fonctionnement du SEBC (système européen de banques centrales) mais aussi les objectifs de la
politique monétaire qui doit tenir compte d'un taux d'inflation agrégé vraisemblablement en hausse.
Rappelons ici la mise en place, lors des "sommets" de Dublin en 1996 et d'Amsterdam en 1997, d'un
SME-bis ou plutôt MCE II pour limiter par rapport à l'euro les marges de fluctuation des monnaies
des pays "out" ou "pré-in" de façon à prévenir tout risque de dévaluation compétitive. Ce mécanisme
de change trouve ainsi sa véritable utilité lors de l'élargissement puisque, au départ, seuls le
Danemark et la Grèce (jusqu'au 1er janvier 2001) l'ont pratiqué.
Il se peut que les nouveaux membres cherchent à adhérer le plus vite possible à l’euro, pour bénéficier
des avantages d’une baisse de leurs taux d’intérêt domestiques, et pour bénéficier des investissements
que sont prêtes à y faire les multinationales qui n’auraient plus à supporter le risque de change. Mais
ces pays sont loin de respecter les critères de convergence et beaucoup de temps peut être nécessaire
pour qu’ils deviennent « euro-compatibles », et, même si leur poids économique est relativement
faible (l’adhésion du Royaume-Uni à l’euro aurait une portée autrement plus importante), la zone
euro va devenir de plus en plus hétérogène et l’euro se diluer dans l’élargissement ; surtout que celui-
ci doit se poursuivre en 2007 avec l’entrée de la Bulgarie, la Roumanie puis la Croatie. En avril 2006
les trois principales autorités économiques de la zone euro (l’Eurogroupe, la BCE et la Commission)
ont réaffirmé ensemble que l’entrée dans la zone euro des nouveaux membres de l’UE est
conditionnée au complet respect des critères de Maastricht et à la fin de 2006, seule la Slovénie
semblait prête à adopter l’euro ; les autres pays de l’élargissement vont devoir patienter car ils sont
encore loin de respecter les critères de Maastricht. Sinon, la gestion de la zone euro peut s’en trouver
complètement pervertie : à l’application de règles communes risquent de se substituer des jugements
politiques ad hoc au coup par coup. La vraie question est donc celle de la gouvernance économique
de la zone euro.
De fait, la Slovénie entre dans la zone euro le 1/1/2007. Et le 1/1/2008 c’est au tour de Chypre (partie
grecque) et de Malte de rejoindre la zone euro : à cette date, la zone euro compte donc 15 membres.
Le 1er janvier 2009, la Slovaquie entre dans la zone monétaire : la zone euro a par conséquent 16
membres en ce dixième anniversaire de sa naissance. Ce dixième anniversaire est fêté alors que la
crise financiaro-économico-sociale fait rage. Celle-ci montre aux pays membres la protection que leur
apporte la monnaie unique, car sans elle, ils auraient été sans doute en proie à une très importante
instabilité monétaire. Pour les États membres de l’UE qui ne sont pas encore dans l’UEM, la crise
renforce leur envie d’accélérer leur adhésion à l’euro mais en même temps elle leur complique
beaucoup la tâche. Il en est ainsi en particulier de la Hongrie et des pays baltes. La crise conduit aussi
la Suède et le Danemark à remettre en cause leur position par rapport à l’euro. Quant à l’Islande,
touchée par un fort chômage et une inflation galopante, et dont la monnaie a perdu en un an 40% de
sa valeur par rapport à l’euro, elle songe de plus en plus à une adhésion à l’UE.
Le 1er janvier 2011, l’Estonie devient le 17ème membre de la zone euro. Et la Bulgarie, la Lituanie, la
Lettonie et la Hongrie devraient suivre en 2014-2015 sinon plus tard, car la crise européenne qui fait
suite à celle des subprimes conduit les responsables de la zone euro à privilégier pour un temps
l’approfondissement à l’élargissement.
Remarque : avant la naissance de la zone euro, se sont confrontées deux thèses sur les conditions de
son bon fonctionnement. D’un côté, celle de l’Allemagne, dite thèse « « économiste », qui estimait
nécessaire de prévoir une période d’apprentissage relativement longue pour maîtriser les critères de
convergence ; et d’un autre, celle de la plupart des autres pays, tous désireux de faire partie dès le
départ des heureux élus, dite « monétariste » -sans lien aucun avec l’école de Chicago- qui considérait
que la mise en place de la zone euro était précisément un facteur puissant de convergence.