Le Coran est clair sur un point : même si la mort de tout être humain est décidée par
Allah (Dieu), et que rien ne peut changer le Qadar (destinée), l’Homme se doit de tout mettre
en œuvre pour guérir. En particulier, le croyant peut avoir recours comme premier ressort à la
lecture de versets du Coran et à des invocations divines pour soulager ses maux, qu’ils soient
physiques ou psychologiques. Les versets coraniques en ce sens sont nombreux :
« Nous avons fait descendre le Coran, qui est un remède efficace et une miséricorde
pour les croyants », in sourate al israa (le voyage nocturne), 82 ;
« Pour ceux qui croient, Il [le Coran] est une guidée et une guérison », in sourate
fousilat (les versets distincts), 44 ;
« N’est-ce pas Dieu qui répond à l’angoissé quand il L’invoque et Qui dissipe le mal,
et Qui vous fait succéder les uns aux autres sur la terre ? », in sourate les fourmis, 62 ;
« N’est-ce pas par l’évocation du Coran que les coeurs se tranquillisent ? », in
sourate le tonnerre, 28.
La lecture du Coran est ainsi recommandée pour apaiser, sinon le corps, du moins
l’esprit. De nombreux hadiths5 - dont certains sont apocryphes - appuient cette thérapie. Le
compagnon Muslim a rapporté que le prophète Mahomet aurait affirmé : « Il est permis de
recourir à des formules incantatoires exemptes d‘hérésie »6, ou encore : « Mets tes mains sur
la partie de ton corps où tu sens le mal et dis trois fois : Bismillah7, puis sept fois : je cherche
refuge dans la grandeur de Dieu contre le mal que j’éprouve et que je redoute ». C’est
probablement par crainte de déviances et d’utilisation abusive des lectures coraniques que le
prophète semble s’être par la suite rétracté. Un autre hadith, rapporté par le compagnon Al
Bazzar, aurait précisé : « Celui qui consulte un devin ou un magicien, et qui croit à ce que
celui-ci lui dit, aura mécru en ce qui a été révélé à Muhammad ». Le Coran est ainsi
considéré comme le premier médicament chez le croyant. On utilisait également l’eau servant
à nettoyer les tablettes portant des versets coraniques, pour fabriquer des onguents par
exemple. Il faut toutefois retenir que l’Islam n’accorde guère de crédit à la Baraka, les vertus
curatives du Coran ayant une valeur davantage symbolique. Tout au plus, la lecture de
quelques versets coraniques est-elle conseillée pour apaiser le malade.
1.2 La hiérarchie des médicaments en Islam
Il est recommandé aux croyants de suivre les conseils des médecins, et en particulier
d’observer strictement les médicaments prescrits et leur posologie. La médecine arabo-
musulmane a repris la théorie des quatre humeurs de Galien, selon laquelle le corps contient
quatre humeurs principales : le sang, la pituite, la bile jaune et la bile noire, qui correspondent
aux quatre éléments (terre, eau, air et feu). Les humeurs circulent dans le corps humain en
quantités différentes, et peuvent refroidir, réchauffer, humidifier ou sécher les organes. En
général, un ou deux éléments dominent et le corps peut être froid et humide ou sec et chaud.
Le médicament est supposé modifier ce déséquilibre, étant lui-même chaud, froid, sec ou
humide. C’est le concept d’Iitidal (équilibre), cher à Ibn Sina (Avicenne), pour qui « La
maladie est avant tout perçue comme une rupture par rapport à une norme psychique,
physiologique, somatique ou physique, laquelle norme n’a rien d’absolu puisque d’une région
5 Citations du prophète Mahomet, qui servent de lignes de conduite au musulman
6 Muslim, Sahih, première édition, Le Caire, 1328 h.
7 Au nom de Dieu