Chapitre 4 : Entropie et second principe 0. Préambule • Dans ce chapitre, on travaillera principalement avec un système fermé. • On précisera la notion d’équilibre via un nouveau paramètre : l’entropie. • Le second principe de la thermodynamique donnera une information sur la réversibilité des transformations. • Les aspects macroscopiques et microscopiques seront confrontés. 1. Nécessité d’un second principe • De nombreuses transformations qui satisfont au premier principe ne se produisent pas ! • Exemple de transformation : verre d’eau tempérée dans une pièce ne peut se réchauffer spontanément. T0 T0 ??? T = T0 T > T0 • Il faut donc une information sur le caractère réversible ou non d’une transformation. • Le second principe a fait l’objet de nombreux débats / travaux : Clausius, Carnot, Hirn, Lord Kelvin. 2. Entropie • Image énergétique de la transformation vis-à-vis du premier principe : En la transformation est réversible notion d’extremum f i • Image microscopique de la transformation : f i la transformation est irréversible hétérogène homogène • Equilibre contraint et équilibre naturel : parois dans un récipient i f • Le second principe postule qu’il existe une fonction entropie S qui est maximale à l’équilibre d’un système fermé. L’entropie est toujours plus grande pour un équilibre naturel que pour un équilibre contraint. • Ce paramètre mesure bien le caractère réversible d’une transformation : ∆S ≥ 0 • Ce postulat n’explique rien, il se base sur des observations expérimentales. • Remarque : S est extensif et n’est pas une information supplémentaire ! S(U, V, N ) • Extremum de l’entropie : En i f la transformation est irréversible S • Ethymologie du mot en-tropie inventé par Clausius : - “en” pour énergie - “tropie”, transformation (grec) • L’entropie est une fonction qui satisfait au second principe, plusieurs définitions peuvent satisfaire à ce principe. S? W S? Q macroscopique microscopique 3. Entropie macroscopique (Clausius) • Clausius tente de formaliser la transformation irréversible du verre d’eau. T0 T > T0 T0 transformation naturelle T = T0 ∆U = Q bilan verre : ∆Stot Q T bilan pièce : � � 1 1 =Q − ≥0 T T0 irréversible : ∆Stot > 0 T > T0 ∆Stot = 0 T = T0 réversible : −Q T0 • Inégalité de Clausius : variation d’entropie en contact avec une source ∆Stot Q = ∆S + ∆S0 = ∆S − ≥0 T0 Q ∆S ≥ T0 δQ dS ≥ T0 • Généralisation : plusieurs sources thermiques dS ≥ � δQi i Ti 4. Machines thermiques • Machines thermiques basées sur des cycles : Q = −W ∆U = 0 ∆S = 0 • Cycle monotherme : jamais moteur, toujours récepteur ! p Q W W environnement V système T0 source ∆U = W + Q = Wrev + Qrev Qrev Q ∆S = > T0 T0 cycle Q<0 W >0 Qrev = 0 Wrev = 0 • Exemple de cycle monotherme : piston comprimé-décomprimé • Cycle ditherme : parfois moteur, parfois récepteur ! système p T2 W V Q2 T1 Q1 source froide source chaude W environnement ∆U = 0 ∆S = 0 W + Q1 + Q2 = 0 (1er principe) Q1 Q2 + ≤0 T1 T2 (Clausius) W >0 récepteur W <0 moteur • Cycle ditherme : diagramme de Raveau Q2 Q1 Q2 + =0 T1 T2 non-physique Q1 r eu r ot u m pt e ce ré 0 > 1 Q T2 Q 2 < 0 moteur : W <0 T1 Q1 + Q2 = 0 • Rendement d’un cycle : rapport entre travail produit et énergie reçue. |W | |Q1 | − |Q2 | |Q2 | r= = =1− |Q1 | |Q1 | |Q1 | Clausius : Q1 Q2 + ≤0 T1 T2 T2 r ≤1− T1 Le rendement d’un cycle moteur ditherme est maximum lorsqu’il est réversible. • Remarque : il est impossible d’obtenir un rendement de 100%. • Le cycle de Carnot : cycle idéal entre deux sources (pas d’irréversibilité) - 2 branches isothermes (source chaude et source froide) - 2 branches adiabatiques (transformations isoentropiques) T p a T1 a b T2 d c b d W =− � • A vérifier : Q = −W c pdV T1 T2 V Q= � S T dS • Transformation adiabatique : Q = 0 (pas d’échange de chaleur) dU = −pdV gaz parfait : 3 N kB T N kB dT = − dV 2 V 3 dT dV =− 2 T V 3 T2 V2 ln = − ln 2 T1 V1 � en général : V2 V1 �� T2 T1 �3/2 pV γ = cte T V γ−1 = cte =1 • Transformation isotherme : T = cte V2 Q = −W = N kB T ln V1 (cfr chapitre précédent) • Rendement d’un cycle de Carnot : Vb |Q1 | = | − Wab | = N kB T1 ln Va Vc |Q2 | = | − Wcd | = N kB T2 ln Vd T1 Vbγ−1 = T2 Vcγ−1 T1 Vaγ−1 = T2 Vdγ−1 Vb Vc = Va Vd |Q2 | T2 r =1− =1− |Q1 | T1 Vc ln |Q2 | T 2 Vd = |Q1 | T 1 Vb ln Va |Q2 | T2 = |Q1 | T1 5. Entropie de Boltzmann • Boltzmann considère le nombre de complexion d’un système : Ω le nombre d’états microscopiques possibles. • Détente d’un gaz : irréversibilité et probabilité vide Ω=1 Ω=2 vide Ω=1 Ω=4 vide Ω=1 Ω=8 • Dans l’exemple : Ω = 1 → Ω =2 N • Lorsque le nombre de complexion augmente, il semble peu probable de revenir en arrière. • A l’échelle microscopique, l’entropie caractérise le désordre ou le degré d’homogénéité du système. S = kB ln Ω entropie de Boltzmann • Micro/Macro : est-ce compatible avec l’entropie macroscopique ? échelle microscopique échelle macroscopique ? �ri �vi U, V, N 6N variables 3 variables 6. Gaz sur réseau • Gaz sur réseau = modèle utile pour illustrer des phénomènes physiques. ingrédients : - réseau - sites N0 3 a - volume élémentaire - particules N • Nombre de complexion : problème élémentaire d’analyse combinatoire N0 ! Ω= N !(N0 − N )! le nombre de complexion est maximum lorsque N = N0 /2 (cfr Triangle de Pascal) • Entropie du gaz sur réseau : ln Ω = ln N0 ! − ln N ! − ln(N0 − N )! approximation de Stirling : ln N ! ≈ N ln N − N ln Ω ≈ N0 ln N0 − N0 − N ln N + N − (N0 − N ) ln(N0 − N ) + N0 − N N ln Ω ≈ −N ln N0 or V = N0 a3 V S = kB ln Ω ≈ kB N ln N a3 on retrouve bien une entropie fonction de variables primitives ! le problème du passage micro-macro est donc résolu. • Il n’y a pas d’énergie interne car ni vitesses ni interactions entre particules. • Note sur l’approximation de Stirling : n! = 1 × 2 × 3 × ... × n ln n! = n � i=1 ln i ≈ � n 1 n�1 n ln x dx = [x ln x − x]1 = n ln n − n + 1 ln n! = n ln n − n � � 1 ln n! − n ln n − n + ln(2πn) 2 si n petit, on ajoute un terme correctif : ln n! = n ln n − n + n 1 ln(2πn) 2 • L’importance du logarithme dans l’expression de Boltzmann : N01 N1 N02 N2 N = N1 + N2 V = V1 + V 2 Ω = Ω 1 Ω2 S = kB ln Ω = kB ln Ω1 Ω2 = kB ln Ω1 + kB ln Ω2 = S1 + S2 le logarithme garantit l’extensivité de S • Exercice : considérer un mélange de trois particules sur le réseau : Ω? N 1 + N2 + N 3 = N0 - calculer le nombre de complexion - pour quelle situation S sera maximale ? 7.Vue microscopique des gaz • Etude statistique pour le dénombrement des états microscopiques statistique mécanique quantique physique statistique • Gaz parfait : formule de Sakur-Tetrode [admis] S = kB N ln � V N � terme identique au gaz sur réseau 3kB N + ln 2 � U N terme correspondant à l’énergie interne � 3kB N � m � 5 + ln + kB N 2 2 3π� 2 termes reprenant les caractéristiques des particules = N x cte On a bien une fonction extensive de la forme S(U, V, N ) constante de Planck : h = 6.626 10−34 Js • Remarque : l’énergie interne est équivalente à l’énergie cinétique totale des particules. • Gaz réel : le modèle de van der Waals Ψ van der Waals rij d d D rij Lenard-Jones −Ψ0 4π 3 v0 = d 3 coeur dur : rij < d zone attractive : d < rij < D particules indépendantes : D < rij énergie potentielle attractive : Ea = �� j i�=j Ψ(rij ) Ea = �� j Ψ(rij ) i�=j ? probabilité de contribuer à l’énergie potentielle : au total : Ea = −N Ψ0 � 4π 3 4π 3 D − d 3 3 � � 4π 3 4π 3 D − d 3 3 � N V N N2 = −K V V comparaison : gaz parfait gaz de van der Waals volume disponible V V − (N − 1)v0 ≈ V − N v0 énergie cinétique U U − Ea entropie S(U, V, N ) S(U − Ea , V − N v0 , N ) S = kB N ln � V − N v0 N � 3kB N + ln 2 � U + KN /V N 2 � 3kB N � m � 5 + ln + kB N 2 2 3π� 2 8. Démon de Maxwell • Afin de mettre le second principe en difficulté, Maxwell imagine un être intelligent qui “trie” les particules à l’interface entre deux compartiments. • L’idée est reprise par Feynman qui imagine un moteur basé sur ce principe. • Le démon de Maxwell doit se soumettre aux lois de mouvement des particules. Il s’agit du mouvement Brownien (Einstein, 1905). • Smoluchowski (1912) propose que le clapet entre les deux compartiments se met à l’équilibre avec le gaz. Il s’ouvre et se ferme à l’approche des particules. Il ne peut pas être efficace vis-à-vis du mouvement Brownien. • Szilard et Brillouin (1950) constatent bien plus tard que pour analyser le mouvement des particules, le démon doit les éclairer. Il faut donc amener de l’énergie pour trier les particules ! Le second principe n’est pas violé. • Une expérience qui met en évidence le démon de Maxwell ? Non, car collisions inélastiques entre particules. système dissipatif 9. Troisième principe • Le troisième principe de la thermodynamique (Nernst) propose que S=0 à T = 0K • Ce principe donne un point de référence. • D’un point de vue microscopique : l’agitation s’annule pour toutes les particules au zéro absolu. T = 0K → Ω = 1 S = kB ln 1 = 0 J/K