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« La jeunesse n’est qu’un mot »… la vieillesse aussi!
Par Samuel • 19 mar, 2010 • Catégorie: Actualités-Culture G •
Quand on évoque la « vieillesse », la « jeunesse », le « troisième âge » ou les « jeunes »…de
quoi parle-t-on exactement?
Les frontières entre la vieillesse et la jeunesse sont difficiles à tracer: biologiquement, nos
cellules meurent plus vite qu’elles ne se renouvellent dès l’âge de 20ans, on peut voter à 18ans
mais tout dépend de la volonté du législateur, on peut partir en préretraite dès 50ans dans certains
cas ou travailler jusqu’à sa mort dans d’autres cas… « Les divisions entre les âges sont
arbitraires », affirme le sociologue Pierre Bourdieu.
Lorsqu’on parle de jeunesse/vieillesse, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre « la
relation dans sa forme la plus vide » explique Pierre Bourdieu dans un entretien fameux avec
Anne-Marie Métailié, paru en 1978. Dans cet article Pierre Bourdieu exhume la construction
sociale d’une donnée en apparence naturelle: l’âge. Si l’âge est évidemment une donnée
biologique, le sociologue révèle qu’elle est aussi « socialement manipulée et manipulable« .
En effet, l’âge biologique est une donnée que chaque société interprète différemment au cours de
son histoire et que chaque groupe social, sinon chaque individu, perçoit à sa manière.
Biologiquement, « on est toujours le vieux ou le jeune de quelqu’un » , rappelle le Bourdieu.
C’est donc socialement que ces catégories prennent un sens. Mais les catégories comme celles
d’ « adulte », de « jeune », de « retraité » ou de « vieux » ne sont pas figées: les rapports entre
l’ « âge social » et l’âge biologique évoluent sans cesse.
Comme la jeunesse, la vieillesse est donc un concept historiquement situé dont il est très difficile
de déployer la multiplicité des réalités concrètes qu’il recouvre. Quel rapport entre une
personne âgée qui travaille et une autre qui est à la retraite ou au chômage? Quel rapport
entre une personne âgée qui voyage et fait du ski et une autre clouée sur son lit d’hôpital?
Quel rapport enfin entre celle qui vit seule et dépend de prestations sociales pour survivre et
celle qui s’installe sur la côte d’Azur pour accueillir ses petits-enfants?