Menu de ce chapitre Apéro Le monopole et ses effets sur le bien-être Chapitre 5: Concurrence imparfaite Entrée Concurrence monopolistique servi avec un potpourri d’oligopole (concurrence à la Cournot, Betrand et Stackelberg) Chapitres 11-15 dans le Perloff Dessert Théorie des jeux avec de la crème chantilly 1 2 Monopole Introduction Nous abandonons la concurrence parfaite et nous étudions d’autres structures de marché, càd: Un monopole, c’est une structure de marché où seule une seule firme offre le bien (production du monopole = production du marché). • monopole • concurrence monopolistique • oligopole → un monpoleur ne peut pas considérer le prix du marché comme donné, mais il est plutôt un “faiseur de prix” (price setter). 3 4 1 Exemples Maximisation du profit du monopoleur • Microsoft depuis les années 1990 sur le marché des systèmes d’exploitation des ordis personnels “Intel-compatible” – c’est quoi un marché? • IBM dans les 1960s sur le marché des “mainframe computers” • Service postal suisse dans le marché du “noncourier non-bulk mail delivery” en Suisse • Les TL sur le marché des transports lausannois • Services de cafét sur le campus à Dorigny Le monopoleur considère la demande du marché comme donnée et décide de son prix et de sa quantité: max p , Q Π = pQ − C ( Q ) s.c. Q = D (p) càd: le monopoleur choisit le point sur la courbe de demande qui maximise ses profits 5 6 La condition de deuxième ordre (CDO): Choisit-il le prix ou la quantité? Peu importe. Supposons qu’il choisisse la quantité. Alors, le prix est donné par la fonction de demande inverse: p ' ' ( Q )Q + 2 p ' ( Q ) − C ′′( Q ) < 0 Si la CDO est satisfaite, alors la condition d’optimalité est donnée par: p(Q ) = D −1(Q) revenu marginal (Rm) = coût marginal (Cm) C’est comme en concurrence parfaite avec une différence importante: le revenu marginal du monopoleur est plus petit: Maximiser les profits donne donc la condition de premier ordre: p ' (Q )Q + p(Q) − C ′(Q ) = 0 7 p ' ( Q )Q + p < p 8 2 Comparison graphique Marché en concurrence: Monopoleur: La raison: si le monopoleur augmente la quantité produite, il diminue le prix auquel il peut la vendre sur le marché. p p Donc, le monopoleur augmente son prix au delà du cout marginal (pour un monopoleur, diminuer la quantité, c’est augmenter le prix!). Demand curve p1 p1 C p2 A Demand curve B A q q +1 q Q Q+1 9 Dérivation du prix optimal ε = ε ( p) = AC AVC Q dQ p dp Q Donc la condition de premier ordre devient: e π C ′(Q) = Demand 1 dp ) Q + p = p (1 + dQ p dQ dp Q 1 = p (1 + ) MR 0 10 La règle optimale en termes d’élasticités: Rappel: l’élasticité prix est définie comme: MC p B Q 11 ε 12 3 En particulier: Si la demande est partout très élastique ( ε est proche de ), alors le monopoleur choisit une quantité de sorte que le prix soit proche du coût marginal: dans ce cas le monopoleur est proche de la concurrence parfaite. −∞ Si la demande est inélastique ( ε ≤ 1), le prix est beaucoup plus élevé que le coût marginal: le monopoleur a beaucoup de pouvoir de marché. Observation: Le monopoleur va choisir un point dans la partie élastique de la demande. Preuve: Si ε <1 , alors le revenu marginal est négatif. Donc si la firme, réduit sa production (le prix augmente), son revenu augmente. Comme nécessairement les coûts baissent, le profit de l’entreprise augmente. 13 Exemple algébrique: Markups: En réarrangeant la condition de premier ordre: p (Q) = Demande linéaire D(p) = a - bp C ′(Q) 1 + 1 / ε (Q) Donc on peut obtenir: Demande inverse: p(Q) = a/b – Q/b Revenu marginal: Rm(Q) = a/b – 2Q/b. Cette formule montre que le prix du monopoleur est un markup sur les coûts marginaux, p = m*Cm, avec un facteur de markup: 1 m= 1 + 1 / ε (Q) 14 Ceci est une droite qui a la même ordonnée à l’origine que la demande inverse mais qui a une pente deux fois plus élevée. >1 15 16 4 La condition de deuxième ordre: Dans le cas linéaire c’est: C′′(Q) > −2 / b Cette condition est satisfaite si le coût marginal ne baisse pas trop rapidement (et en particulier elle est satisfaite si le coût marginal augmente sur le domaine d’intérêt). Plus généralement, notre théorie du monopoleur fait du sens si les économie d’échelles ne sont pas trop importantes par rapport à la fonction de demande. La perte sèche du monopoleur: Est-ce que l’optimisation du monopoleur est efficiente au sens de Pareto? Non, car le prix du monopoleur est en-dessus du coût margial. L’argument en détail: Supposons le monopoleur produit Q M . On sait que le prix sera: p(Q M ) > Cm(Q M ) . Maintenant un consommateur est prêt à payer p > Cm(Q M ) , mais pas p(Q M ) . 17 18 La perte sèche du monopole: C + E Si le monopoleur vend à ce consommateur seulement une unité à un prix plus petit que p(Q M ) , le monopoleur et le consommateur gagnent à l’échange. p MC A pm pc La raison de l’inefficacité est le fait que le monopoleur ne peut pas faire une discrimination des prix parfaite: si le monopoleur offre un prix plus bas à un consommateur marginal (ce qu’il aimerait faire), il doit offrir ce même prix aussi à tous les autres consommateurs (infra-marginaux) ce qui fait baisser le profit du monopoleur. em B C ec E D MR=MC Demand MR 19 0 Qm Qc 20 Q 5 Pourquoi les monopoles existent? 1. Avantage de coûts Cela arrive si une entreprise a une technologie de production nettement supérieure (ou exclusive), meilleur accès aux biens/services intermédiaires, ou une meilleure organisation, de sorte qu’elle puisse vendre à une qualité ou à des prix plus favorables. Principalement 4 raisons: 1. Une entreprise a un avantage de coûts important, 2. Par construction (cas spécial: réglementation gouvernementale), 3. Une industrie avec des effets de réseau, 4. Monopole naturel. 21 Exemples: Note: Le pouvoir du monopole est limité par les possibilités de production alternatives. Si ces dernières sont largement inférieures, les avantages de coûts amènent à une vraie position de monopole. 22 2. Monopole par construction A priori ce marché (défini par la technologie et les préférences) serait concurrentiel, mais l’instance responsable du marché impose un monopole. Xerox dans les années 70, Ford dans les années 1920, mines de sel (comme celle à Bex) jusqu’au 19ème siecle. Dans la plupart des régions le sel est rare et donc les mines ont traditionnellement eu des vraies positions de monopoles (le commerce ayant été cher et contraint). Avec l’ouverture au commerce et la diminution de la protection étatique au 19ème siecle, les mines de sel sont devenues une industrie concurrentielle. 23 Examples: • Brevets; prix élevé des médicaments contre les SIDA • Création et appropriation de rentes; Gazprom, caféterias et restaurants sur le campus de Dorigny 24 6 3. Effets de réseau Des effets de réseau sont présents si la valeur d’un bien pour un consommateur augmente avec le nombre de consommateurs qui utilisent le bien. Dans ce cas, deux biens très similaires ne co-existeraient pas sur le marché, car l’un va chasser l’autre du marché (indépendemment de la qualité). Exemples: • cassettes vidéo dans les 80: 2 systèmes; VHS et Beta • systèmes d’exploitation des ordinateurs fin 80 / début 90: Intel-Microsoft et Apple. 25 4. Monopoles naturels Un monopole naturel apparait si la taille minimale de production efficace (quantité où le coût moyen est minimal) est relativement grande par rapport à la taille du marché (représentée par la fonction de demande). C’est le cas, si la demande totale du marché se trouve sur la partie décroissante du coût moyen d’une seule entreprise, et donc une seule entrprise peut produire pour le marché entier à un moindre coût que plusieures 26 entreprises. Exemple: Electric power utilities aux E.U. dans les 70 (estimations de Christensen and Greene, 1976) Donc le monopole naturel est caractérisé par des coûts fixes relativement importants par rapport à la demande du marché. Cost, $ per thousand kWh Un exemple important: services industriels (utilities). Leur courbe des coûts moyens est typiquement en u, avec une grande taille minimale efficace. D D’autres exemples sont des industries avec des coûts moyens décroissants, où la taille minimale efficace est infinie. AC 4.79 27 0 33 Q, Billion kWh per year 28 7 Si la demande du marché est plus petite que 33 millards kWh par année, aucune entreprise ne peut mettre un prix au coût marginal sans faire des pertes. En fait, comme montre le graphe, un monopole naturel existe si la demande sur le marché de l’electricité est plus petite que 48 millards kWh par année: à 48 millards kWh, deux entreprises, chacune produisant 24 millards kWh, ont le même coût moyen ($4.81) qu’une seule entreprise produisant 48 29 millards kWh. Partager la production sur le marché de l’électricité: D AC 24 33 48 66 Q C(q ) C( q ) C ( 2q ) +q = 2q q q 2q Si q décroît, C(q)/q augmente, alors que C(2q)/2q décroît. Donc, partager la production entre deux entreprises est moins efficace si q < 48. 30 Dans le cas d’un monopole naturel (q<24 cidessus), il est préférable pour les consommateurs si une seule entreprise sert tout le marché, avec prix = coût moyen. 4.81 4.79 0 q Si par contre la production est par exemple de 66 millards kWh, et qu’elle est partagée entre deux entreprises, ce sera plus efficace que si une seule entreprise produisait tout (6 centimes par mil kWh). Cost, price 4.85 Donc, pour q=24, le coût total de production avec deux entreprises est le même que celui d’une seule entreprise: 31 32 8 Mais si c’est une seule entreprise qui produit (= position de monopole), l’entreprise ne va pas mettre prix = coût moyen parce qu’elle a une position de monopole. La solution (?): régulation 33 La régulation des monopoles: La plupart des monopoles, et probablement tous les monopoles naturels, sont réglementés par le gouvernement. L’outil le plus utilisé: price plafond (un prix P de sorte que le monopoleur n’ose pas mettre un prix plus élevé que P). Ilustration: electric power utility, avec données de Kyushu (Japan). Si pas réglementé, l’entreprise choisi le point e1 dans le graph (revenu marginal = coût marginal) et l’entreprise fait un profit égale à la surface A. 34 p, Yen ( ¥ ) per hundred KWH 53 MC 30.3 26.9 22.3 21.9 19.5 A AC e1 e2 B Si le gouvernement impose un prix plafond de P = 19.5 (= prix concurrentiel), l’entreprise produit 34 millards kWh par année, parce que cela minimise les pertes de l’entreprise (surface B). e3 Demand MR 0 23 31 34 54 Q, Billion kWh per year35 36 9 Comme l’entreprise fait des pertes si P = 19.5, le gouvernement a deux options: • garder ce prix et subventionner l’entreprise, ou • choisir un prix avec lequel l’entreprise ne fait pas de pertes Les deux possibilités sont utilisées en pratique. 37 Problèmes avec la régulation: • Manque d’information: Si le gouvernement ne connaît pas la fonction de coût du monopoleur, la régulation, ci-dessus décrite n’est pas possible. • Regulatory capture (George Stigler, 1971): Les agents dans les industries connaissent bien les autorités de régulation et coopèrent avec eux. La frontière entre coopération et influencer n’est pas claire. 39 La première a l’avantage que la production est optimale au sens de Pareto, alors que sous la deuxième il n’est pas nécessaire de subventionner l’entreprise. Sous la deuxième option, le mieux que le gouvernement puisse faire c’est de mettre un prix P = 22.3 (“average cost pricing”). Maintenant l’entreprise va optimiser et choisir le point e2 sur la courbe de demande, ou elle “break even”. Il y a une perte sèche avec ce prix plafond, mais elle est plus petite que si le monopole n’avait pas été réglementé. 38 Note: Plus le problème d’information est grave, plus intense doit être la collaboration → trade-off entre les deux points ci-dessus • Faveurs gouvernementales et pots de vin (www.transparency.org). 40 10 p, $ per unit 24 Taxe spécifique A B p 2 = 20 p 1 = 18 • Que se passe-t-il si le monopoleur doit payer une taxe de τ = $8 par unité – optimum du monopoleur – bien-être des consommateurs,et de la société? • qui porte le fardeau de la taxe? MC2 (after tax) e 2 C D 8 MC1 (before tax) τ = $8 e 1 E F G Demand MR Q 2 = 4 Q 1= 6 0 12 24 Q, Units per day 41 42 p, $ per unit 24 Régulation optimale du prix A B 18 • régulation par le prix peut faire disparaitre la perte sèche • la régulation est optimale si elle conduit à la situation de concurrence parfaite MC Market demand 16 Optimal Price Regulation Regulated demand e m C e o E D MRr MR 0 43 6 8 12 24 Q, Units per day 44 11 Discrimination par les prix: 2 groupes Maximisation du profit total • le monopoleur choisi les quantités de sorte que le revenu marginal de chaque groupe i, Rmi, soit égale au coût marginal en commun, m: Rm1 = m = Rm2 • coût marginal = m • monopole demande aux consommateurs du groupe i un prix pi pour Qi unités • profit sur le groupe i: Πi= piQi – mQi 45 Détermination de prix avec discrimination (a) Japan (b) United States pJ , $ per unit p US , $ per unit 46 Condition de maximisation du profit 4,500 Rmi = pi(1 + 1/εi), so 3,500 CSUS Rm1=p1(1 + 1/ ε 1) = m = p2(1 + 1/ ε 2) = Rm2 pUS = 2,500 CS J pJ = 2,000 DJ DUS πUS πJ ⇒ DWLJ DWL US 500 MC 500 MRJ 0 QJ = 3,000 MC MR US 7,000 QJ, Units per year 0 Q US = 2,000 4,500 47 Q US , Units per year ⎛ 1⎞ ⎜1 + ⎟ p1 ⎝ ε 2 ⎠ . = p2 ⎛ 1⎞ ⎜1 + ⎟ ⎝ ε1 ⎠ 48 12 Problème résolu ⎛ 1⎞ ⎛ ⎞ pi ⎜1 + ⎟ = MC = 1 ⇒ pi = 1/ ⎜1 + 1 ⎟ ⎝ εi ⎠ ⎝ εi ⎠ • monopoleur vend sur deux marchés • élasticité prix de la demande constante – ε1 = -2 dans le premier marché – ε2 = -4 dans le deuxième marché • Cm (=MC en anglais) = $1 • reventes ne sont pas possibles • quel prix le monopoleur devrait choisir? p1 = 1/(1 – ½) = 2 p2 = 1/(1 – ¼) = 4/3 p1/p2 = 2/(4/3) = 1.5 49 50 13