L’essai se perd malheureusement à un moment donné dans des clichés assez surprenants et – si on
connaît bien la France et l’Allemagne presque révoltants. Les deux pays seraient en fait totalement
contraires: un »esprit latin« contre un »esprit nordique« par exemple, ou encore la »grandeur« contre
la »culpabilité« et le »volontarisme« contre un »respect des règles«. Le lecteur cherchera à associer
quelles descriptions correspondent à quel pays. Mais établir une grille d’observation pareille c’est
tomber dans la caricature et dans des catégories simplifiées et dépassées.
Cette première partie, logique, avec quelques points ambigus est suivie par la deuxième qui veut
proposer »des mesures concrètes pour relancer« le »couple«. Et c’est ici que commence les vrais
problèmes car les propositions des deux auteurs sont insuffisantes. D’abord, il faut noter la brièveté
des propos. En effet, les mesures »concrètes« prennent exactement 20 pages de l’essai. Cependant,
la première partie dont a été fait la critique un peu plus haut compte plus de 60 pages. Cette inégalité
des parties reflète parfaitement l’insuffisance de ces huit propositions.
La moitié des mesures se consacrent à l’éducation. Pourquoi? Gustin et Martens suggèrent qu’il faut
repositionner l’Office franco-allemand de la jeunesse, créer un modèle éducatif plus intégré
d’établissements scolaires des deux pays, renforcer la maîtrise de la langue du partenaire et favoriser
le développement de filières bilingues post-bac dans l’enseignement professionnel. Ici, l’essai se lit
quasiment comme un pamphlet contre la réforme du collège en France prévu pour la rentrée 2016 par
la ministre de l’Éducation nationale Mme Vallaud-Belkacem. Néanmoins, cette critique est injuste. Le
but de la réforme n’est pas de supprimer les cours d’allemand mais d’augmenter le nombre d’élèves
apprenant l’allemand. Que la presse (allemande) ait compris le contraire est dû à une mauvaise
communication de la part du gouvernement français et à l’hystérie des médias allemands qui y ont vu
une aubaine, d’où aussi les titres assez dramatiques comme par exemple »Au revoir,
Goethe« (»Spiegel Online«, 21/04/2015). La réforme supprime les classes bilangues actuelles à
cause de leurs inégalités et les remplace par des classes bilangues de »continuité«, donc pour des
enfants qui ont choisi d’apprendre une première langue étrangère depuis le CP. S’agissant de
l’allemand, la possibilité de l’apprendre en première langue dès l’école primaire est assurée sur tout le
territoire grâce à une nouvelle carte académique des langues. L’apprentissage sera même encouragé
avec la garantie apportée aux enfants concernés qu’ils pourront commencer l’anglais en deuxième
langue vivante dès la classe de sixième. Cela explique aussi pourquoi le recrutement des professeurs
d’allemand est en augmentation.
Avec cette correction l’argumentation des deux auteurs s’écroule. Seule peut être jugée intéressante
la dernière proposition sur l’enseignement professionnel. Sans aucun doute il faut renforcer le franco-
allemand sur ce niveau – mais cela déjà depuis quelques années. Non seulement le niveau des
apprenants et apprentis mais aussi celui des adultes, en créant par exemple un Office franco-
allemand pour la formation continue et la mobilité professionnelle des adultes.
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