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moins « lourd ». Ils avaient également remarqué qu’un corps se déplace plus ou moins vite
selon le milieu dans lequel il évolue (une pierre chute moins vite dans l’eau que dans l’air).
Ces observations ajoutées aux précédentes conduisirent à la dynamique aristotélicienne
dont héritèrent les sciences Arabes puis Européennes. Dans notre langage actuel, on
pourrait traduire l’essentiel de cette dynamique par une loi du type : V = α F ; loi qui
exprime que la vitesse V acquise par un corps serait proportionnelle à la force F qui agit sur
ce corps. Le coefficient α rendrait compte à la fois de la « lourdeur » du corps et de la
« résistance du milieu » dans lequel il évolue. Cette résistance du milieu nous est connue
aujourd’hui au travers des forces de frottement dues à la plus ou moins grande fluidité du
milieu. Quant à la « lourdeur » des corps et la plus ou moins grande facilité à les déplacer,
nous en avons dégagé deux notions aujourd’hui, qui sont l’inertie † et la masse. On
appelle inertie la propriété de la matière qui fait que les objets ne peuvent d’eux
même modifier leur état de mouvement. Il est nécessaire de produire une force pour
modifier l’état de mouvement d’un corps, et son inertie joue le rôle d’une résistance passive
vis à vis de cette modification. La masse d’un corps (m) est la grandeur physique qui
caractérise cette inertie : plus sa masse est élevée, plus l’inertie du corps en question
sera grande et plus il sera difficile de le faire se mouvoir ou de changer son mouvement. On
a une connaissance plus ou moins intuitive de la masse d’un corps au travers de sa pesée.
Mais nous verrons que derrière la seule notion de masse se cachent deux phénomènes
physiques a priori différents (inertie et gravitation).
La théorie aristotélicienne du mouvement ne résista pas à la révolution scientifique du
XVIIème siècle, mais il fallut près de 150 ans pour la remplacer par une autre dynamique
qui soit cohérente et acceptée par une majorité de scientifiques. C’est au cours de cette
période que furent dégagées les notions plus précises et formalisées de ce que sont une
force, une masse, une vitesse, une accélération, etc…, grâce à l’introduction systématique
de l’expérimentation et des mathématiques dans les sciences physiques. Cette nouvelle
dynamique fût formalisée par Isaac Newton (1642 ;1727) qui énonça les nouvelles lois du
mouvement ainsi que sa théorie de la gravitation en réunissant l’ensemble des résultats de
ses prédécesseurs (Galilée en particulier).
A partir de la dynamique newtonienne, on construisit aux XVIIIème et XIXème siècles
ce qu’on appelle aujourd’hui la mécanique (ou dynamique) classique. De nouvelles
grandeurs physiques furent définies tout au long de cette période, en particulier les notions
de travail d’une force, d’énergie et de moment cinétique. Aujourd’hui, les formes les plus
abouties de cette science - dynamique lagrangienne et/ou hamiltonienne - se fondent sur
ces nouveaux concepts et sont à la base des théories sur les mouvements instables et
chaotiques.
La mécanique classique est capable a priori de décrire le mouvement de tous les
corps, qu’ils soient solides, liquides ou gazeux, pourvu que l’on se donne toutes les forces en
† du latin inertia que l’on peut traduire par : incapacité