PUBLIC
Document non contractuel destiné aux investisseurs professionnels au sens de la Directive Européenne MIF
La BCE prend des mesures énergiques, mais laisse augurer
des baisses de taux d’intérêt plus limitées à l’avenir
La Banque centrale européenne a surpris les marchés en
adoptant des mesures de stimulation plus énergiques que
prévu. La BCE a tout d’abord réduit ses trois taux d’intérêt
directeurs : le taux des opérations principales de
refinancement, réduit de 5 pb, à 0 %, le taux de prêt
marginal, réduit de 5 pb, à 0,25 %, et le taux de la facilité de
dépôt, réduit de 10 pb, à -0.4 %.
La BCE a également annoncé l’introduction prochaine de
quatre nouvelles opérations trimestrielles de refinancement
ciblées à plus long terme (TLTRO II), chacune à échéance
de quatre ans.
Le programme mensuel d’achat d’actifs sera porté de 60
milliards d’euros par mois à 80 milliards à compter d’avril
2016.
À partir du 2ème trimestre 2016, l’univers des titres éligibles
au programme d’achat d’actifs sera étendu grâce à l’ajout
des emprunts d’entreprise de qualité investment grade.
La BCE a revu à la baisse ses prévisions de croissance et
d’inflation. La croissance du PIB est désormais prévue à
1,5 % en 2016 contre 1,7 % précédemment, et à 1,8 % en
2017 contre 1,9 % précédemment. L’inflation prévisionnelle
est ramenée à 0,1 % en 2016 contre 1,0 % précédemment,
et à 1,3 % en 2017 contre 1,6 % précédemment.
Les modifications de politique monétaire annoncées
aujourd'hui devraient contribuer à un assouplissement des
conditions de crédit dans la zone euro. Cela dit, l’effet de
ces mesures devrait être atténué par d’autres contraintes,
notamment les exigences de fonds propres des banques. Il
est également impossible de dire dans quelle mesure la
reprise en cours dans la zone euro est liée à un accès
facilité au crédit. Une évolution significative des perspectives
de croissance et d'inflation est donc peu probable à ce stade.
La BCE surprend favorablement
Après avoir déçu en décembre, la BCE a adopté des mesures
de stimulation supérieures aux attentes du marché lors de sa
réunion du 10 mars. Elle a réduit ses trois principaux taux
d’intérêt, à savoir le taux des opérations principales de
refinancement, réduit de 5 pb à 0 %, le taux de prêt marginal,
réduit lui aussi de 5 pb à 0,25 %, et le taux de la facilité de
dépôt, réduit de 10 pb à -0.4 %. La BCE a également mis à
jour ses indications pour l’avenir, en précisant que les taux
directeurs « resteront à leurs niveaux actuels, voire à des
niveaux inférieurs, pendant une période prolongée et bien au-
delà de l'horizon de notre programme d'achat d'actifs ».
La banque centrale a également annoncé l’introduction de
quatre nouvelles opérations trimestrielles de refinancement
ciblées à plus long terme (TLTRO II), chacune à échéance
quatre ans, lorsque le programme TLTRO actuel prendra fin
en juin. Ce programme permet aux banques d’emprunter au
taux de refinancement de la BCE lorsqu’elles remplissent leurs
objectifs en matière de prêts. Mario Draghi a annoncé que
pour des niveaux de prêt supérieurs aux objectifs, les banques
pourront emprunter à un taux pouvant être aussi bas que le
taux de la facilité de dépôt, sans qu’un remboursement
accéléré obligatoire ne s’applique. Dans la version originale du
programme, les banques qui n’avaient pas atteint leurs
objectifs de prêt étaient tenues de rembourser les fonds
empruntés dès avril 2016
. Les banques pourront basculer du
programme TLTRO actuel au programme TLTRO II, dont les
conditions semblent plus favorables, ce qui devrait les inciter
davantage à accorder des financements.
Le programme mensuel d’achat d’actifs est porté de
60 milliards d’euros par mois à 80 milliards à compter d’avril
2016. La BCE a également décidé d’étendre l’univers des
titres éligibles au programme : elle commencera à acheter des
emprunts d’entreprises non-bancaires de qualité investment
grade à la fin du 2T 2016, et les plafonds par
émission/émetteur seront relevés de 33 % à 50 % pour
certains titres.
En revanche, aucune prolongation du programme n’a été
annoncée explicitement (les marchés tablaient sur une
prolongation de 3-6 mois). On notera également l’absence
d’un taux de dépôt par tranches sur les réserves excédentaires
des banques déposées à la BCE. Enfin, la clé de répartition du
capital de la BCE est inchangée et le taux de la facilité de
dépôt continuera de servir de taux plancher pour les achats
d’actifs.
La BCE explique le renforcement de sa politique de stimulation
par l'affaiblissement des perspectives de croissance sur les
trois derniers mois, et par la baisse notable des anticipations
d’inflation. La banque centrale a revu en baisse ses prévisions
de croissance pour 2016 et 2017, ramenées à 1,4 % et 1,7 %
respectivement (contre 1,7 % et 1,9 % précédemment). Pour
2018, la BCE table sur une croissance de 1,8 %. On retiendra
que la prévision d’inflation des prix à la consommation (IPC)
est réduite de manière très sensible, à 0,1 % en 2016 (1,0 %
précédemment) et à 1,3 % en 2017 (1,6 % précédemment).
Pour 2018, la BCE table sur une inflation IPC de 1,6 %.
Conclusion : pour une quatrième année consécutive, l’inflation
n’atteindra pas en 2016 (ni en 2017) l’objectif plafond fixé par
la BCE, soit 2 % cette année.
Lors de sa conférence de presse, Mario Draghi a signalé que
la BCE ne prévoyait aucune nouvelle baisse de ses taux
compte tenu de ses perspectives actuelles. Il a également fait
valoir que la complexité du système bancaire de la zone euro
n’incitait pas à l'adoption de taux de dépôt par tranches. Enfin,
après avoir souligné que la BCE ne partageait pas les
inquiétudes de ceux qui pensent que les taux d'intérêt négatifs
risquent de peser sur la rentabilité des banques, Mario Draghi
a indiqué que la politique de la banque centrale mettrait
Les TLTRO ont été annoncés en juin 2014. La première attribution aux
enchères a eu lieu en septembre 2014.