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but de régler automatiquement le tirage du foyer ».
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Amans Dausse semble initialement
destiner son invention à l’officine car son appareil est portatif. Mais l’appareil sera en fait
utilisé à des fins industrielles dans les installations de Amand Dausse. Tout au long du XIXe
siècle, le laboratoire Dausse va se diversifier, en amont en organisant la production, la récolte
et la dessiccation des plantes, et en aval par la fabrication de médicaments sous des formes
galéniques diverses.
Mais l’exemple le plus frappant d’industrialisation naissante au XIXe siècle est le cas de
Menier puis de la Pharmacie Centrale de France. Il n’est pas possible ici de retracer toute
l’épopée de Menier qui commence avec Jean-Antoine-Brutus Menier (1795-1853), troisième
enfant d’une famille de marchands, un milieu relativement aisé et instruit. On trouve dans sa
lignée paternelle nombre de gens de justice, huissiers et notaires royaux, et quelques hommes
d'église. Mais l'étude de ses origines familiales fait surtout apparaître l'existence de deux
traditions professionnelles qui, sans avoir véritablement déterminé son itinéraire, ont pu
utilement préparer sa carrière. Outre les gens affairés à la marchandise et au négoce, on voit
apparaître dans la parenté proche de Jean-Antoine-Brutus plusieurs pharmaciens et
chirurgiens, parmi lesquels son oncle et parrain Antoine. De 1811 à 1813, Ménier fut, écrit
Chevallier, « placé comme élève chez le sieur Maignan, pharmacien du Prytanée »
2
. C'est
donc sous la direction de Louis Meignan que Jean-Antoine Brutus découvre pendant deux ans
les substances pharmaceutiques dont la pulvérisation devait être à l'origine de sa fortune. Mais
pour des raisons diverses, il ne va pas au bout de ses études de pharmacie immédiatement.
L’année 1815 marque les véritables débuts dans les affaires de Jean-Antoine-Brutus Menier.
Il part d'un constat : l'impossibilité pour le pharmacien éloigné des grands centres
d'approvisionnement, notamment de la capitale, de se tenir au courant de toutes les
innovations et surtout de vérifier l'authenticité des produits achetés, tant est grand le nombre
des fournisseurs. Donner au commerce de la droguerie l'impulsion que réclament les temps
nouveaux signifie que le droguiste doit désormais devenir l'intermédiaire entre « les fabricants
de tout genre » et les pharmaciens. C'est au droguiste qu'il incombe de procéder à une « étude
comparée de leurs produits, de leurs prix, de leurs manières de traiter les affaires », afin
d'offrir aux correspondants « les articles du commerce parisien à des conditions telles qu'il
leur serait plus difficile d'en obtenir de plus avantageuses en s'adressant directement aux
1
Michèle RUFFAT,175 ans d'industrie pharmaceutique française. Histoire de Synthélabo.
Editions La Découverte, Paris, 1996.
2
Nicolas Sueur. La Pharmacie Centrale de France : une coopérative au service d'un groupe
professionnel 1852-1879. Thèse Histoire, Lyon 3, 2012.