Chapitre 7 : complexes de coordination I Introduction 1) généralités Complexe : assemblage moléculaire qui garde son intégrité en solution le plus souvent : élément central = métal (le plus souvent cation métallique) éléments concernés : bloc s bloc p métallique bloc f bloc d : métaux de transition Ligand (ou coordinat) : atome, groupement d’atomes ou molécule 1 complexe 2 composantes centre métallique accepteur d’e : acide de Lewis ligand(s) donneur d’e : base de Lewis rappel : chapitre II liaison = complexe au sens de Lewis B . Base de Lewis + B A Acide de Lewis A Complexe de Lewis réaction : donneur-accepteur B . A molécules (Ligands) en interaction avec le centre métallique = base de Lewis 2 2) rappel métaux du bloc d a) structure électronique générale (cf : CHI 110…) Électrons de valence : (n-2) f (n - 1)d ns np atome Fe : 26Fe : 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 3d6 4s2 [Ar] 3d6 4s2 Energie du cation (cf Slater, CHI 110) : Cation perte d’électrons ns puis (n-1) d ex : ion Fe(2+) [Ar] 3d6 4s0 ion Fe(3+) [Ar] 3d5 4s0 Mn+ + ne M E° < 0 M(n+1) + + n e Métaux réducteurs M+ 3 Remarque : les métaux nobles font exception (Ag, Ir, Pt, Au.. et Cu) b) orbitales d à partir de n = 3 (4ème période compte tenu de l’inversion 4s 3d) 5 O.A. d 10 électrons concernés E Orbitales d : dégénérées parties angulaires des orbitales d (cf document p4) les 5 orbitales peuvent être classées en 2 groupes groupe d’O.A. à caractère axial d z 2 et d x 2 y 2 4 groupe à caractère planaire dxy, dyz et dxz groupe d’O.A. à caractère axial z Probabilité de présence maximale selon l’axe z y x (avec une composante dans le plan xy) d z2 z y Probabilité de présence maximale selon les axes x et y x d x 2 y2 5 - groupe sans caractère axial - pas de composante axiale pour la probabilité de présence de l’électron, - maximum selon les bissectrices du référentiel xyz z Probabilité de présence maximale dans le plan yz y x (selon les bissectrices des axes y et z) dyz z y Probabilité de présence maximale dans le plan xz x (selon les bissectrices des axes x et z) dxz 6 z Probabilité de présence maximale dans le plan xy x y (selon les bissectrices des axes x et y) dxy c) propriétés magnétiques des éléments (cations, molécules, complexes …) mesure expérimentale balance magnétique ions paramagnétiques moment magnétique (exprimé en magnéton de Bohr) évaluer par la relation : μ n (n 2) μ B n = nbre e célibataires 7 Ex : ion Fe(2+) [Ar] 3d6 4s0 Ion FeII : 4 e célibataires (3d6) μ 4 (4 2) μ B n=4 μ 4,9 μ B II formation des complexes 1) modèle du lien de valence ex : Fe2+ dans l’eau [Fe(H2O)6]2+ 4s 3d .. L .. L .. L 4p .. .. .. L L L Perturbation amenée par L = H20 8 Structure électronique du FeII après formation du complexe [Ar] 3d6 4s2 4p6 structure du Kr H2O est un ligand donneur : 1 doublet 6 ligands (H2O) autour du FeII complexe hexacoordiné Remarques : - en fait, c’est [Fe(H2O)]3+ qui est le stable en solution aqueuse (FeII s’oxyde en FeIII) - le complexe est d’autant plus stable qu’il tend à atteindre la structure du gaz rare le plus proche (18 électrons) - modèle qui permet de justifier le nombre le ligands L autour du métal Coordinations courantes 4, 5, 6 9 H2O Ligand monodentate (ne donne qu’un doublet) ligands polydentates : di, tri, tétra etc… NH2 ex : éthylène diamine (en) N H2 C H2 C N NH2 Ethylène diamine tétra acétate (EDTA) structure Écriture simplifiée CO2(-) (-) O H2C N H2C N N O2C O (-) CH2 H2 C H2C (-) (-) CO2 CH2 O C N (-) O O (-) O (-) éthylène diamine : bidentate 10 EDTA : hexadentate Certains Ligands : agents chélatants 2) écriture des complexes (cf document) complexe : espèce entre [ ] cationique, neutre ou anionique métal toujours écrit en premier avec son état d’oxydation en chiffre romain puis ligands par ordre de charge croissante ex : complexe neutre ion complexe anionique ion complexe cationique [ Fe0(CO)5 ] [ FeIII(CN)6 ]3[ FeIII Cl2 (NH3)4]+ 3) nomenclature des complexes a- nom des ligands et priorités - neutre inchangé Sauf : H2O aquo NH3 ammine CO carbonyle NO nitrosyle 11 - anionique terminaison o HOClCN- hydroxo chloro cyano Ordre de priorité des ligands anioniques H- > O2- > HO- > anions simples … si plusieurs ligands identiques préfixe : di, tri, tétra, penta etc… b- nom des complexes complexe neutre ou cationique : le métal garde son nom auquel on associe son état d’oxydation complexe anionique : on ajoute la terminaison ate au métal et son état d’oxydation nom du complexe : ligands par ordre de priorité + métal 12 ex : complexe neutre [ Fe0(CO)5 ] pentacarbonyle fer 0 ion complexe anionique [ FeIII(CN)6 ]3hexacyanoferrate III ion complexe cationique [ FeIII Cl2 (NH3)4]+ dichlorotétraammine fer III c-nom des sels pour les complexes chargés : « contre » ion pour obtenir un sel neutre Convention d’écriture : partie cationique s’écrit avant la partie anionique (NaCl, HF…) mais chlorure de sodium, fluorure d’hydrogène… ex : avec ion complexe anionique K3 [ FeIII(CN)6 ] hexacyanoferrate III de potassium 13 avec ion complexe cationique [ FeIII Cl2 (NH3)4]+Cl chlorure de dichlorotétraammine fer III 4) géométrie des complexes – stéréoisomérie (cf document p 3) a- complexe tétracoordiné 2 géométries Plan carré tétraèdrique L L L L M L ou L M L L M L L Ex : [PtIICl2(NH3)] dichlorodiammine platine II Plan carré NH3 Cl Pt L L NH3 NH3 Cl Isomère cis Cl Pt Cl NH3 Isomère trans Couple de diastéréoisomères 14 b-complexe hexacoordiné L L L M L L L Ex : [ FeIII Cl2 (NH3)4]+ (+) Cl H3N H3N Fe NH3 NH3 Achiral trans Cl Cl H3 N H3 N Fe Cl Achiral cis NH3 NH3 15 Ex 2 : [ FeIII Cl2 (en)2]+ ion complexe dichlorodiéthylène diammine Fe III Cl N M N N N Cl Cl en « position » trans l’un par rapport à l’autre Cl N N M N Cl Cl Cl N N M N N N Cl en « position » cis l’un par rapport à l’autre chiral chiral Couple d’énantiomères et 16 Remarques : -l’isomère méso est improprement appelé trans Confusion entre position relative et configuration de même la configuration cis ne peut décrire qu’une seule géomètrie 2 positions relatives cis des Cl définissant 2 configurations ou énantiomères III- propriétés thermodynamiques des complexes constante thermodynamique de formation fixation successive des ligands : n+ M +L n+ [ML] ML L M n β1 n puis un deuxième L (β2)… 17 constante globale : n+ M +nL n+ [MLn] ML L M n βn n n βn ou Kf : constante globale de formation K : sans dimension [ ] : concentration en mol.L-1 Souvent utilisé : constante de dissociation Kd (1 / βn ) ou pKd = - log Kd (cf document p 2) plus Kd est petit (ou pKd grand), plus le complexe est stable 18 analogie avec les réactions acide-base un diagramme de pKd (axe dirigé vers le bas) ( règle du gamma) Complexe Ligands libres + métal stabilité croissante pKd déplacement d’équilibre 2 réactions possibles : - entre un complexe déjà formé et un ligand (ou des ligands) - entre un complexe déjà formé et un métal libre seule condition à respecter : nouvel édifice plus stable (pKd plus grand (règle du gamma)) Exemple (cf TP 5 ) : 19 noir érychrome T à pH = 9 (NET3- ), complexe le Zn2+ II - [(NET)Zn ] 3- Zn2+ + NET NET : indicateur de colorimétrique de complexation complexe : violet NET : bleu sous forme « libre » acide éthylène diamine tétraacétique (E.D.T.A ou H4Y) à pH = 9, sous forme Y4- ligand hexadentate très fort (pKd (Zn) = 16) [(Y)ZnII]2- Zn2+ + Y4- complexe, métal libre et EDTA : incolores 20 Ligands libres + métal Complexe Zn2+ + NET3- [(NET)ZnII]- 4Zn2+ + Y [(Y)ZnII]2pKd II - 4- [(NET)Zn ] + Y II 2- [(Y)Zn ] + NET3- III modèle du champ cristallin 1) levée partielle de dégénérescence des OA d basé sur l’interaction électrostatique des ligands et les électrons d du métal ligands assimilés à des charges ponctuelles champ électrostatique dans l’environnement du métal, appelé « champ cristallin » A l’état libre, les 5 O.A du métal même énergie interaction des ligands et du métal 21 levée de dégénérescence partielle (dépend de la géométrie des complexes formés) Seuls complexes étudiés en CHI 120 : octaèdriques z M y x + - - + - + M + - - + + Approche des ligands (selon les axes) (minimisation électrostatique) déstabilisation des électrons des orbitales d 22 + z - + + - + y - - x + + déstabilisation de l’orbitale dz2 z - - + + y - + x + - déstabilisation de l’orbitale dx2 - y2 23 + - + - - + + dxy , dxz et dyz également déstabilisés 3 orbitales sans contribution axiale moins déstabilisées Diagramme d’énergie globale levée de dégénérescence partielle 24 E eg métal "libre" t2g métal "complexé" dans un envronnement octaèdrique est l’énergie de stabilisation du champ cristallin (ou ESCC) Remarques : - approche des ligands déstabilise les électrons d formation des liaisons métal-ligand compensent largement et stabilise l’édifice - D’autres géométries sont envisageables levées de dégénérescence pour la symétrie octaédrique : o. intensité de o dépend essentiellement de la nature du ligand mais également de l’état de charge du métal 25 (o a la dimension d’une énergie, plusieurs systèmes d’unité peuvent être utilisés : cf TD ) 2) ligands champ fort-champ faible - pour un même ion métallique, plus o est grand plus le ligand est dit fort (ou champ fort) - pour un même ligand, o augmente avec le nombre d’oxydation du métal considéré Interprétation : ligand champ fort partage « facilement » son doublet d’électrons et perturbe fortement les électrons d Remarques: certains ligands ont une influence si faible considérés comme non-complexants (indifférents) en solution aqueuse (NO3-, ClO4- …) - on classe les ligands selon la valeur o : échelle « spectroscopique » relative 26 Cl- HO- H2O NH3 champ faible CO - CN champ fort 3) Application détermination de la structure électronique des électrons d dans un environnement octaédrique. Rappel : - principe d’exclusion de Pauli, 2 électrons ne peuvent pas avoir tous leurs nombres quantiques identiques - règle de Hund multiplicité de spin maximale remplir le maximum d’orbitales de mêmes énergies avant de faire des paires d’électrons une paire d’électrons introduit une déstabilisation électrostatique appelée énergie d’appariement notée P 27 Exemple : cations en d4 (Cr2+ , Mn 3+…) 4 électrons d 2 remplissages des OA envisageables Ligand champ faible E eg t2g P > o Energie d’appariement supérieure à l’ESCC (o) S = 4 x (1 / 2) = 2 Complexe à Haut Spin Paramagnétisme élevé Ligand champ fort 28 E eg t2g P < o Energie d’appariement inférieure à l’ESCC (o) S = 2 x (1 / 2) = 1 Complexe à Bas Spin Paramagnétisme faible Un ligand champ fort sera dit BS (Bas Spin) Un ligand champ faible sera dit HS (Haut Spin) 29