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revenu réel disponible, jetant les bases d'une amélioration
ce trimestre. Tout en évitant de faire preuve d’un
enthousiasme excessif, nous estimons que le rebond du
PIB est néanmoins amorcé.
En revanche, le secteur manufacturier semble en plus
mauvaise posture. La confiance des entreprises régionales
et l'indice PMI manufacturier Markit ont reculé. Les
commandes de biens durables font du surplace depuis mi-
2013 et celles de biens d’équipement (hors défense et
aéronautique), qui peuvent servir d'indicateur des dépenses
d'investissement, dégringolent maintenant depuis six mois
consécutifs. Parmi les obstacles du secteur figurent
l'abondance des stocks, la faiblesse des ventes aux
entreprises et l'appréciation du dollar américain. En outre,
les fournisseurs d'énergie sont toujours en train de
s'adapter à la baisse de la production pétrolière et des
investissements dans l'énergie.
LA FED RELÈVERA-T-ELLE POUR AUTANT LES TAUX
CE MOIS-CI ?
La Fed a poursuivi ses efforts en préparant les marchés à
un nouveau tour de vis. La présidente de la Fed, Janet
Yellen, a déclaré probable un nouveau relèvement des taux
dans les prochains mois. Ces propos font écho avec ceux
du gouverneur Powell, qui prévoit l'imminence d'un nouveau
resserrement. Le président de la Fed de St Louis et
membre du Comité fédéral de l'Open Market, James
Bullard, estime que les marchés sont à présent bien
préparés.
Quels facteurs empêcheraient cette hausse des taux ? Il se
peut que la Fed souhaite juste disposer de cette option pour
durcir sa politique sans trop troubler les marchés.
Cependant, en n'agissant pas après avoir envoyé de tels
signaux, la Fed éprouvera d'autant plus de difficultés à
contredire les sceptiques à l'avenir. Bien entendu, les
chiffres économiques pourraient s'avérer trop faibles pour
justifier une hausse des taux. Après tout, la Fed a
régulièrement souligné que ses décisions monétaires
s'appuyaient sur les données reçues. Le rapport de mai sur
l'emploi qui sera publié vendredi est à ce titre crucial. Un
recul de l'emploi combiné à un repli du chômage suffira
peut-être à la Fed. Enfin, il ne faut pas oublier le référendum
britannique du 23 juin sur le maintien dans l'UE, mentionné
explicitement comme un risque dans le compte rendu de la
réunion du FOMC d'avril. Compte tenu de ces facteurs,
nous pensons que la Fed relèvera ses taux en juin, bien
qu'un report en juillet ne soit pas exclu.
LA CONFIANCE REVIENT DANS LA ZONE EURO
La croissance s'est avérée solide au premier trimestre, au
point que nous doutons qu'un tel rythme perdure. La
semaine dernière, nous avons fait état de l'évolution
décevante de l'indice PMI manufacturier de la région. Cette
semaine, nous avons constaté que celui des services était
resté inchangé à un niveau légèrement inférieur à celui de
la fin de l'année dernière. Dans l’ensemble, les indices PMI
sont apparus plutôt abattus. Ainsi, le redressement plus fort
que prévu de l'indice du climat économique a constitué une
bonne nouvelle. Au niveau actuel, l'indice suggère une
croissance supérieure à la tendance soutenue par un retour
de la confiance, ce qui conforte notre vision d'une
croissance tirée par la demande intérieure.
La conjoncture n'est pas rose pour autant. La remontée du
cycle du crédit a stoppé net dernièrement, ce qui a de quoi
décevoir compte tenu de toutes les mesures de relance
monétaire engagées, de la convergence des taux d’emprunt
bancaires entre les États membres de la zone euro et de
l'assouplissement des conditions de crédit par les banques.
Le chômage n'enregistre globalement qu'une baisse très
modeste, et, plus inquiétant encore, il est même resté quasi
inchangé en Italie depuis juillet dernier. Les indicateurs
avancés sont mitigés. Avec une croissance modeste, l'Italie
éprouvera énormément de difficultés à combler son déficit
budgétaire et à abaisser son ratio d'endettement élevé.
QUELLE SERA DÈS LORS L'ÉVOLUTION DES TAUX DE
LA BCE ?
Pour l'heure, nous ne prévoyons aucun changement. La
BCE est en train d'adapter son programme d'achat d'actifs
pour inclure les obligations d’entreprises et la croissance du
PIB semble assez vigoureuse dans l'ensemble. Le
programme d'emprunts bancaires à long terme, qui
permettrait, à certaines conditions, aux banques
d'emprunter des fonds à des taux d'intérêt négatifs auprès
de la BCE, est aussi dans les cartons. Cependant, l'inflation
est encore trop faible et le marché craint que les prévisions