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5. L’AHA  EST  UN  ACTE  REQUERANT  UN  DISCERNEMENT  ÉTHIQUE  POUR  RESPECTER  LA  PERSONNE 
JUSQU'AU BOUT 
 
a. La qualification de l’AHA comme acte médical 
 
L'AHA n'est pas l'équivalent d'une alimentation par les voies naturelles. La nutrition et l'hydratation par des 
voies artificielles constituent un  acte médical impliquant le  recours à  des moyens  techniques invasifs. Cet 
acte médical a des indications précises ; il nécessite une surveillance, une adaptation et, éventuellement, il 
peut être arrêté s'il peut porter préjudice au malade. En effet, toute AHA en fin de vie n'est ni bonne ni utile 
elle  doit  être  médicalement  justifiée  pour  ce  malade.  Elle  requiert:  le  consentement  du  patient  ou  des 
personnes habilitées selon les procédures données par la loi civile. Le  recours à cette technique doit être 
apprécié selon les circonstances, dans une évaluation au cas par cas, prenant en considération la singularité 
de ce patient et de sa famille, le bien commun en lien avec un diagnostic médical le plus précis possible et les 
résultats escomptés. Par conséquent, dans chaque cas, il faut s'interroger sur les raisons de mettre en route 
une AHA et sur les raisons de s'en abstenir ou de l'interrompre. 
Dans certains cas, I'AHA peut aider un patient à passer un cap aigu. Dans d'autres cas, en fin de vie, elle peut 
être  disproportionnée,  prolonger  inutilement  une  agonie,  être  néfaste  en  aggravant  une  insuffisance 
cardiaque ou une insuffisance respiratoire, être source d'inconfort digestif avec nausées et vomissements. 
Enfin, il faut respecter la volonté d'une personne qui refuse d'être nourrie artificiellement: une alimentation 
forcée serait lui faire violence et relèverait de la maltraitance. Le refus de l'AHA signifie que la personne se 
laisse mourir et: ne demande pas à autrui qu'il ait l'intention de lui donner la mort. 
Pour une personne en EVP qui, par définition, n'est pas en fin de vie, on doit considérer qu'il s'agit d'un acte 
médical  proportionné  pour  le  maintien  de  sa  vie.  Il  en  est  de  même  pour  les  enfants  et  les  adultes 
lourdement handicapés qui ne sont pas en fin de vie et qui n'ont pas la capacité de s'alimenter. Toutefois, 
comme  nous  l'avons  vu  précédemment,  la  vocation  de  la  médecine  n'est  pas  de  chercher  à  lutter  pour 
maintenir la  vie dans  une forme extrême. C'est  pourquoi quand  survient une  complication  grave  chez un 
patient en EVP, par exemple une septicémie, une embolie pulmonaire, une insuffisance rénale, il faudra se 
montrer prudent dans l'emploi de traitements à visée curative et dans la mise en œuvre de soins intensifs. Et 
c'est surtout en amont, au moment de la réanimation initiale, qu'il faut éviter l'obstination déraisonnable. 
 
b.  La faim et la soif en fin de vie 
 
Pour l'imaginaire social, arrêter une AHA revient à laisser mourir la personne de faim et de soif. Beaucoup de 
familles supportent très mal qu'un malade ne soit pas nourri artificiellement quand il ne peut plus manger. 
Et il est vrai que donner à manger et à boire est une tradition immémoriale non seulement de charité mais 
même  de  justice.  Toutefois,  on  ne  meurt  jamais  de  faim  et  de  soif  puisque  la  faim  et  la  soif  sont  des 
sensations.  Par  contre,  on  peut  mourir  de  dénutrition  et  de  déshydratation.  Mais  la  dénutrition  et  la 
déshydratation  ne  s'accompagnent  pas  nécessairement  de  sensations  de  faim  et  de  soif.  Il  faut  rappeler 
cette notion d'expérience commune : dans les situations de fin de vie, les patients n'ont plus la sensation de 
faim. Ils n'éprouvent ni besoin, ni plaisir de manger et l'anorexie est un des signes majeurs de la proximité de 
la  mort.  Le  malade  ne  mourra  donc  pas  de  faim  mais  de  l'évolution  de  sa  maladie.  La  question  de 
l'hydratation  peut  parfois  se  poser  car  certains  malades  ressentent  la  soif.  On  peut  y  remédier  par  des 
moyens simples : soins de bouche répétés, pulvérisation d'eau, voire, si le personnel soignant est en nombre 
insuffisant pour ces soins répétés, une hydratation par voie sous-cutanée. 
L'arrêt de cet acte médical qu'est l'AHA ne signifie pas l'abandon du malade. Son confort doit être préservé 
par  la  mise  en  œuvre  de  soins  palliatifs,  avec,  en  particulier  si  nécessaire,  un  traitement  antalgique  et 
anxiolytique.