2.2.1 Les coûts de l’euro
L’instauration de l’euro n’a pas été un processus facile et s’est soldée par de nombreuses concessions et
coûts pour les pays de l’UE (Barthe, 2011). Tout d’abord, on peut noter une période d’instabilité lors
de la transition vers l’euro, au cours de laquelle les marchés européens ont été fortement secoués par des
vagues spéculatives (1992-1993). Ensuite, les pays européens ont dû faire concession de deux stabilisateurs
économiques : le taux de change et l’autonomie de la politique monétaire. La perte de ces deux outils
constitue le principal coût pour les États membres de la zone euro. L’abandon de l’instrument de taux de
change élimine la possibilité pour un gouvernement de pouvoir procéder à une dévaluation de sa monnaie
dans le but d’accroître la compétitivité du pays et donc ses exportations. En l’absence de cet outil, une
hausse de compétitivité ne peut se faire que par une dévaluation interne, qui consiste principalement en
un abaissement des coûts de la main-d’œuvre. Notons, toutefois, qu’un grand nombre de pays avaient
déjà abandonné la possibilité d’une dévaluation externe lors de leur adhésion à la SME. Quant à la cession
de l’autonomie monétaire, cela implique que, dorénavant, les pays européens ne peuvent plus ajuster leurs
politiques monétaires en fonction de leurs besoins conjoncturels. Néanmoins, la perte de la politique
monétaire au profit de la Banque centrale européenne (BCE) est relative car l’adhésion à la SME signifiait
déjà une perte de l’autonomie de la politique monétaire (à l’exception de l’Allemagne).
2.2.2 Avantages de l’euro
En revanche, l’euro est source de nombreux avantages car l’incertitude des variations de taux de change
nominaux a pris fin suite à son adoption. Cela favorise les entreprises européennes, dont les flux moné-
taires sont désormais plus prévisibles, ce qui facilite leurs prises de décisions. De même, les compagnies
européennes ne doivent plus payer des primes de couverture de taux de change et des coûts de transac-
tion lors d’opérations de change. De plus, l’euro a joué le rôle de catalyseur dans le commerce européen
en renforçant l’intégration du marché des biens et des services. Les atouts précédents ont également
bénéficié aux consommateurs européens, qui ont profité d’une transparence accrue des prix, ainsi que de
l’accroissement de concurrence entre les entreprises européennes.2En ce qui concerne les États européens,
le principal bienfait de l’euro consiste en la chute des taux d’intérêt de leurs obligations (voir Figure 1).
L’euro a également permis d’augmenter le volume de transactions financières et donc la liquidité du marché
européen, ce qui a rendu la zone euro plus attractive auprès des investisseurs internationaux. Enfin, l’euro
est devenu une devise internationale et une grande partie des exportations de la zone euro sont ainsi libellées
dans cette devise.
2Toutefois, l’euro semble aussi avoir généré une hausse de prix des biens de consommation dans la plupart les pays.
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