler l'hémostase.
Après la phase aiguë, c'est-à-dire lorsque le patient quitte l'hôpital, un problème se pose
: celui de l'arrêt du traitement anticoagulant par l'héparinate de calcium sous-cutané.
Lorsque l'embolie pulmonaire complique une cause ponctuelle (intervention chirurgicale
par exemple), le traitement anticoagulant peut être arrêté lorsque le patient a repris son
activité normale. A l'inverse, lorsque la cause n'est pas clairement déterminé ou
lorsqu'elle persie, il est habituel de continuer le traitement plus longtemps. Au delà de
quelques semaines, pour des problèmes pratiques, le maintien d'un traitement
anticoagulant ne peut s'envisager que sous forme orale, par l'utilisation d'antivitamines K,
anticoagulants imparfaits.
Désobstruction artérielle pulmonaire
L'accident embolique est habituellement d'un excellent pronostic, lorsque le diagnostic est
fait et lorsqu'un traitement anticoagulant efficace est institué. Dans l'immédiat, et sous la
poussée du ventricule droit, les caillots se fragmentent et leur topographie se modifie ce
qui permet de limiter les conséquences mécaniques de l'obstruction artérielle. Puis la
fibrinolyse physiologique entre en jeu et aboutit à une reperméabilisation du lit artériel
pulmonaire, qui peut déjà être presque complète vers le 15ème jour d'évolution, mais qui
demande habituellement un délai plus long pour être totale.
Des accidents emboliques massifs, qui sont souvent des récidives à court terme d'un
acccident initial non diagnostiqué, peuvent conduire à une situation extrèmement critique
réfractaire aux mesures thérapeutiques habituelles où la désobstruction artérielle
pulmonaire revêt un caractère d'urgence extrème car cette situation ne peut pas se
prolonger au-delà d'une heure ou deux. Seule l'embolectomie chirurgicale permet cette
désobstruction, mais plus l'indication est justifiée, moins le patient a de chances de
pouvoir l'attendre. Compte-tenu des moyens à mettre en oeuvre et de l'activité des
services de chirurgie cardiaque, l'embolectomie sous CEC en urgence est devenue de fait
quasi impraticable.
La thrombolyse médicamenteuse permet d'obtenir une reperméabilisation artérielle
pulmonaire plus rapide que ne le réalise la fibrinolyse physiologique. C'est un traitement
qui est donc proposé au décours d'une embolie pulmonaire massive. Il n'est cependant
pas démontré que ce traitement influence la mortalité, et son coût est très élevé. Certains
auteurs pensent que la thrombolyse médicamenteuse permet aussi d'obtenir une
reperméabilisation plus complète, mais ceci n'est pas démontré. Le traitement
thrombolytique comporte un risque beaucoup plus élevé d'accident hémorragique que le
traitement héparinique seul, dont il ne dispense pas. Il peut améliorer cependant le confort
d'un patient atteint de CPA, qui restera dyspnéique au moindre effort pendant plusieurs
jours sous traitement héparinique seul. Il faut savoir aussi que ce traitement a été accusé
de provoquer des récidives graves et précoces en favorisant la migration d'un thrombus
cave inférieur.
Traitement symptomatique
Il existe des cas où un traitement symptomatique supplémentaire est utile : détresse
respiratoire, détresse circulatoire nécessitant un traitement de réanimation, mais qui peut
être efficacement précédé par l'administration d'oxygène nasal pendant le transfert.
Méthodes d'interruption de la veine cave inférieure
Ces méthodes ont été proposées lorsque des récidives surviennent malgré un traitement
anticoagulant efficace. A la phase aiguë, lorsque le patient reçoit de l'héparine, cette
éventualité est tout à fait exceptionnelle. Par contre, il y a des patients qui, malgré un
traitement au long cours, font des récidives d'embolie pulmonaire. L'interruption cave leur
est parfois proposée, mais elle comporte ses propres inconvénients, et ne met pas