II. COMPLICATIONS CUTANEES
• Les complications cutanées sont dominées par les escarres.
• Il est important d’en connaître les facteurs favorisants et d’individualiser les patients à risque car la mise en
place de mesures préventives efficaces permet d’en prévenir la survenue même chez des malades gravement
atteints.
A. Mécanismes et facteurs favorisants
1.Mécanismes
• L’escarre est une nécrose ischémique des tissus cutané et sous-cutané liée une pression prolongée des
parties molles, supérieure à la pression de perfusion capillaire, en regard d’un relief osseux.
◊ Chez un sujet sain, une pression continue sur les masses molles de 200 mmHg peut entraîner une
escarre en 2 heures.
◊ En position assise, la pression peut varier entre 100 et 200 mmHg selon la nature du siège. Une
escarre peut apparaître dans un délai de 3 heures.
◊ En position couchée, les pressions sont mieux réparties variant autour de 100 mmHg. Une escarre
peut se constituer en 4 • heures. Ces délais sont raccourcis chez des patients présentant des facteurs
de risque.
• La survenue d’escarre est une des complications les plus invalidantes du décubitus et de l’immobilisation.
Sa fréquence augmente en cas de pathologie neurologique (paraplégie, tétraplégie, coma), chez la personne
âgée et en milieu de réanimation. Il s’agit d’une complication potentiellement grave et lourde car les soins
sont longs et coûteux, induisant à elle seule une prolongation de l’hospitalisation.
2. Facteurs généraux favorisants
a. Hypoxie systémique
• Elle aggrave l’hypoxie tissulaire induite par la compression
• Les causes d’hypoxie systémiques et/ou régionale sont : fièvre, athérosclérose, diabète,
hypotension, vascularites, anémie, pathologie respiratoire.
b. Dénutrition, déshydratation
• Chez l’adulte la mesure la plus simple pour apprécier l’état nutritionnel est l’indice de masse
corporelle (IMC) :
IMC = poids [en kg] divisé par la taille [en mètre] au carré
• Une dénutrition est définie par un IMC inférieur à 18,5 entre 18 et 65 ans.
Une perte de poids rapide > 5 % en 1 mois, > 10 % en 6 mois témoigne d’une dénutrition récente.
Les critères biologiques de dénutrition sont plus fiables que la clinique chez le sujet âgé et le sujet
paralysé. Le dosage de l’albumine et de la préalbumine, interprété en fonction de la CRP est un bon
reflet de l’état nutritionnel. La préalbuminémie a une demi-vie de deux jours, ce qui permet une
appréciation plus précoce des modifications nutritionnelles. La dénutrition est affirmée par un dosage
d’albumine < 35 g, un dosage de pré-albumine < 200 mg.
c. Risques spécifiques à certaines situations
– Maladies neurologiques induisant : trouble de vigilance, troubles sensitifs et/ou moteurs qu’ils
soient d’origine centrale ou périphérique entraînant une immobilisation avec impossibilité de se
mouvoir (coma, paraplégie, hémiplégie…).
– Médicaments : corticoïdes, ergotamine, alphabloquants…
– Facteurs mécaniques :
• hyperpression, favorisée par une mauvaise installation et/ou une attitude vicieuse,
positionnement sur un plan dur ;
• cisaillement provoqué par des pressions exercées obliquement (au cours des transferts par
glissement par exemple) ;
• frottements et macération qui rendent la peau plus sensible ;
• soins locaux : massages traumatiques, agression thermique : de vessie de glace…