O Télévision : querelle sur la pub en soirée MÉDIAS &PIXELS

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Télévision:querelle sur lapub ensoirée
L’exécutif n’exclut pasun retour de lapublicité sur FranceTélévisions après20 heures
Officiellement, «les ar-
bitrages n’ont pas été
rendus » et «les op-
tions sont toujours à
l’étude ». Mais il a suffi dedeux dé-
clarations laissant une marge
d’interprétation pour réveiller
l’hypothèse d’un retour de la pu-
blicité en soirée sur France Télévi-
sions, six ans après sa suppres-
sion début 2009, dans un con-
texte le groupe audiovisuel pu-
blic n’atteint pas encore
l’équilibre budgétaire.
C’est d’abord François Hol-
lande, lundi 7septembre, qui ain-
diqué que « la redevance télévisée
ne peut pas être la variable d’ajus-
tement » du financement de
l’audiovisuel public. C’estensuite
Michel Sapin, le ministre des fi-
nances, qui a ajouté, mardi, sur
BFM-TV,à propos du retour de la
publicité le soir sur les écrans pu-
blics : « C’estune solution. Jevois
bien les avantages, je vois bien
aussi les inconvénients. Je pense
qu’il est nécessaire de l’examiner
attentivement pour voir ce qu’il
est possible de faire. »
Cette déclaration aété interpré-
tée comme un signal. Lecontexte
s’y prête : entrée en fonctions le
24 août, la présidente de France
Télévisions, Delphine Ernotte,
plaide pour un renforcement de
ses ressources. « Je n’ai pas
aujourd’hui, à France Télévisions,
les moyens financiers de remplir
toutes les missions du service pu-
blic », a-t-elle notamment dé-
claré sur France Inter, le 4 sep-
tembre. Mme Ernotte sait que la
dotation d’Etat à l’audiovisuel
public doit encore baisser de
120 millions d’euros en 2016 et
que cela concerne principale-
ment son groupe. Pour 2015,
France Télévisions aprévu un dé-
ficit de dix millions d’euros.
Fin juin, les recettes étaient in-
férieures au budget (330millions
au lieu de 340 prévus). Mais
France 2 a multiplié les bonnes
audiences cet été etréalise detrès
bons scores sur l’avant-soirée.
Reste que la nouvelle présidente
aannoncé plusieurs projets, dont
la création d’une chaîne d’infor-
mation en continu, et entend
profiter de l’élan suscité par son
arrivée.
Or, le gouvernement veut ré-
duire la fiscalité dans le cadre du
budget 2016. Il y a un an, M. Hol-
lande avait demandé àla ministre
de la culture, Fleur Pellerin, d’étu-
dier une extension de l’assiette de
la redevance, pour y inclure
d’autres terminaux que les télévi-
seurs (smartphones, tablettes…).
Ce travail a été fait. Mais lundi,
lors de saconférence depresse, le
président a exclu tout élargisse-
ment dela redevance aux « objets
connectés », qui risquerait d’être
perçu comme un nouvel impôt.
Chiffon rouge
«Jesuis pragmatique , avait anti-
cipéDelphine Ernotte dans un en-
tretien fin août au Monde. La pu-
blicité est une source de revenus,
qui ne ponctionne pas lescitoyens.
Ce n’est pas une mauvaise res-
source. » Or, ceretour est un chif-
fon rouge pour les chaînes pri-
vées,comme TF1ou M6, dont les
recettes commerciales stagnent
alors que le marché publicitaire
reste atone. Mardi, les deux pre-
mières chaînes privées françaises
ont ainsi essuyé des pertes en
Bourse. A la clôture, TF1perdait
8,15%, tandis que M6 reculait de
1,88%.
« Nous avons été très fortement
surpris par la déclaration deM. Sa-
pin, adéclaré auMonde Nicolas de
Tavernost, président du directoire
de M6. C’esttotalement en contra-
diction avec la position exprimée
par le gouvernement lors de la re-
mise du rapport sur l’avenir de
France Télévisions.» Le4 mars, les
ministres Emmanuel Macron,
Fleur Pellerin et Michel Sapin
avaient indiqué que les condi-
tions d’un retour dela publicité en
soirée sur les antennes du groupe
public n’étaient «pas réunies ».
«Les chaînes commerciales [au
nombre devingt] ne peuvent sefi-
nancer si on remet en cause lesrè-
gles en permanence », ajoute
M. de Tavernost. Pour porter ce
message,les radios et télévisions
privées ont adressé mercredi
9 septembre un courrier com-
mun au premier ministre, Ma-
nuel Valls.
«Il existe déjà desrecettes publi-
citaires entre 20 heures et 21heu-
res,grâce aux programmes courts
sponsorisésetaux grandes causes,
nuance Thierry Jadot, PDG du
groupe publicitaire Dentsu Aegis
Network. L’ouverture de la publi-
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PERIODICITE : Quotidien
RUBRIQUE : Médias et pixels
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JOURNALISTE : Alexis Delcambre
10 septembre 2015 - N°21974
cité classique pourrait se chiffrer
à 40 à 50 millions d’euros addi-
tionnels selon nosestimations, sur
un marché publicitaire télé-
visé de 3,3 milliards d’euros
en 2015.L’impact sur l’ensemble
deschaînesresterait limité. »
Le retour de la publicité en soi-
rée serait aussi une mesure sym-
bolique à laquelle la gauche n’est
en théorie pas favorable. «Jene
pensepas que la parole de Michel
Sapin doive être interprétée
comme un accord du gouverne-
ment à la demande deDelphine Er-
notte, éclaire Patrick Bloche, pré-
sident (PS)de la commission des
affaires culturelles de l’Assemblée
nationale. De mon point devue,ce
débat n’ira pas très loin. Dans la
feuille de route dela nouvelle prési-
dente, il y asurtout la maîtrise des
coûts et la possibilité de dévelop-
per desressourcespropres. »
M. Bloche n’exclut pastoutefois
quelques « souplesses», tel un lé-
ger relèvement du montant de la
redevance, actuellement de
136euros, ou un report de la date
demandée pour le retour à l’équi-
libre de France Télévisions, par
exemple de 2016à2017.p
alexis delcambre
et alexandre piquard
Les radios
et télévisions
privées ont
adressé mercredi
9 septembre
un courrier
commun au
premier ministre,
Manuel Valls
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