Economie / Afrique du Nord
Afrique du Nord : « On était surpris que cela n’éclate pas plus tôt »
(MFI / 01.03.11) Si la crise économique mondiale de 2008 a frappé de plein fouet les
pays arabes d’Afrique du Nord, accélérant une crise latente, l’effet domino entamé
en Tunisie puis en Egypte, qui touche la plupart des pays de la région, traduit des
facteurs communs qu’on soit producteur ou importateur de pétrole : Absence de
démocratie, partage inéquitable des richesses, chômage endémique notamment des
jeunes et des femmes, et enfin népotisme et corruption.
« La crise mondiale avait affecté les IDE, investissements directs étrangers, pour des
raisons à la fois politiques et économiques. Il y a des inégalités dans le partage des
revenus, aggravées par le chômage des jeunes et les hausses des produits alimentaires en
2008. On parlait de ces pays comme stables. En fait, les explosions rapides ont surpris
ceux qui ne regardaient pas de près… Sinon, on était surpris que cela n’éclate pas plus
tôt », souligne Nicole Moussa, économiste de la Division de l'investissement et de
l'entreprise à la Cnuced, et qui est libanaise.
Selon Mutasim Elagraa, économiste dans la Division de la mondialisation et des stratégies
de développement de la Cnuced, qui est d'origine soudanaise, parmi les points communs
figurent des régimes qui n’étaient pas démocratiques, les inégalités sociales et le
chômage. Ainsi, jusqu’en 2008, les IDE n’ont cessé d’augmenter et de se diversifier dans
le tourisme, l’immobilier ou les télécoms, jusqu’à la baisse brutale du pétrole qui est en
train de remonter sur le plan mondial. Cette crise a aussi coïncidé avec la diminution des
IDE en provenance d’Europe, déployés également dans l’industrie textile et l’automobile,
et l’augmentation de fonds provenant des pays arabes du Golfe.
Une croissance forte… à condition de maîtriser les troubles
D’après les projections de la Cnuced, presque tous les pays de la région devraient
connaître en 2011 une croissance plus forte qu’en 2009 à condition de maîtriser les
troubles politiques. La plupart des pays devraient ainsi cesser leur politique de relance
budgétaire, tout en maintenant une politique monétaire « accommodante », pendant
quelque temps. Certains pays pourraient toutefois être contraints de durcir leur politique
macroéconomique plus tôt, en raison de signes de tensions inflationnistes ou d’un manque
de marges de manœuvre budgétaires.
À mesure que la région sortira de la récession, l’attention doit être centrée sur le
renforcement des secteurs bancaires et la gestion des défis à moyen terme. Dans les pays
exportateurs de pétrole de la région, les objectifs prioritaires consistent à poursuivre les
efforts de développement du secteur financier et de diversification de l’économie. Dans
les pays importateurs de pétrole, il sera essentiel d’accélérer le rythme de la croissance et
de créer des emplois pour des populations en expansion.