Chaleur
Dans le langage courant, les mots chaleur et température ont souvent un sens équivalent : Quelle
chaleur !
La chaleur dans le sens commun a longtemps été confondue avec la notion de température, car à
pression constante, c'est une fonction croissante de la température : par exemple tous les corps purs
dans l'état solide, liquide ou gazeux ont une capacité calorifique molaire à pression constante CP(T),
positive. Dans ces conditions, comme à l'air libre la pression est quasi-constante P ≈ 1,013 25·105
pascals, chauffer un corps engendre une élévation de sa température. Mais cela n'est pas toujours
vrai notamment lors d'un changement d'état physique: quand on chauffe de la glace, elle fond à 0°C
sous la pression d'une atmosphère, à température constante. Il y a dans ce cas, apport de chaleur
sans augmentation de température.
Au XIXe siècle, la chaleur est assimilée à un "fluide": le calorique. Les progrès et les succès de la
calorimétrie imposent cette théorie jusqu'à la fin du XIXe siècle. Cette conception est en effet reprise
par Sadi Carnot : un moteur thermique ne peut fonctionner que si la chaleur circule d'un corps dont la
température est plus élevée vers un corps dont la température est plus froide; raisonnement
correspondant à une analogie avec une machine hydraulique qui tire son énergie du passage de l'eau
d'un réservoir d'altitude élevée vers un réservoir d'altitude inférieure.
Ce n'est qu'avec l'avènement de la thermodynamique statistique, que la chaleur sera définie comme
un transfert de l'agitation thermique des particules au niveau microscopique. Un système dont les
particules sont statistiquement plus agitées présentera une température d'équilibre, définie à l'échelle
macroscopique, plus élevée. La température est donc une grandeur macroscopique qui est le reflet
statistique des énergies cinétiques des particules à l'échelle microscopique. Au cours de chocs
aléatoires, les particules les plus agitées transmettent leur énergies cinétiques aux particules les
moins agitées. Le bilan de ces transferts d'énergies cinétiques microscopiques correspond à la
chaleur échangée entre des systèmes constitués de particules dont l'agitation thermique moyenne est
différente.
La température est donc une fonction d'état intensive d'un système thermodynamique définie
exclusivement à l'échelle macroscopique. En revanche, la chaleur est un transfert d'agitation
thermique qui par nature est désordonné. La chaleur n'est pas une fonction d'état mais une grandeur
dépendant de la nature de la transformation mise en jeu.
De plus, il est clair que le transfert ne peut se faire que dans le sens des particules statistiquement les
plus agitées vers les particules statistiquement les moins agitées; c'est à dire que la chaleur ne peut
passer que du système le plus chaud vers le système le plus froid. Cette hypothèse est confirmée par
le second principe de la thermodynamique qui introduit la fonction d'état entropie.