Licence 3 Méthodologie clinique : l’entretien clinique – les psychothérapies
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Université Rennes 2
MÉTHODOLOGIE CLINIQUE
L’entretien clinique – Les psychothérapies
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Plan
I. L’ENTRETIEN CLINIQUE
1. L’entretien psychologique
Des mots pour dire l’entretien
1.1. Un type particulier de conversation
1.2. Typologie de l’entretien
1.3. Modalités d’intervention
1.3.1. Niveaux d’analyse
1.3.2. Types de relance
1.3.3. Effets des relances
1.4. Analyse du contenu
2. Entretien clinique
2.1. Mécanismes en jeu
2.2. Caractérisation formelle
3. L’entretien clinique d’évaluation
3.1. Définition
3.2. L’analyse diagnostique en situation d’entretien
4. L’entretien d’aide
4.1. Le modèle rogérien
4.2. La reformulation en entretien d’aide
4.3. Autres apports
II. LES PSYCHOTHÉRAPIES
1. Difficultés et problèmes
1.1. Origines
1.2. Obstacles
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- Licence 3 de Psychologie T.D. « Méthodologie clinique » - enseignement de C. Bouchard, MCU
Psychologie clinique (Université Rennes 2) mise à jour : février-mars 2014.
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2. Quelques repères pour s’en sortir
Une théorie générale des modèles thérapeutiques
2.1. Le concept de modèle étiologico-thérapeutique
2.2. Typologie
2.3. Dispositif
3. Les grands modèles psychothérapeutiques contemporains
3.1. Les thérapies comportementales et cognitives
3.2. La psychanalyse et l’influence psychanalytique
3.3. Le psychodrame et les thérapies de groupe
3.4. Les thérapies familiales
3.5. Les thérapies de la psychologie humaniste
Bibliographie
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MÉTHODOLOGIE CLINIQUE
L’entretien clinique – Les psychothérapies
Paradoxalement, si l’entretien est l’un des aspects les mieux connus de la pratique
psychologique, il ne l’est généralement que de façon partielle. On tend en effet à ne retenir que
la notion d’entretien clinique, et de plus, à définir schématiquement celui-ci comme une écoute
assez libre, quasiment informelle de la personne rencontrée par le praticien, au contraire d’une
activité plus systématiquement exploratoire.
La réalité des pratiques est tout autre, plus complexe et plus diversifiée, et demande à
être plus finement décrite et théorisée.
Par ailleurs, et de façon parfois tout aussi caricaturale, la pratique du psychologue
clinicien est souvent identifiée à une activité psychothérapeutique, assimilée, de plus, à celle du
psychanalyste. Qu’en est-il en fait ? Comment définir et distinguer la pratique psychothé-
rapeutique et celle de la psychanalyse, quand la question est souvent contaminée par des
représentations et des débats qui la compliquent et l’obscurcissent ?
I. L’ENTRETIEN CLINIQUE
L’entretien clinique en psychologie est un type particulier d’entretien psychologique.
En nous appuyant principalement, et dans un premier temps, sur des modèles issus de la
pragmatique de la communication, il convient donc de nous donner d’abord quelques repères
conceptuels afin de pouvoir distinguer les divers paramètres et opérations en jeu dans
l’entretien psychologique.
1. L’entretien psychologique
Des mots pour dire l’entretien
1.1. Un type particulier de conversation
L’entretien psychologique est d’abord une conversation, c’est-à-dire un échange entre
deux ou plusieurs interlocuteurs.
Mais d’ores et déjà il nous faut préciser deux points :
- cet échange n’est pas seulement verbal, il est aussi non verbal dans la mesure il
inclut aussi d’autres modes de communication (mimique, regard, gestes, posture...) ;
- il ne s’agit pas d’une conversation courante, ordinaire, mais d’une conversation à visée
psychologique, c’est-à-dire ayant pour objectif de produire une connaissance psychologique sur
l’interlocuteur (ou les interlocuteurs) visé(s) par l’entretien.
Ce second aspect suppose donc que l’entretien psychologique mette en présence deux
types différents d’interlocuteurs, l’un (interviewer) veillant à obtenir des informations de l’autre
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(interviewé) et à traiter ces informations pour les transformer en des données psychologiques
(représentations, affects, situations vécues, opinions... ).
Cela suppose, autrement dit, qu’une telle conversation soit organisée, contrôlée, même
si elle peut parfois apparaître, vue de l’extérieur, comme très souple et plus ou moins
« spontanée ».
« L’entretien est une situation d’échange conversationnel dans laquelle un interlocuteur
A (enquêteur ou clinicien) extrait une information d’un interlocuteur B (enquêté ou
patient), information initialement inscrite dans la biographie de B. » - (Blanchet, 1990,
p. 171)
1.2. Typologie de l’entretien
Dans les pratiques psychologiques (et de manière plus générale dans les pratiques
sociales), on convient ordinairement de distinguer deux types d’entretien, selon qui le demande
et en bénéficie, et selon qui en structure le propos et les thèmes.
Dans le cas l’entretien est sur la demande et au bénéfice de l’interviewer, on parle
d’enquête. Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsque la demande est le fait de la personne
« ciblée » par l’entretien (interviewé) et celle-ci en est le principal bénéficiaire, on parle
plutôt de consultation.
Le critère de la thématisation du discours introduit une autre distinction :
- lorsque c’est l’interviewer qui détermine les thèmes du propos échangé, on dira que
l’entretien est directif et que le discours de l’interviewé est délinéarisé ;
- lorsque c’est l’interviewé qui élabore lui-même ces thèmes, l’entretien est dit non
directif ou semi-directif (selon le degré d’initiative qui lui est laissé), et le discours produit est
alors plus proche d’un discours linéaire.
Selon son objectif ou selon ses différents moments, tout entretien psychologique se
positionne et parfois oscille entre ces bornes extrêmes :
- de l’enquête et de la consultation (initiative et bénéfice de la demande) ;
- de la directivité et de la non-directivité (initiative du propos).
1.3. Modalités d’intervention
D’autre part, comme tout discours, un entretien est une séquence verbale au cours de
laquelle un sujet énonce des faits, ainsi que sa représentation et sa position à l’égard de ces faits.
1.3.1. Du point de vue de l’interviewer, ce discours peut être entendu et traité selon trois
types d’interrogations :
- que dit le sujet des faits en question ?
- que dit-il de ce qu’il en pense ?
- que dit-il de ce qu’il cherche à accomplir à l’égard de l’interviewer ?
Ces trois niveaux d’analyse correspondent respectivement à ce qu’on appelle :
- la dimension référentielle
- la dimension modale
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- la dimension illocutoire.
Exemple : Supposons qu’une personne nous dise, en situation d’entretien : « Je ne l’ai
jamais dit à personne, mais je suis persuadé que mes difficultés professionnelles ne sont
pas dues au hasard ».
Dans cet exemple :
« mes difficultés professionnelles » représente le registre référentiel (énoncé et
qualification des faits) ;
« mais je suis persuadé que (mes difficultés professionnelles) ne sont pas dues au
hasard » constitue le registre modal (ce que pense et croit le sujet à propos des faits) ;
« je ne l’ai jamais dit à personne » appartient au registre illocutoire, puisqu’il s’agit
d’un acte du sujet par rapport à l’interlocuteur (en l’occurrence, l’interviewer apprend
qu’il serait le premier à qui ce discours est adressé).
1.3.2. De son côté, l’interviewer n’est pas sans répondre aux énoncés de l’interviewé.
Pour ce faire, il dispose de trois moyens :
- la contradiction, qui consiste à contraindre l’interviewé à soutenir son argumentation ;
- la consigne (ou question externe), qui est une intervention directrice introduisant un
thème nouveau dans l’énoncé J’aimerais que vous me parliez de... » ) ;
- la relance, davantage subordonnée à la thématique développée par l’interviewé, et qui
consiste en une « sorte de paraphrase plus ou moins déductive et plus ou moins fidèle »
(Blanchet & Gotman, 1992, p. 80).
Notons que, à la différence de la contradiction et de la consigne qui usent surtout de
questions directes (actes initiatifs), la relance procède plutôt par des actes réactifs dans la
mesure où elle s’inscrit dans le déroulement du propos de l’interviewé.
Type d’acte
Registre
Réitération
Déclaration
Interrogation
RÉFÉRENTIEL
Echo
Complémentation
Interrogation
référentielle
MODAL
Reflet
Interprétation
Interrogation
modale
Les types de relance par l’interviewer
(d’après Blanchet & Gotman, 1992)
Le schéma ci-dessus résume six types de relance possibles, selon l’instance discursive
visée (registre référentiel, registre modal) et selon l’acte de langage produit par l’interviewer,
soit :
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