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Sa philosophie prône le contentement (de ses avoirs, de son état affectif, de son rang social) et
la vie communautaire entre amis dans un bonheur stable.
En éthique, le philosophe défend l'idée que le souverain bien est le plaisir, défini
essentiellement comme “absence de douleur“.
En logique ou épistémologie, Épicure considère que la sensation est à l'origine de toute
connaissance et annonce ainsi l'empirisme.
Plus jouisseur que le Stoïcisme, moins radical que le Cynisme, l’Epicurisme semble de prime
abord avoir tout pour être une philosophie de confort adaptée à notre époque.
Et si au contraire les valeurs prônées par Epicure n’avaient jamais été aussi absentes du
monde qu’aujourd’hui? Fondé en 306 avant J C, le jardin, petite communauté en apparence
Baba Cool à l’écart d’Athènes, ne donna jamais en effet dans l’apologie du plaisir à la petite
semaine et encore moins dans la débauche débridée.
Sobriété dans la manière de vivre, prudence face à l’assouvissement des désirs, sexualité
libérée de toute culpabilité mais mesurée, les épicuriens n’ont jamais été les prosélytes
lubriques qu’on a voulu voir en eux et ce depuis l’Antiquité.
Aux antipodes de l’aristocratisme platonicien et de la religiosité stoïcienne, ils inventèrent une
philosophie aux dimensions de l’homme, bienveillante et joyeuse, hostile aux phrases
ronflantes et aux grands objectifs hypocrites.
Loin de la vaine agitation du monde, en rupture avec une société jugée corruptrice, l’épicurisme
des origines suggère de vivre caché et de se tenir à distance de la politique lorsque celle-ci
n’est plus que le lieu d’une compétition cynique et brutale.
Dans les sociétés occidentales ou l’homme est souvent devenu un animal très docile, soumis à
de faux besoins, l’épicurisme avec sa méthode de réduction des désirs persécuteurs et des
craintes, demeure l’une des plus imparables doctrines éthiques jamais inventée pour réveiller
ceux qui ronflent tout éveillés et apprendre à vivre intensément le présent.
De la à faire du sage hédoniste un proxénète, il n’y a qu’un pas que franchissent allégrement
ses détracteurs.
En réalité, loin de passer ses jours dans des couches parfumées, Epicure est surtout l’un des
rares philosophes à ne pas considérer la femme uniquement par ses ovaires.
Quant à ses supposés excès de table, sa constitution chétive et malingre dément d’elle-même
la calomnie. Le philosophe thérapeute est un grand corps malade. Ironie amère, c’est dans
d’atroces douleurs, victime de calculs rénaux qu’il finira ses jours.
Epicure professe et pratique un hédonisme ascétique, le plaisir étant avant tout qualitatif.
Quand il ne se consacre pas à ses cours, il écrit, il ne reste que 3 lettres, c’est pour cette raison
que je l’ai choisi… et une poignée de fragments, “les maximes maitresse“ et “les sentences
vaticanes“.
Toute la doctrine d’Epicure vise à donner à ses disciples les conditions de la sécurité spirituelle,
c'est-à-dire de les libérer de la terreur atavique des Dieux, de la Mort et du Temps.
Chez lui, seulement des atomes et du vide. Tout est matière, affirme le matérialiste l’âme est
vouée à la désintégration comme les dieux bienheureux qui n’ont que faire des hommes depuis
leur Olympe lointain.