Les économistes classiques D`Adam Smith à

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Les économistes classiques
D’Adam Smith à Ricardo, de Stuart Mill à Karl Marx.
Si pour les économistes classiques de la fin du XVIIIème et du XIXème, l’économie relève bien d’une discipline
scientifique, ils ne la séparent généralement pas totalement des autres aspects de la réalité sociale, se distinguant ainsi
des économistes néo-classiques.
Les questions posées à l’époque restent très modernes.
Ø Quels sont les facteurs favorables à la croissance ?
Ø La misère ouvrière peut-elle être réduite ?
Ø Faut-il aider les plus démunis ?
Ø Quelles sont les conséquences de la croissance économique ?
Ø D’où provient le chômage ?
Principaux économistes de la période classique
Ecole classique : A. Smith, D. Ricardo, T. R Malthus et J-B. Say
Courant réformiste : J.S Mill, S. Sismondi, F. List, C.H. de Saint-Simon
Courant socialiste : C. Fourier, K. Marx, P.J Proudhon, R. Owen.
I.
Des premiers économistes aux classiques :
Pendant longtemps, le pensée économique est restée dépendante de la morale. Dans l’Antiquité Platon et Aristote
s’intéressent aux problèmes de la maison. Au Moyen-âge, St Thomas d’Aquin dans La somme théologique (1266)
détermine quelles sont les pratiques économiques justes selon la religion chrétienne. Renaissance marque rupture,
l’expansion du protestantisme comme le montre Weber favorise le développement du capitalisme. Profit et intérêt ne
sont plus condamnés mais valorisés.
A. Les mercantilistes :
A partir du XVIème siècle, les mercantilistes influencent la conduite des politiques économiques. Ils cherchent à savoir
comment les pays peuvent s’enrichir.
1/ Le mercantilisme espagnol :
L’obsession des métaux précieux
Ce qui intéresse les aventuriers espagnols, ce ne sont pas les pays abondamment approvisionnés en matières premières
mais régions où il y a beaucoup d’or et d’argent.
Les erreurs des mercantilistes espagnols
Ils confondent richesse et détention d’or et d’argent. Au niveau national, possession de monnaie n’est pas égale à
capacité d’acquisition.
2/ Le mercantilisme français :
Jean Bodin et l’analyse de l’inflation
Jean Bodin met en évidence une relation entre quantité de monnaie en circulation et niveau des prix. C’est la première
tentative d’explication monétariste de l’inflation.
Protectionnisme et politique industrielle
Au XVIIIème les mercantilistes voyaient dans le développement des manufactures la source essentielle de
l’enrichissement.
Antoine de Monchrestien dans Traité d’économie politique (1615) préconise donc une aide de l’Etat à l’industrie
nationale par la mise en place d’une politique protectionniste efficace et une intervention directe dans la vie des affaires
pour assurer haute qualité des produits nationaux. Cette politique est concrétisée par Colbert ministre de Louis XIV (ex
de la manufacture des Gobelins).
3/ Le mercantilisme anglais :
La recherche d’un excédent de la BC
Le mercantilisme anglais est qualifié de commercial. Donc instauration de droits élevés pour marchandises extérieures et
substitution par produits nationaux compétitifs et de haute qualité. Favoriser abondance monnaie et faible taux d’intérêt
pour favoriser le commerce.
La fable des abeilles
Célèbre fable de Mandeville (1705) « Chaque partie étant pleine de vice, le tout était cependant un paradis ». Annonce
pensée libérale classique, à travers la recherche de l’intérêt individuel, on aboutit à l’intérêt général. Conso préconisée
et « frugalité » critiquée.
Tous les mercantilistes sont d’accord sur le fait que l’Etat doit intervenir pour augmenter les richesses nationales.
B. Les physiocrates :
François Quesnay et l’école physiocratique :
Le courant se développe en France sous la conduite de Quesnay (1694-1774). Il publie le Tableau économique en
1758.
Autres physiocrates : Dupont de Nemours, Mirabeau, l’abbé Baudeau…
D’où vient le surplus ?
Les physiocrates considèrent que seule la terre est productive. Ils mettent l’accent sur le fait que la richesse repose sur
la production de biens et non pas sur la possession d’or et d’argent.
La défense de la propriété privée et de l’agriculture :
Les mécanismes économiques résultent d’un fonctionnement spontané de l’activité économique, d’un « ordre naturel
essentiel et général ».
Le tableau économique :
C’est une approche globale de l’activité économique. Dans le tableau Quesnay cheche à mettre en évidence les inter
relations économiques entre les différents participants à la vie économique :
Ø la classe productive (exploitants agricoles) : fait renaître par la culture du territoire les richesses naturelles de la
nation.
Ø la classe des propriétaires terriens : classe subsiste par rente ou produit net de la culture.
Ø la classe stérile (artisans, manufacturiers, marchands) : leurs dépenses sont payés par les 2 autres classes.
II.
L’école classique :
Ecole française
Ecole anglaise
A. Adam Smith (1723-1790) :
Avec Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Smith est le premier représentant du
libéralisme économique. Mais il est avant tout un philosophe, et il publie au préalable la Théorie des sentiments
moraux (1759). Dans cet œuvre, il montre que la sympathie pour autrui et le jugement des autres exercent une influence
essentielle sur les actes humains.
Question centrale chez Smith est celle de l’origine de la croissance économique.
Ø La division du travail est l’élément essentiel donc il faut une éco de marché
Ø La main invisible du marché assure la meilleure allocation possible des ressources disponibles
Ø Théorie des avantages absolus
D’où vient la croissance économique ?
Smith distingue travail productif et improductif :
L’ouvrier ajoute de la valeur à la valeur du matériau qu’il travaille,
le roi, les militaires, les ecclésiastiques, les penseurs, ne produisent pas de valeur.
Degré de richesse d’une nation dépend de 2 facteurs :
Ø Habilité et intelligence des travailleurs
Ø Part respective des travailleurs productifs et improductifs.
Or l’habilité des travailleurs augmente avec division du travail :
Ø Toujours la même tâche
Ø On évite perte de temps de passer d’une tâche à une autre
Ø Favorable à invention nouvelle machines car permet à certains individus de se consacrer entièrement à la
recherche.
Mais il existe 2 limites à la division du travail
Ø Dimension du marché : plus la marché est grand, plus il y a commerce
Ø Coûts sociaux : si on fait toujours même opération alors on ne développe pas intelligence.
La main invisible
Chacun investit le plus près possible de chez lui donc développement économique nationale. Les capitaux s’orientent
spontanément vars les secteurs à forte valeur ajoutée. « Il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre
nullement dans ses intentions ». Donc critique du protectionnisme et apologie du libre-échange.
La théorie des échanges absolus
Chaque pays a intérêt à se spécialiser car trouve avantage dans l’échange.
Limites au libre-échange :
Ø Quand l’indépendance nationale est menacée
Ø Quand l’industrie intérieure est pénalisée par rapport aux concurrents étrangers par une forte fiscalité
Ø Quand l’emploi est menacé.
Le rôle de l’Etat
Pour Smith, l’Etat doit être uniquement un Etat gendarme, défense des droits de propriété, défense publique et production
des biens collectifs.
Le problème de la valeur et des prix
Ø Différenciation valeur d’usage et valeur d’échange. La valeur d’usage c’est l’utilité d’un bien, la valeur
d’échange c’est la valeur relative à chaque bien sur le marché.
Smith souligne « le paradoxe de la valeur », certains biens sont très utiles et peu cher (l’eau par ex) et d’autres sont
inutiles et très cher (le diamant par ex).
Pour Smith, « le travail est la mesure réelle de la valeur échangeable de toute marchandise ».
Ø Distinction prix réel : valeur de chaque marchandise et prix nominal : quantité
d’argent qu’il faut pour céder ce bien contre un autre bien donné. Ainsi, la valeur de l’or et de l’argent variant, le prix
nominal peut changer sans qu’il y ait changement du prix réel. Donc, la valeur travail est difficile à mesurer donc
véritable prix, celui du marché qui est marchandé, débattu .
Dans les sociétés avant accumulation du capital, échanges en fonction de la valeur travail des marchandises, dans les
sociétés industrialisées, prix des marchandises constitué des salaires du travail, des profits et de la rente.
Ø Distinction prix naturel : ce que vaut vraiment la marchandise et prix de marché : confrontation offre et
demande. Théorie de la gravitation des prix de marché autour du prix naturel.
L’analyse de la répartition
Salaires, profits et rentes sont trois sources primitives de revenus.
Ø Les salaires : c’est parce qu’il y a eu appropriation privée des moyens de production que le travailleur
ne récolte pas l’ensemble du produit de son activité. Conflits d’intérêts et les employeurs sont presque toujours
gagnants car moins nombreux et plus riches donc plus organisés. Donc le salaire se fixe au niveau du minimum
de subsistance.
Ø Les profits : la concurrence tend à faire diminuer les profits.
B. David Ricardo (1772-1823) :
IL publie en 1817, Des principes de l’économie politique et de l’impôt et il entretient une riche correspondance avec
Malthus et Say.
La théorie des avantages comparatifs
Ricardo va montrer que même en l’absence d’avantages absolus, les pays ont intérêt à se spécialiser à condition qu’ils
détiennent un avantage comparatif dans la production d’un bien. Cette théorie a été affinée par des travaux plus récents
de Heckscher, Ohlin et Samuelson (HOS).
Cette théorie n’est valable que dans le cadre de l’hypothèses suivante :
Rigidité des facteurs de production entre les pays, les individus ne veulent pas travailler dans un autre pays ni y placer
des capitaux. Le développement des FMN aujourd’hui remet en cause cette théorie.
La théorie de la répartition et de la croissance
Ø La rente :
La rente c’est ce qu’on paie aux propriétaires terriens pour exploiter la terre. Au fur et à mesure que l’on met des terres
en culture, elles sont de moins en moins fertiles. La rente, c’est la quantité de travail nécessaire pour produire sur la
terre la moins fertile. Sur cette terre la moins fertile, rente = 0, donc au fur et mesure que la fertilité augmente la rente
augmente, c’est un différentiel vis à vis de la rente inférieure. La rente n’existe que grâce à la différence de fertilité des
terres. La rente tend à augmenter en période de croissance éco car besoins plus élevés et mise en culture de terres de
moins en moins productives.
Ø Les salaires :
Le prix naturel c’est le salaire de subsistance, c’est à dire assez pour que l’ouvrier puisse vivre et entretenir sa
descendance qui assure sa reproduction. Donc le salaire dépend du prix des biens nécessaires à l’ouvrier et à sa famille.
Ce salaire peut être différent selon les périodes, c’est un min sociologique.
Le prix courant c’est le salaire qui se fixe en fonction du jeu de l’offre et de la demande sur le marché du travail. Il tend
à se rapprocher du prix naturel même si la croissance peut être favorable aux salariés car dans ces périodes, le salaire se
fixe à un prix courant supp au prix naturel.
Ø Les profits :
Ricardo part du principe que chaque entrepreneur essaie de placer son capital de la manière la plus avantageuse. Donc
à terme égalisation des taux de profit. Implicitement, hypothèse d’information parfaite reprise par éco néo-class. Pour
Ricardo, plus salaires sont élevés, plus profits sont bas. Or, salaires dépendent prix des biens en particulier prix du blé
donc dépendent de la rente. Donc indirectement, plus rente élevée, plus profits bas. Ricardo est contre les Corn Laws
votés en 1815. Comme avec la croissance rente augmente, à terme profits de plus en plus bas et état stationnaire.
La théorie de la valeur et des prix
Valeur échangeable des biens double :
Le travail nécessaire pour acquérir marchandises
Le degré de rareté des biens.
Donc deux sortes de biens, ceux dont la rareté est la valeur (par ex œuvres d’art) et ceux qu’il nomme marchandise qui
désigne l’ensemble des biens reproductibles en grande quantité par l’industrie.
Pour Ricardo, travail incorporé et non pas commandé au sens de Smith, c’est à dire quantité de travail nécessaire pour
produire un bien + quantité de travail pour produire les outils qui entrent dans la fabrication de ce bien.
C. Jean-Baptiste Say :
Il publie en 1803, Traité d’éco pol.
Le prix, un indicateur de l’utilité des biens
Valeur d’échange : le prix
Valeur d’usage : l’utilité pour satisfaire l’acheteur de ce bien.
« Le prix est une indication de l’utilité que les hommes reconnaissent dans une chose ».
La seule limite min au prix c’est le coût de production.
Say a une conception large de la richesse, la production étant une création d’utilité.
Produits matériels et immatériels
Produits matériels : susceptibles d’être conservés
Produits immatériels : services qui ont pour caractéristique d’être consommés en me^me temps que produits.
Say rejette la distinction de Smith entre activité productive et improductive.
Une remise en cause de l’analyse de la répartition de Ricardo
Say va proposer une étude différente de la répartition où toute perception de revenu est une juste contrepartie de la
participation de chacun à l’activité productive.
Le propriétaire foncier perçoit le « profit du fonds de terre »
Les apporteurs de capitaux le « profit de capital »
Et les salariés « le profit de l’industrie ».
Toutes les catégories sont de même nature et toutes ont pour contrepartie une valeur produite. « Personne ne récolte là
où il n’a pas semé ».
La loi des débouchés
C’est la production qui ouvre des débouchés aux produits. L’acte productif créé des richesses distribuées sous forme de
salaires, rentes et profits, qui servent par la suite à acheter les produits sur le marché. Ainsi, les sommes distribuées lors
de la production sont égales aux sommes demandées pour consommer. Comme la demande tend toujours à correspondre
à l’offre, alors seules les crises sectorielles sont possibles et se résorbent par le libre jeu du marché.
Cette thèse sera reprise par les neo-class qui tentent de montrer qu’il existe un équilibre général sur tous les marchés.
Critiques formulées par Malthus et Sismondi à la même époque puis par Keynes qui montre que l’hypothèse sousjacente est celle de la monnaie voile et qu’elle n’est pas forcément avérée.
D. Thomas-Robert Malthus (1766-1834) :
Il publie en 1798 Essai sur le principe de population et en 1820 Principes d’éco pol.
La loi de la population
La pauvreté procède du décalage existant entre le taux de croissance des biens de subsistance et celui, sans entrave, de la
population. Les biens alimentaires croissent en progression arithmétique : 1, 2, 3, 4, 5, … et la population en progression
géométrique : 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64, … Ainsi, la population croit plus vite que la production de biens alimentaires donc
création de pauvreté.
L’expansion de la population peut être freinée par :
La misère, le vice et l’attitude des individus qui les conduit à ne pas se marier avant de pouvoir subvenir aux besoins de
leurs enfants. Malthus hostile au développement du vice est partisan du mariage tardif pour éviter hausse trop importante
de la population.
La pauvreté n’est pas le résultat des mécanismes de marché mais la conséquence naturelle d’une loi qui s’impose à tout
système.
Malthus est partisan de la suppression de « la loi sur les pauvres », l’assistance aux plus démunis permet aux pauvres
d’assurer la subsistance d’un plus grand nombre d’enfants et donc la croissance démo s’accélère. De plus, si la masse de
biens disponibles reste constante, la poussée démo et l’augmentation de la demande engendrent une hausse des prix des
biens alimentaires et une baisse des salaires réels. Donc « les lois sur les pauvres tendent à aggraver la situation courante
des pauvres ».
Malthus est également contre les politiques de réduction des inégalités car si il n’y a plus de pauvreté il n’y a plus de
frein à l’expansion démo et à terme la pénurie s’installe. Il défend par contre l’aide aux agriculteurs pour développer
production de biens alimentaires.
La loi de Malthus a été contredite par les faits. Elle reposait implicitement sur l’absence de gains de productivité et sur
la progression géométrique de la population. Or, ces deux hypothèses ne sont pas vérifiées. La validité de cette loi reste
posée pour les PVD.
La question du rôle de la demande effective
Malthus s’interroge sur les causes de la croissance. Il va centrer son argumentation sur les motivations qui poussent
les entreprises à accumuler. Malthus s’accorde avec Say sur le fait que ce qui pousse les entrepreneurs à produire c’est
l’existence de débouchés. Là où sa pensée diffère c’est lorsque Say affirme qu’il ne peut y avoir d’insuffisance générale
de la demande. Pour Malthus, la demande peut s’établir à un niveau trop faible pour assurer l’écoulement sur le marché
des marchandises.
Plusieurs arguments à cette théorie :
Que la demande effective existe dès la décision de production.
Un revenu n’engendre pas nécessairement une demande effective de même montant. La production doit correspondre
aux goûts des consommateurs.
Donc Malthus donne un rôle primordial à la demande effective qui pour lui est « une demande faite par ceux qui ont les
moyens et la volonté d’en donner un prix suffisant avant même le début de la production ».
Facteurs favorables à l’augmentation de la demande effective :
Intervention de l’Etat si elle reste modérée et temporaire.
Favoriser l’emploi des travailleurs improductifs qui consomment plus de biens matériels qu’ils n’en produisent.
Occuper les ouvriers à des travaux publics pour donner salaires supp.
E. Augustin Cournot (1801-1877) :
Il publie en 1851, Essai sur le fondement de nos connaissances et sur les caractéristiques de la critique philosophique,
puis en 1863 Principes de la théorie des richesses et en 1877 Revue sommaire des doctrines économiques.
Cournot ouvre la voie à l’étude de l’économie pure
L’économie politique doit être abordée comme une véritable science qui a « pour objet essentiel les lois sous l’empire
desquelles se forment et circulent les produits de l’industrie humaine, dans des sociétés assez nombreuses pour que
les individualités s’effacent, et qu’il n’y ait plus à considérer que des masses soumises à une sorte de mécanisme, fort
analogue à celui qui gouverne les grands phénomènes du monde physique ».
Défenseur de l’utilisation des maths. S’attache à décrire le fonctionnement de diverses catégories fictives de marchés,
définies à partir d’un ensemble d’hypothèses restrictives.
Véritable précurseur des économistes néo-classiques.
III.
Des économistes réformistes à Karl Marx :
Les économistes réformistes et socialistes
Les réformistes :
J.S Mill (1806-1873)
F. List (1789-1846)
S. Sismondi (1773-1842)
Les économistes socialistes :
C.H de Saint-Simon (1760-1825)
R. Owen (1771-1858)
K. Marx (1818-1883)
J. Proudhon (1809-1865)
C. Fourier (1772-1837)
A. John Stuart Mill :
Il est le fils aîné de James Mill (1773-1836) qui était l’ami intime de Ricardo. Sa vie est relatée dans ses Mémoires
publiées en 1873. Il forme la « société utilitaire » qui réunit tous les 15 jours de 1822 à 1823 des « jeunes gens d’accord
sur les principes fondamentaux reconnaissant l’utilité pour critérium de l’éthique et de la politique ». Il publie en 1848
ses Principes d’éco pol.
Mill peut être qualifié de réformiste. S’il défend la propriété privée et l’éco concurrentielle, il est conscient des inégalités
sociales de son époque et refuse d’assimiler le progrès éco au progrès social.
Le progrès ne peut se réduire à la croissance éco
La croissance des biens disponibles doit s’accompagner d’une meilleure distribution des richesses. Mill dénonce
« le faux idéal de la société humaine » qui réside dans l’accumulation toujours plus grande des richesses et qu’il faut
combattre. Il faut attacher moins d’importance au simple accroissement de la production et assurer un véritable progrès
dans les domaines écos et social.
Le progrès passe par une meilleure distribution des richesses
L’essentiel est d’assurer une vie décente à chacun. Mill est favorable à la mise en place d’une législation appropriée sur
les droits de succession et les donations qui pourrait réduire les disparités de patrimoine. Mill sera aussi l’apôtre de la
participation des salariés aux résultas de l’entreprise.
Le progrès social implique une modification des rapports sociaux
Mill est partisan d’une société assise sur des rapports égalitaires entre ouvriers et patrons, hommes et femmes, il
condamne les relations humaines fondées sur la dépendance. Le progrès social implique une association d’intérêts entre
groupes sociaux érigée sur des rapports d’indépendance.
Plusieurs facteurs peuvent jouer de façon favorable à cette association d’intérêts :
Ø L’amélioration du niveau d’instruction
Ø Une mobilité sociale accrue
Ø Une participation des ouvriers aux résultats de l’entreprise
En ce qui concerne les femmes, Mill affirme que l’assujettissement des femmes implique une sous-utilisation des
capacités féminines ce qui constitue une perte sèche pour l’éco du pays.
L’intervention de l’Etat
Si Mill est convaincu que le laissez-faire doit être la règle générale, l’Etat ne peut avoir un rôle limité à ses fonctions
d’Etat gendarme. L’intervention de l’Etat peut être nécessaire quand :
L’individu n’est pas toujours le meilleur juge de ses intérêts
Le consommateur n’est pas toujours bon juge ni de ses besoins réels, ni de la qualité de la marchandise
Les conditions de la concurrence ne sont pas toujours remplies sur les marchés réels
Les mécanismes de marché ne peuvent spontanément conduire à une amélioration des conditions de travail
La concurrence ne peut pas résoudre le problème de la pauvreté
B. Simonde de Sismondi (1773-1842) :
Il publie en 1819 Nouveaux principes d’éco pol. Sismondi apparaît réformiste car il dénonce les effets pervers du
capitalisme sur les plans éco et social.
Une dénonciation des effets pervers du capitalisme
Une abondance de biens mal distribués n’assure pas l’aisance de tous. L’emploi est nécessaire à l’ouvrier pour sa survie
alors que l’employeur ne recherche qu’un profit supp. L’inégalité de fait dans la négociation aboutit à usurper une partie
des richesses créées par les ouvriers.
Une contestation de la loi des débouchés
Il met l’accent sur le fait que, dans sa démonstration, Say ne tient pas compte des délais. A partir d’une surproduction
sectorielle, les déséquilibres écos et les désordres sociaux peuvent s’étendre et se prolonger par le jeu des mécanismes
qui conduisent à une dépression généralisée. Un cercle vicieux s’enclenche qui peut mener à une crise générale de
surproduction.
Des propositions pour réduire les coûts sociaux de l’industrialisation
L’assistance de l’aide publique aux travailleurs face au chômage, à la maladie ou à la vieillesse.
Un partage des responsabilités au sein de l’entreprise
Une meilleure distribution du patrimoine.
C. Karl Marx (1818-1883) :
Marx a écrit de nombreux ouvrages :
Misère de la philosophie en 1846
Le manifeste du parti communiste en 1847
Le Capital dont le livre I paraît en 1867
L’analyse de Marx présente des points communs avec les travaux de l’école classique anglaise, en particulier avec ceux
de Ricardo. En revanche, elle s’oppose très nettement au courant classique français représenté par Say.
Marx adopte une approche systémique
Il intègre les approches socio, historiques et écos. Il adopte en particulier une conception matérialiste de l’histoire. Les
rapports sociaux sont déterminés par les conditions et les rapports de production. Quand aux rapports de force, ils jouent
un rôle central dans l’analyse de Marx.
Marx adhère à la théorie de la valeur travail
Marx admet que les biens peuvent trouver leur valeur échangeable dans deux sources : la rareté et le travail. Marx pense
comme Ricardo qu’il faut prendre en compte la quantité de travail incorporée dans les biens d’équipements, les matières
premières.
Marx estime également que en situation concurrentielle, les prix de marché tendent à se fixer à un niveau qui correspond
à la valeur travail incorporée, le prix naturel.
Cependant, Marx souligne que c’est la quantité de travail « socialement nécessaire » à la fabrication des biens qui
doit être prise en compte ; c’est à dire celle que nécessite l’habilité moyenne d’un ouvrier qui utilise les techniques de
production de son temps.
Marx distingue aussi travail complexe et travail simple dans la mesure où une heure de travail d’une personne qualifiée
n’est pas équivalente à une heure de travail d’un ouvrier non qualifié. Il faut tenir compte du temps de formation qui est
différent dans les deux cas.
L’analyse de la répartition
Marx fait une distinction entre travail et force de travail. Ce que vend l’ouvrier c’est sa force de travail et sa rémunération
tend à s’établir à un niveau qui correspond aux dépenses socialement nécessaires pour assurer son entretien et son
renouvellement. C’est une marchandise comme une autre dont la valeur est déterminée par la quantité de travail social
que demande sa production. Donc ce que l’ouvrier vend ce n’est pas directement son travail mais sa force de travail dont
il cède au capitaliste la disposition momentanée. Ainsi, la valeur de la force de travail est déterminée par la valeur des
objets de première nécessité qu’il faut pour produire, développer, conserver et perpétuer la force de travail.
Donc, la différence entre la quantité de travail effectuée par l’ouvrier pour l’entreprise et la quantité de travail nécessaire
à sa survie et à l’éducation de ses enfants et que paye l’entrepreneur sous forme de salaire constitue la « plus-value »
que s’approprie le capitaliste.
Une condamnation radicale du capitalisme
L’approche en terme d’exploitation n’est pas propre à Marx mais il est le seul à l’époque à montrer que celle-ci provient
de caractéristiques intrinsèques du capitalisme, elle ne peut donc disparaître qu’avec le système même qui l’engendre.
L’apparition de crises de surproduction est inéluctable et résulte des contradictions internes du système. Le renouvellement
périodique des crises doit conduire à l’effondrement du système.
Cette analyse de la pensée de Marx a pour objectif de montrer quels sont les liens avec la pensée classique. Cependant,
on peut penser à l’inverse de cette présentation que Marx est totalement et radicalement éloigné de la pensée classique
et que ce sont ces critiques du capitalisme qui constituent l’essentiel de son œuvre. Mais il apparaît évident qu’il s’est
inspiré des théories de ses prédécesseurs, en particulier de celles de Ricardo, pour décortiquer plus avant le système de
production capitaliste.
Fiche réalisée par Gaëlle Blanc, IUFM de Paris, SES
Adam Smith (1723-1790)
La main invisible
Valeur travail
Défense de la division du travail
Thomas Malthus
Loi de la population
Conteste loi des débouchés : rôle de la demande effective.
David Ricardo
Théorie de la valeur travail
Loi des coûts comparatifs
Théorie de la rente
Adhère à la loi des débouchés
Jean-Baptiste Say
Rejet de la valeur travail, adhère au principe de la valeur utilité
Conteste l’analyse ricardienne de la rente
Loi des débouchés
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