TAB SPECIF (page 1)
LE TABLEAU DE SPÉCIFICATIONS
EN ÉVALUATION CERTIFICATIVE
par G. Scallon, professeur
Département d'orientation, d'administration et d'évaluation en éducation,
FSÉ, Université Laval.
(1996)
_______________________________________________________________
Un examen, une épreuve de rendement ou un test devant servir à des fins
d'évaluation certificative ou sommative doit être préparé selon un plan bien défini.
Parcourir un manuel scolaire, à la recherche d'éléments pouvant servir d'inspiration à la
rédaction de questions d'examen, est un procédé depuis longtemps dépassé. Par souci
de respect des «règles du jeu», les éléments de contenu et, au mieux, les objectifs
d'apprentissage qui ont été l'objet d'une attention toute particulière en cours de route,
doivent être considérés avec une attention tout aussi particulière dans la préparation
d'un examen ou d'un ensemble d'examens à être utilisés à des fins d'évaluation
certificative. Sans révéler le contenu de l'examen à l'avance il est possible d'en parler
«intelligemment» ne serait-ce que pour indiquer aux élèves les points importants au
regard desquels ils doivent se tenir prêts. De plus, il nous faut un outil pour faire le
pont entre la matière vue et les objectifs visés d'une part et les questions ou problèmes
de l'examen, d'autre part, compte tenu de leur représentativité en nombre et de leur
importance relative. Cet outil à usage multiple, c'est le tableau de spécifications.
Le ministère de l’Éducation du Québec entreprend une démarche identique pour
préparer ses examens uniques , ses examens uniformes ou ses épreuves d’appoint au
regard de ses programmes d’études: c’est la définition du domaine. Il s’agit ici du
domaine relatif à un programme d’études et non pas de celui dont on se sert pour
délimiter le contenu d’une seule épreuve à fonction formative.
Étant donné qu'il est pratiquement impossible de poser toutes les questions ou
problèmes susceptibles de mesurer les objectifs pédagogiques d'une longue période
d'enseignement et d'apprentissage, il nous faut la plupart du temps parler d'échantil-
lonnage. Le tableau de spécifications s'avère être un outil indispensable à cette fin.
_______________________________________________________________
1.- Le découpage de la matière
Avant que ne soit reconnue l'importance de définir les objectifs pédagogiques, le
contenu d'une matière présentait, à toute fin pratique, la seule base pour établir un plan
d'échantillonnage des questions dans la préparation d'une épreuve de rendement ou
d'un examen. Il s'agissait alors de découper cette matière ou discipline en plusieurs
thèmes tels qu'ils apparaissent dans la table des matières d'un manuel.
TAB SPECIF (page 2)
Le découpage de la matière, aux fins de créer la première dimension d'un tableau
de spécifications, est une tâche relativement facile. La plupart des programmes
d'études sont suffisamment structurés sur le plan du contenu pour que l'organisation de
la matière serve presque telle quelle à l'élaboration d'un tableau de spécifications. Les
deux exemples qui suivent ont été inspirés d'anciens programmes du ministère de
l'Éducation du Québec. Les thèmes énumérés dans chacun des exemples sont des titres
de modules (ou de chapitres d'un manuel fictif) et pourraient apparaître tels quels dans
un tableau de spécifications.
Exemples de découpage d'une matière
Exemple 1
ÉCOLOGIE (sec. I) Exemple 2
ÉDUCATION ÉCONOMIQUE (sec. V)
L'écologie: introduction
Interrelations
Fonction des producteurs
Fonction des consommateurs
Circulation de la matière et de l'énergie
Influences du milieu sur les être vivants
Organisation économique de la société
Organisation de la production
Ressources humaines
Consommation
Institutions financières et monnaie
État et finances publiques
2.- Les niveaux d'objectifs
La seconde dimension à traiter pour un tableau de spécifications est celle des ni-
veaux d'objectifs ou des catégories de comportements. Le vocabulaire le plus utilisé
dans les tableaux de spécifications donnés en exemples dans les ouvrages de docimo-
logie est celui qui a été emprunté aux grandes taxonomies des objectifs pédagogiques
dont celles de Bloom et collaborateurs, pour le domaine cognitif. Certains programmes
ou disciplines caractéristiques offrent un vocabulaire plus spécifique que les respon-
sables d'examens peuvent emprunter. Ainsi en est-il des verbes comme identi-
fier/nommer, expliquer, construire, etc. Le vocabulaire des sciences cognitives peut
être évoqué: les trois types de connaissances : déclaratives, procédurales et
conditionnelles. On pourrait ajouter les stratégies, les attitudes ou encore des
compétences dans des domaines d'expertise. Il est impossible de rendre compte ici
de toutes les variantes qui peuvent être introduites dans un tableau de spécifications.
Qu'il suffise de dire que la dimension «niveaux d'objectifs» (ou «catégories de
comportements») doit être traitée méticuleusement pour que le tableau de spécifications
serve à planifier l'élaboration d'un examen.
Pour en savoir plus au sujet des niveaux d’objectifs qui peuvent être
utilisés, lire le fascicule intitulé:
Planifier l’évaluation certificative: à la recherche d’une
nomenclature d’obectifs.
TAB SPECIF (page 3)
3.- La notion de cellule
C'est en croisant les deux dimensions, la dimension «contenu» à la dimension
«niveaux d'objectifs» qu'on arrive à se présenter toutes les combinaisons possibles
ou cellules qui peuvent se présenter pour créer les questions ou les problèmes d'un
examen à planifier. Pour se saisir de cette relation, prenons un exemple fort simple
avec le sujet du verbe et son complément (deux éléments de contenu) avec lesquels on
peut lier deux comportements: identifier (l'un ou l'autre) dans une phrase simple ou en
produire un dans une phrase à compléter. Le croisement de deux comportements à
deux éléments de contenu produira un tableau de spécifications à quatre (4) cellules
comme dans l'exemple qui suit.
comportements
contenu identification production
sujet du verbe
complément
La cellule « identification x sujet du verbe » pourrait correspondre à l'objectif
opérationnel suivant :
(Être capable) d'indiquer (d'identifier) le sujet du verbe dans une phrase simple.
Voici des tâches (questions ou phrases) pouvant servir à mesurer cet objectif:
L'élève a pour consigne d'encercler le mot (ou groupe de mots) sujet du verbe (groupe nominal sujet).
1.- Marie nourrit son chat. 2.- Le train arrive aujourd'hui. 3.- Claude vient avec son ami.
La cellule « production x complément » pourrait correspondre à l'objectif
opérationnel suivant :
(Être capable) d'imaginer et d'écrire le complément du verbe
dans une phrase simple à compléter.
Voici des tâches (questions ou phrases) pouvant servir à mesurer cet objectif:
L'élève a pour consigne d'écrire un complément du verbe dans l'espace réservé à cette fin.
1.- Jean a perdu son _______. 2.- Il mange du __________. 3.- Jeanne arrive ce _______.
NOTE: la correction doit prévoir plusieurs mots acceptables dans chaque cas.
Le nombre de cellules d'un tableau de spécifications dépend, bien sûr, du nombre
d'éléments de contenu (ou de thèmes) et du nombre de niveaux d'objectifs. Un tableau
composé de 15 thèmes associés à 7 niveaux d'objectifs produira ( 7 x 15 ) 105
cellules.
TAB SPECIF (page 4)
4.- Les pourcentages d'importance relative
Il existe trois procédés pour déterminer l'importance relative de chaque
combinaison « objectif x contenu » ou cellule.
[a] l'attribution directe de pourcentages aux cellules du tableau de spécifications
[b] le produit des pourcentages marginaux
[c] l'inventaire des notions x comportements (
que
nous
ne
traiterons
pas
ici
).
a) l'attribution directe
Bloom, Madaus et Hastings (1981, p. 80) y font brièvement allusion. Il s'agit
probablement du procédé le plus simple qui soit pour élaborer un tableau de spécifica-
tions. Par ce procédé, chaque combinaison «notion x comportement» (ou cellule) se
voit directement attribuer un pourcentage d'importance relative. Après plusieurs ajus-
tements, la somme de tous les pourcentages inscrits dans les cellules doit être égale à
100.
b) le produit des pourcentages marginaux
On trouve des exemples d'utilisation de ce procédé dans des ouvrages anciens. Il
s'agit d'abord d'attribuer des pourcentages d'importance relative à chaque catégorie de
contenu issue du découpage de la matière en thèmes. La somme de ces pourcentages
doit être 100. Ensuite, des pourcentages sont attribués aux niveaux d'objectifs ou aux
comportements-types. Ici encore, la somme des pourcentages doit être 100. Les deux
démarches sont indépendantes l'une de l'autre mais doivent révéler les grandes orienta-
tions d'un cours ou d'un programme d'études pour ce qui est d'indiquer l'importance
relative des catégories de contenu et l'importance relative des niveaux d'objectifs visés.
Ainsi, dans un cours de statistique descriptive on pourrait prendre l'exemple suivant
fourni par un professeur:
La collecte des informations ........................5 %
La description statistique ...........................20 %
Les mesures de tendance centrale .................30 %
Les mesures de dispersion .........................30 %
La corrélation .........................................15 %
__________________________________________________________
connaissance compréhension application
10 % 30 % 60 %
TAB SPECIF (page 5)
Les pourcentages de chaque répartition qui vient d'être donnée en exemple deviennent
des pourcentages marginaux dans un tableau de spécifications car on peut les écrire
ainsi au moment d'élaborer le tableau de la page suivante.
COURS DE STATISTIQUE DESCRIPTIVE
CONNAISSANCE COMPRÉHENSION APPLICATION
Collecte des inform. 5 %
Description statistique 20 %
Mes. de tendance centr. 30 %
Mesures de dispersion 30 %
Corrélation 15 %
10 % 30 % 60 %
Il reste enfin à multiplier les pourcentages marginaux à tour de rôle pour obtenir
le pourcentage d'importance relative de chaque cellule. Par exemple, il faut inscrire le
produit de 10 % par 5 % dans la cellule «collecte des informations x connaissance».
Voir le tableau suivant où le produit 0,5 % a été inscrit dans la bonne cellule.
COURS DE STATISTIQUE DESCRIPTIVE
CONNAISSANCE COMPRÉHENSION APPLICATION
Collecte des inform. 0,5 % 5 %
Description statistique 20 %
Mes. de tendance centr. 30 %
Mesures de dispersion 30 %
Corrélation 15 %
10 % 30 % 60 %
EXERCICE 1: complétez le tableau de spécifications pour le cours de Statistique
descriptive en inscrivant les produits qui conviennent dans chaque cellule.
Vérifiez votre réponse avec le corrigé présenté à la fin de ce fascicule.
5.- L'utilisation du tableau de spécifications
Essentiellement, le tableau de spécifications est un outil pour obtenir un
échantillonnage représentatif de l'ensemble des objectifs x contenus se rapportant
à une période d'enseignement et d'apprentissage. En milieu scolaire, cette période peut
correspondre à une étape ou à toute une année scolaire. La façon d'utiliser le tableau de
spécifications à cette fin dépend du mode de codage1 des réponses obtenues aux
diverses questions ou aux divers problèmes de l'examen.
1.- Accorder un certain nombre de points par bonne réponse ou pour une réponse «partiellement»
bonne est un procédé de codage. Le langage populaire nous a appris à parler de
correction des
copies d'un examen
, terme inexact emprunté au vocabulaire anglais. La correction suppose que
les fautes seront supprimées et remplacées par des réponses correctes. Ce n'est habituellement pas
le cas pour un professeur qui code les copies d'un examen en vue de leur attribuer un score (la
somme des points obtenus pour une copie).
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !