d’une affirmation théorique. Elles sont dégagées par inférence à partir de données expérimentales qu’elles
seules permettent d’expliquer (cf Lucrèce, 1. 503-10, 520-27). Or la définition des deux réalités de base dans
le domaine de l’inévident (i.e. de l’invisible) se rapporte à l’expérience du toucher. La dualité de l’atome et du
vide n’est plus du tout l’écho de l’opposition de l’être et du non-être (du « physique » et du
« paraphysique »). Au contraire la dualité passe au sein même de la nature (phusis) : c’est l’opposition entre
tangible et intangible : d’un côté le solide- résistance (antitupia), de l’autre complète absence de résistance
ou de solidité (εἶξις, action de céder). Cette opposition sera comprise grâce à une généralisation
analogique, à partir de l’évident vers l’inévident.
2. Une vérification empirique.
Nous pouvons comprendre ce concept du vide par une analogie empirique empruntée au visible (l’eau qui
« cède la place » aux poissons chez Lucrèce >le vide qui « cède la place » aux atomes).
L’argument proposé par Epicure se présente sous forme négative, en vertu de la méthode de « non-
infirmation ». En effet, l’hypothèse contraire conduirait à contredire une donnée fondamentale de
l’expérience, à savoir le fait que les corps occupent un espace et sont en mouvement :
« si ce que nous appelons vide (κενὸν), espace (χώραν) ou nature intangible (ἀναφῆ φύσιν) n’était pas (μὴ
ἦν), les corps n’auraient pas où être (ὅπου ἦν) ni à travers quoi se mouvoir (δι' οὗ ἐκινεῖτο), comme nous
voyons qu’ils se meuvent ». On retrouve là l’argument « expérimental » que Leucippe avait soutenu contre
Mélissos. Mais ce qui est nouveau c’est que le vide n’est plus du tout présenté comme non-être (rejet de
l’hypothèse), au contraire il est appréhendé comme être/nature (phusis). Cf : « le tout est ».
Ainsi, le vide est clairement rapproché par Epicure de l’espace en tant que lieu où sont les corps et à
travers quoi le mouvement est possible.
CONCLUSION : Il n’ y a pas de théorie métaphysique du vide chez Epicure, pour la bonne raison qu’il n’y a pas de
théorie métaphysique tout court, si par « métaphysique » on entend un discours portant sur des réalités
qui seraient ontologiquement supérieures aux réalités physiques. Par contre la théorie physique du vide
chez Epicure répond à certains enjeux qui ont d’abord été mis au jour dans un contexte « ontologique »