PAYS : France RUBRIQUE : Médias et pixels PAGE(S) : 8 DIFFUSION : 275310 SURFACE : 30 % JOURNALISTE : Alexis Delcambre PERIODICITE : Quotidien 10 septembre 2015 - N°21974 MÉDIAS &PIXELS Télévision : querelle sur la pub en soirée L’exécutif n’exclut pasun retour de la publicité sur France Télévisions après 20 heures fficiellement, « les arbitrages n’ont pas été rendus » et « les options sont toujours à l’étude ». Mais il a suffi de deux déclarations laissant une marge d’interprétation pour réveiller l’hypothèse d’un retour de la publicité en soirée sur France Télévisions, six ans après sa suppression début 2009, dans un contexte où le groupe audiovisuel public n’atteint pas encore l’équilibre budgétaire. C’est d’abord François Hollande, lundi 7septembre, qui a indiqué que « la redevance télévisée ne peut pas être la variable d’ajustement » du financement de l’audiovisuel public. C’estensuite Michel Sapin, le ministre des finances, qui a ajouté, mardi, sur BFM-TV, à propos du retour de la publicité le soir sur les écrans publics : « C’estune solution. Jevois bien les avantages, je vois bien aussi les inconvénients. Je pense qu’il est nécessaire de l’examiner attentivement pour voir ce qu’il est possible de faire. » Cette déclaration a été interprétée comme un signal. Le contexte s’y prête : entrée en fonctions le 24 août, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, plaide pour un renforcement de ses ressources. « Je n’ai pas aujourd’hui, à France Télévisions, les moyens financiers de remplir toutes les missions du service public », a-t-elle notamment déclaré sur France Inter, le 4 septembre. M me Ernotte sait que la dotation d’Etat à l’audiovisuel public doit encore baisser de O 120 millions d’euros en 2016 et que cela concerne principalement son groupe. Pour 2015, France Télévisions a prévu un déficit de dix millions d’euros. Fin juin, les recettes étaient inférieures au budget (330 millions au lieu de 340 prévus). Mais France 2 a multiplié les bonnes audiences cet été et réalise de très bons scores sur l’avant-soirée. Reste que la nouvelle présidente aannoncé plusieurs projets, dont la création d’une chaîne d’information en continu, et entend profiter de l’élan suscité par son arrivée. Or, le gouvernement veut réduire la fiscalité dans le cadre du budget 2016. Il y a un an, M. Hollande avait demandé àla ministre de la culture, Fleur Pellerin, d’étudier une extension de l’assiette de la redevance, pour y inclure d’autres terminaux que les téléviseurs (smartphones, tablettes…). Ce travail a été fait. Mais lundi, lors de saconférence de presse, le président a exclu tout élargissement de la redevance aux « objets connectés », qui risquerait d’être perçu comme un nouvel impôt. Chiffon rouge « Jesuis pragmatique , avait anticipé Delphine Ernotte dans un entretien fin août au Monde . La publicité est une source de revenus, qui ne ponctionne pas lescitoyens. Ce n’est pas une mauvaise ressource. » Or, ce retour est un chiffon rouge pour les chaînes privées, comme TF1ou M6, dont les recettes commerciales stagnent alors que le marché publicitaire reste atone. Mardi, les deux premières chaînes privées françaises ont ainsi essuyé des pertes en Bourse. A la clôture, TF1perdait 8,15 %, tandis que M6 reculait de 1,88%. « Nous avons été très fortement surpris par la déclaration de M. Sapin, adéclaré au Monde Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6. C’esttotalement en contradiction avec la position exprimée par le gouvernement lors de la remise du rapport sur l’avenir de France Télévisions.» Le 4 mars, les ministres Emmanuel Macron, Fleur Pellerin et Michel Sapin avaient indiqué que les conditions d’un retour de la publicité en soirée sur les antennes du groupe public n’étaient « pas réunies ». « Les chaînes commerciales [au nombre de vingt] ne peuvent sefinancer si on remet en cause lesrègles en permanence », ajoute M. de Tavernost. Pour porter ce message, les radios et télévisions privées ont adressé mercredi 9 septembre un courrier commun au premier ministre, Manuel Valls. « Il existe déjà des recettes publicitaires entre 20 heures et 21heures,grâce aux programmes courts sponsorisés et aux grandes causes, nuance Thierry Jadot, PDG du groupe publicitaire Dentsu Aegis Network. L’ouverture de la publi- Tous droits de reproduction réservés PAYS : France RUBRIQUE : Médias et pixels PAGE(S) : 8 DIFFUSION : 275310 SURFACE : 30 % JOURNALISTE : Alexis Delcambre PERIODICITE : Quotidien 10 septembre 2015 - N°21974 cité classique pourrait se chiffrer à 40 à 50 millions d’euros additionnels selon nos estimations, sur un marché publicitaire télévisé de 3,3 milliards d’euros en 2015.L’impact sur l’ensemble des chaînes resterait limité. » Le retour de la publicité en soirée serait aussi une mesure symbolique à laquelle la gauche n’est en théorie pas favorable. « Je ne pense pas que la parole de Michel Sapin doive être interprétée comme un accord du gouvernement à la demande de Delphine Ernotte, éclaire Patrick Bloche, président (PS)de la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. De mon point de vue, ce débat n’ira pas très loin. Dans la feuille de route dela nouvelle présidente, il y a surtout la maîtrise des coûts et la possibilité de développer desressources propres. » M. Bloche n’exclut pas toutefois quelques « souplesses», tel un léger relèvement du montant de la redevance, actuellement de 136euros, ou un report de la date demandée pour le retour à l’équilibre de France Télévisions, par exemple de 2016 à 2017.p Les radios et télévisions privées ont adressé mercredi 9 septembre un courrier commun au premier ministre, Manuel Valls alexis delcambre et alexandre piquard Tous droits de reproduction réservés