Pourtant, au fur et à mesure que le temps passait et que les historiques des séries utilisées dans
les modèles s'allongeaient, les nouvelles données disponibles obligeaient à remettre en cause
les relations identifiées. La recherche empirique concernant les effets des fluctuations du prix
du brut sur l'économie a suivi l'évolution des marchés pétroliers qui ont révélé petit à petit leur
complexité. Après la période de calme déclin précédant la formation de l'Organisation des
Pays Exportateurs de Pétrole (O.P.E.P.), puis l'époque des hausses brutales au cours des
années 70, les prix internationaux réels en Dollars ont subi, à partir de 1981, une érosion assez
rapide, due à une réduction de la demande mondiale, une augmentation importante des
capacités de production et, peut-être, au manque de discipline des membres de l'O.P.E.P., qui
s'est conclue par l'effondrement des cours en 1986. Pourtant, les économies occidentales n'ont
pas connu alors, semble-t-il, d'expansion particulièrement forte. Les travaux de différents
chercheurs en vue de prolonger les résultats d'Hamilton sur des échantillons plus longs ont
indiqué un affaiblissement significatif de la relation dans les dernières années. En revanche, le
lien semblait partiellement restauré lorsque les modèles ne tenaient compte que des variations
positives du prix du brut. Le constat d‟une réponse asymétrique aux fluctuations à la hausse et
à la baisse demandait une explication théorique. Une telle réaction pourrait être justifiée par
l‟existence de deux canaux de transmission par lesquels les fluctuations du prix du pétrole
affecteraient l‟activité économique : des influences indirectes néfastes, indépendantes de la
direction de la variation mais liées uniquement à son amplitude, pourraient compenser les
effets bénéfiques directs résultant d‟une baisse des cours et amplifier la contraction provoquée
par une hausse. Cette hypothèse a orienté la recherche sur les mécanismes par lesquels le
pétrole affecte l'économie et deux théories complémentaires ont été proposées. La première
s‟intéresse aux déséquilibres sectoriels qui découlent des chocs pétroliers (haussiers ou
baissiers) ; les conditions de rentabilité des diverses industries sont affectées différemment par
les évolutions brutales des cotations. Les ajustements sectoriels nécessaires suite à ces