L’impact des taux d’intérêt sur la valeur marchande des immeubles Janvier 2013 Bulletin Focus Prévoir l’avenir est un don que bien des investisseurs aimeraient posséder. La majorité des acteurs financiers qui ont du succès basent leurs analyses sur des observations du marché et prennent des risques sur leurs prévisions des années à venir. À Québec, comme dans bien d’autres marchés au Canada, les immeubles commerciaux ont connu de fortes hausses depuis ces 10 dernières années. Les bons investisseurs ont donc su profiter du contexte favorable et, dans bien des cas, ont pu se positionner avant même que les conditions soient évidentes pour tous. Les taux d’actualisation sont à la baisse depuis plus de cinq ans, et ce, pour différentes raisons. La croissance des taux de location, la faiblesse des taux d’inoccupation et la présence de capitaux sur le marché expliquent en grande partie cette baisse. Il faut également ajouter à cela un élément majeur présent dans la plupart des investissements, soit les conditions de financement. Quel est l’impact exact de la variation du taux d’intérêt? Cette variation peut-elle affecter rapidement la valeur des immeubles? Le taux global d’actualisation (TGA) est un taux composite qui incorpore un taux de rendement sur l’investissement et un taux qui doit permettre de récupérer l’investissement ou de rembourser les emprunts. En termes mathématiques, le TGA est égal à M x Rm + (1-M) Re où M représente la quantité de financement, Rm signifie la constante hypothécaire et Re représente le rendement sur la mise de fonds. Évidemment, le rendement qu’un investisseur exigera sur sa mise de fonds peut être influencé par bien des facteurs, dont le rendement d’autres véhicules de placement, le risque lié au bien immobilier, le marché où se trouve l’immeuble et les perspectives d’avenir. Toutefois, une grande partie du TGA est influencée par un élément indépendant de la volonté de l’investisseur, soit le taux d’intérêt exigé par tout prêteur. Ce facteur a une influence prépondérante dans un investissement. Ces dernières années, tant dans la région de Québec que partout au Canada, les valeurs des immeubles commerciaux ont connu des hausses substantielles. La décroissance historique des taux d’intérêt, combinée à une économie peu affectée par la crise économique mondiale, une demande croissante de locaux commerciaux et une augmentation des taux de location, explique la vigueur du marché. Mais qu’arrivera-t-il lorsque la tendance baissière des taux d’intérêt s’inversera? De deux choses l’une, les rendements exigés diminueront ou le TGA augmentera, affectant ainsi la valeur des propriétés. La première hypothèse est peu réaliste. En fait, pour un TGA constant, chaque augmentation d’un point de pourcentage du taux d’intérêt se traduira par une diminution moyenne de 2 % du rendement sur investissement. L’impact est donc important. Bulletin Focus – janvier 2013 – page 1 de 2 Une croissance des taux d’intérêt sera inévitablement combinée à une reprise économique. Dans une telle situation, les rendements offerts dans d’autres véhicules de placement (ex. : marché boursier) seront aussi à la hausse. Les investisseurs auront d’autres opportunités offrant une meilleure rentabilité et n’accepteront pas une baisse de leur rendement uniquement pour le plaisir d’investir dans l’immobilier. La seconde hypothèse considère que le rendement exigé devra être constant peu importe la variation des conditions de financement. Ainsi, une variation d’un point de pourcentage du taux d’intérêt causera une augmentation moyenne du TGA de ½ %. Pour des revenus constants, la valeur sera nécessairement affectée. Actuellement, tant au Canada que chez nos voisins du sud, aucune croissance rapide des taux d’intérêt n’est à prévoir. L’automne dernier, monsieur Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, a annoncé sans surprise que le taux directeur canadien devait demeurer inchangé au moins jusqu’au troisième trimestre de 2013. Aux États-Unis, monsieur Ben Bernanke, gouverneur de la Fed, a annoncé que le taux directeur américain devait se maintenir entre 0 % et 0,25 %, et ce, au moins pour les deux prochaines années. La tendance actuellement observée sur les marchés est donc des taux d’intérêt stables à un niveau historiquement bas et, qui plus est, des taux de financement à long terme en légère décroissance. À moins d’une reprise économique fulgurante en Amérique du Nord, le contexte semble rester très favorable aux investissements immobiliers dans des marchés moins affectés par la crise économique mondiale. Pour ces raisons, plusieurs marchés canadiens sont aujourd’hui prisés par des investisseurs étrangers, ces mêmes marchés qui, il y a quelques années encore, ne créaient aucun émoi chez ces investisseurs. Nous pouvons d’ores et déjà prévoir que pour les prochaines années, la valeur des immeubles commerciaux ne sera pas affectée par les conditions de financement. Dans les marchés dynamiques où les taux de location sont à la hausse et ceux d’inoccupation, à la baisse, nous pouvons penser que les valeurs des immeubles connaîtront encore une croissance. Le temps est donc toujours propice à la réalisation de nouveaux projets. Ajoutons qu’une hausse des taux d’intérêt n’affectera pas rapidement la valeur des immeubles. L’investissement immobilier est un véhicule de placement peu sujet à des liquidations rapides des actifs. Les investisseurs prudents sauront profiter de l’opportunité des faibles taux de financement à long terme de leurs actifs pour maintenir sur plusieurs années encore de bons rendements. Steven Lavoie, É.A. Directeur principal 418 627-3521, poste 219 [email protected] Bulletin Focus – janvier 2013 – page 2 de 2