Notre propos s’attachera ici à synthétiser succinctement le rapport établi en Janvier 2005, par les
Pr. P. Fouchet & P. De Neuter, membres du comité d’experts du groupe de travail
« psychothérapie » au Conseil Supérieur d’Hygiène. Il fait état de l’actualité des recherches
scientifiques menées sur l’efficacité de la psychanalyse et des psychothérapies s’en inspirant. Nous
renvoyons le lecteur à celui-ci pour les nombreuses références bibliographiques et plus de détails.
Si E. R. Kandel, prix Nobel de médecine, reconnaît que la psychanalyse a été révolutionnaire dans
la compréhension de la vie mentale (processus inconscients, déterminisme psychique, sexualité
infantile, et irrationalité de la motivation humaine), il avance également la nécessité d’établir des
fondements davantage scientifiques pour la psychanalyse, en instaurant un dialogue avec les
neurosciences. Toutefois, ces deux sciences recourent à des langages qui diffèrent tellement qu’un
dialogue entre elles, annuleraient leurs spécificités. La validation scientifique de la psychanalyse
implique dès lors une méthodologie adaptée à son objet, tout en restant cohérente avec son cadre
théorique de référence. Cela vaut d’ailleurs, pour l’étude des psychothérapies, en général.
La spécificité de l’approche psychanalytique est qu’elle relève d’une pratique de la parole centrée
sur le sujet, c’est-à-dire d’une pratique du cas par cas qui se construit dans la rencontre et
essentiellement dans sa dimension subjective. C’est la base même de ses fondements théoriques,
de sa méthodologie et de son éthique. Même si la psychanalyse ne vise pas exclusivement la
disparition des symptômes, elle part de la demande du sujet pour l’accompagner dans l’élaboration
de ses propres solutions, tout en tenant compte de la place de ce symptôme. La psychanalyse
s’occupe donc au premier plan, de la souffrance psychique mais de dire aussi que celle-ci apparaît
actuellement souvent liée à une fragilisation des repères que les structures sociales sont censées
ofrir à chaque individu pour s’approprier son existence. C’est d’ailleurs en raison de ces
changements sociaux que des psychanalystes ont aménagé le cadre de leur pratique avec d’autres
champs (médecine, social et judiciaire), et sous le couvert d’une évaluation sur leur pertinence, leur
efficacité, et leurs limites. Si certaines de ces recherches ont tenté, non sans difficulté, de se réaliser
dans un cadre expérimental stricte, la majorité d’entre elles s’inscrit plutôt dans une perspective
d’étude de cas afin de rendre compte de la complexité de la subjectivité et des processus psychiques
par lesquels via la relation thérapeutique, se dénoue la souffrance liée à l’histoire du sujet. Il existe
donc une série de recherches qui ont tenté d’évaluer l’efficacité du traitement psychanalytique en
s’appuyant sur les observations des thérapeutes, les enregistrements des entretiens, les observations
des superviseurs et des proches des patients et, progressivement, l’utilisation des outils statistiques
et l’élaboration d’instruments de mesure standardisés. La plupart de ces recherches ont été menées
sur plusieurs années avec des échantillons basés sur des centaines de cas.
C’est en 1917 que les recherches sur la psychanalyse commence et au fil du temps, elles mettront
en évidence son efficacité pour les cas de névrose. Elles soulignent aussi que les résultats sont
meilleurs lorsqu’elle se termine par consentement mutuel et confirment l’importance de la
formation et de l’expérience du psychothérapeute. De récentes études lui reconnaissent également
une efficacité dans le traitement de troubles plus spécifiques tels que les troubles de la personnalité,
les cas de dépression majeur lorsqu’elles accompagnent la prise d’un antidépresseur ou un suivi
ambulatoire et, pour les troubles de panique et les états de stress post-traumatique. D’autres travaux
ont tenté également de tenir compte de la complexité de la réalité clinique, les troubles
psychopathologiques isolés par le DSM se présentant rarement à l’état pur. A cet égard, citons les
recherches menées par Leuzinger-Bohleber & al. (2003) qui ont montré :
- une « ascension sociale » après la psychothérapie (84,3% des cas),
- une amélioration de leur état général (75%),
- des changements positifs sur leur condition psychique, leur croissance intérieur et leur vie
relationnelle lors de traitement au long court (80%),
- et une meilleure capacité (70 à 80%) à se confronter aux évènements de la vie, une plus
grande estime de soi, davantage d’équilibre dans les humeurs, ainsi que la satisfaction de
leur propre vie.