
Introduction
En annonçant le 8 janvier 2008 la suppression de la publicité sur les écrans des chaînes
du service public de la télévision, le Président de la République a souhaité entamer un
vaste chantier visant à répondre à une question cruciale : que doit être la télévision
publique au XXIème siècle? Média de divertissement, d'information, de connaissance
et de création, la télévision joue un rôle fédérateur unique. Ce rôle indispensable de
créateur de lien social nécessite incontestablement la présence d’un service public
audiovisuel puissant, garant de la diversité et de l’expression démocratique, référence
pour les autres télévisions, moteur pour les industries culturelles.
Cette annonce met en lumière l’obsolescence du cadre législatif et réglementaire de
la télévision publique. Le paysage audiovisuel de 1986, date de la loi qui s’applique,
n’a rien à voir avec celui de 2008. Certes, de nombreuses modifications ont été
apportées depuis à ce texte, et tout particulièrement la loi du 1
er
août 2000 qui érige
France Télévisions en société holding chargée de superviser les chaînes de
l’audiovisuel public, mais cette somme d’ajouts successifs ne construit pas un
ensemble cohérent.
La révolution technologique qui a permis la multiplication des diffuseurs et l’accès
soudain, pour une majorité de foyers français, à une offre hertzienne élargie de 6 à 20
chaînes, l’accroissement presque à l’infini des voies de diffusion, la versatilité du média
télévisuel, l’apparition d’offres concurrentes proposées sur le réseau Internet,
contribuent à la transformation du paysage audiovisuel. Surtout, la convergence conduit
à ce que de nouveaux acteurs – précédemment confinés au rôle de fournisseurs de
‘contenant’ – entrent de manière massive dans le domaine des ‘contenus’. Les
opérateurs de télécommunication, dont la taille est sans commune mesure avec celles
des diffuseurs historiques, a fortiori des producteurs, sont en passe de jouer un rôle
nouveau, bénéficiant naturellement des images des télévisions. La publicité qui finançait
l’essentiel des diffuseurs privés et le tiers de France Télévisions se trouve émiettée du
fait de la fragmentation de l’audience, sans s’accroître. Ce panorama, confirmé par les
chiffres les plus récents, conduit au constat de l’obsolescence du modèle
économique actuel du secteur audiovisuel. Le moment apparaît, à cet égard,
particulièrement propice pour France Télévisions de ne plus dépendre de la ressource
publicitaire.
Ses évolutions et ses transformations successives font de France Télévisions un
ensemble disparate de dizaines d’entreprises distinctes, au pilotage complexe. A l’image
d’un château de cartes, il a toujours semblé dangereux d’en améliorer un pan au risque
de voir l’édifice s’effondrer. Or, dans un contexte en pleine mutation, où les défis doivent
devenir autant de chances de développement et de rayonnement, où l’ambition doit être
le maître mot pour aider les citoyens à mieux comprendre le monde qui les entoure, rien
n’est plus dangereux que l’immobilisme que favorise cette obsolescence du modèle
organisationnel.
Il ressort de cette triple obsolescence des enjeux tels qu’il ne s’agit plus d’adapter
à la marge, mais de réfléchir de manière systémique à ce que doit être ce service