Une remarque sur l’invariant de Arf
par Mesdames J´er´emie et Cl´ement Moreau
esum´e
Utilisant le hh formalisme de Witt ii d´ecrit dans [2] on donne une construction, sans calcul
de changement de base, de l’invariant de Arf des forme quadratiques en caract´eristique 2.
Abstract
An alternative construction of the Arf-invariant of quadratic forms in characteristic 2.
1. Conoyau d’Artin-Schreier et extensions radicielles. — Soient kun
corps de caract´eristique ppositive, Φk:kk, x 7→ xpet Pkses Frobenius et
Artin-Schreier (i.e. l’endomorphisme P= Φ Id : kkdu groupe additif de k).
Lemme 0. — Une extension radicielle ι:kKinduit un isomorphisme
[ι] : k/Pk(k)
K/PK(K)
D´emonstration. Soit adans kavec a=PK(x) = xpxo`u xest dans K. Alors
xest dans k, puisque l’´equation XpXa= 0 est s´eparable, d’o`u l’injectivit´e.
Soit xdans Kde hauteur nsur k, ainsi xpn=yest dans k, et x=
yxpn+xpn1+··· − xp+x=y− PK(xpn1+··· +x), d’o`u la surjectivit´e.
2. Vocabulaire du formalisme de Witt (Cf. [2]). Une forme quadratique
sur un corps kest une application q:Vkd´efinie sur un k-espace vectoriel Vde
dimension finie et telle que (x, y)7→ b(x, y) = q(x+y)q(x)q(y) est bilin´eaire
non d´eg´en´er´ee, la forme bilin´eaire de q. Un b-Lagrangien de best un sous-espace
Lde V´egal `a son orthogonal. C’est un q-Lagrangien si de plus q(L) = 0. Une
forme quadratique est neutre si elle a un q-Lagrangien. Le quotient du mono¨ıde de
somme orthogonale des formes quadratiques sur kpar le sous-mono¨ıde des formes
neutres est un groupe, le groupe de Witt quadratique W Q (k) du corps k.
3. Formes quadratiques sur un corps parfait de caract´
eristique 2.
Soit q:VKune forme quadratique sur un corps parfait de caract´eristique
2. On note l’inverse de ΦK. La forme bilin´eaire bde qest altern´ee car
b(x, x)=2q(x) = 0 pour tout xde V. Ayant une base symplectique (C.f. [3]
I 3.5), cette forme a un b-Lagrangien,L. La fonction qest lin´eaire sur Lcar
pour x, y de L=Let λde Kon a : pq(x+y) = pq(x) + b(x, y) + q(y) =
pq(x) + q(y) = pq(x) + pq(y) et pq(λ x) = pλ2q(x) = λpq(x). Il y a
donc dans V, car best non d´eg´en´er´ee, un vecteur de Wu ωde L, bien d´efini
1
2
modulo L=Lpar la relation b(ω, l) = pq(l) pour tout lde L. Donc
q(ω+l) = q(ω) + b(ω, l) + q(l) = q(ω)pq(l) + Φ (pq(l)) = q(ω) + P(pq(l)) :
Lemme 1. — Quand ω+lparcourre la classe de ωmodulo Lalors q(ω+l)est
nul si qest nulle sur Let d´ecrit une classe modulo P(K)sinon.
Proposition. — La classe modulo P(K)de q(ω)ne d´epend que de la classe
de Witt de qet [q]7→ [q(ω)] induit l’isomorphisme
Parf : W Q (K)
K/P(K)
du groupe de Witt quadratique du corps Ksur le conoyau de son Artin-Schreier.
D´emonstration. — Si ωest vecteur de Wu d’un q-Lagrangien alors q(ω) = 0.
De plus, si ωi, pour i= 1,2, sont vecteurs de Wu de b-Lagrangiens Lide formes
quadratiques qi, alors ω=ω1+ω2est vecteur de Wu du b-Lagrangien L1L2
de la somme orthogonale q=q1q2avec q(ω) = q1(ω) + q2(ω). Ainsi pour que
Parf soit un morphisme bien d´efini sur le groupe de Witt quadratique il suffit,
d’apr`es le Lemme 1, de montrer que deux b-Lagrangiens L1et L2d’une forme
quadratique qont un vecteur de Wu commun : Soit ωivecteur de Wu de Li. Pour
ldans L1L2on a b(ω1ω2, l) = q(l)q(l) = 0. Ainsi ω1ω2, ´etant dans
l’orthogonal (L1L2)=L
1+L
2, s’´ecrit ω1ω2=m1+m2o`u miest dans
L
i=Li. Le vecteur de Wu ω1m1=ω2+m2convient.
Soit qun repr´esentant anisotrope du noyau de Parf. D’apr`es le Lemme1 un
b-Lagrangien La un vecteur de Wu ωavec q(ω) = 0 donc ω= 0 puisque qest
anisotrope. Ainsi q(L) = 0 donc L= 0 et V= 0, d’o`u l’injectivit´e.
Pour tout ´el´ement λde K, le b-Lagrangien K e de la forme quadratique qλ
d´efinie sur l’espace vectoriel de base e, f par qλ(e) = 1, bλ(e, f) = 1 et qλ(f) = λ
afcomme vecteur de Wu et donc Parf (q)=[λ], d’o`u la surjectivit´e.
4. L’invariant de Arf. Soit kun corps de caract´eristique 2 dont une clˆoture
parfaite est not´ee ι:kK. D’apr`es la Proposition et le Lemme 0 il y a un
morphisme de groupe Arf : W Q (k)k/P(k) rendant commutatif le diagramme :
W Q (k)Arf
k/P(k)
W Q (ι)
y
[ι]
yo
W Q (K)Parf
K/P(K)
Soit q:Vkune forme quadratique non d´eg´en´er´ee sur k. Sa forme bilin´eaire b
a une base symplectique e1, f1, . . . , en, fn. Alors, comme b(ei, ej) = b(fi, fj) = 0
3
et b(ei, fj) = δi j pour i, j = 1, . . . , n, l’´el´ement ω=pq(e1)f1+···+pq(en)fn
de VKest vecteur de Wu du Lagrangien K e1⊕ ··· ⊕ K ende l’extension de q
`a Ket q(ω) = q(e1)q(f1) + ··· +q(en)q(fn). On retrouve et compl`ete le
Th´
eor`
eme de Arf (C.f. [1] Satz 5, [3] Appendix 1). La classe modulo P(k)
de q(e1)q(f1)+ ···+q(en)q(fn)ne d´epend pas du choix de la base symplectique.
C’est l’invariant de Arf Arf (q)de la forme quadratique q, un morphisme du groupe
de Witt quadratique de ksur le conoyau de son Artin-Schreier.
Arf : W Q (k)k/P(k)
W Q (K)
s’identifiant au passage au groupe de Witt quadratique de la clˆoture parfaite K.
Remerciements . — `
A qui, bien que nous lui ayons ravi ses fils, a mis en valeur
nos balbuciements alg´ebriques. Manifestons notre sympathie `a Monsieur Carreira
dont les doigts habiles sont responsables de l’avenante frappe du manuscript.
R´ef´erences
[1] C. Arf. — Untersuchungen ˝uber quadratische Formen in K˝orpern der Char-
acteristic 2., J. Reine Angew. Math. 183, 148-167 (1941).
[2] J. Barge, J. Lannes, F. Latour et P. Vogel. — Appendice de Λ-Sph`eres,
Ann. scient. ´
Ec. Norm. Sup., 8, fasc. 4, 494-505 (1974).
[3] J. Milnor et D. Husemoller. — Symmetric bilinear forms, Springer Verlag,
(1973).
Mesdames J´er´emie et Cl´ement Moreau
22 Boulevard Edouard Rey
38000 Grenoble
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