Les protéines végétales, incomplètes ?
Contrairement à un mythe répandu, et comme le démontrent les tables de
composition des aliments de la Food and Agriculture Organization (FAO),
ces 9 acides aminés sont présents dans tous les aliments du règne végétal,
qu’il s’agisse des céréales, des légumineuses, des oléagineux, ou même des
fruits et des légumes.
Certains aliments comme le soja, les haricots secs, les graines de lin ou le
quinoa du côté des végétaux, ou bien la viande, le poisson ou le camembert
du côté des produits animaux, apportent des protéines ayant une bonne
répartition entre ces 9 acides aminés indispensables. D’autres aliments
peuvent avoir une teneur légèrement faible en un acide aminé précis par
rapport à la « protéine de référence » (une protéine virtuelle qui permettrait
de satisfaire parfaitement les besoins du corps). C’est le cas de certaines
céréales comme le blé ou le riz, qui manquent un peu de lysine, et de
certaines légumineuses comme les lentilles, qui manquent un peu de
méthionine.
Cela implique-t-il qu’il faille associer céréales et légumineuses ? Ce second
mythe est à attribuer à l’auteure et activiste Frances Moore-Lappé, qui, dans
son ouvrage Diet for a Small Planet (1971), suggérait de combiner céréales
et légumineuses dans un même repas, afin d’optimiser la composition du
menu en acides aminés.
Ce mythe a été réfuté dès la deuxième édition de l’ouvrage, en 1981. En
réalité, l’association céréales-légumineuses est pertinente seulement pour les
populations en carence calorique, qui doivent veiller à optimiser leur apport
en nutriments dans un contexte de pénurie alimentaire. Pour les habitants
des pays industrialisés, qui consomment trop de tout, et en particulier trop de
protéines, cette recommandation ne fait pas sens. L’excès de consommation
de protéines compense en effet l’éventuel déficit relatif de certaines protéines
végétales en certains acides aminés.
Trop de protéines…
Car voilà bien le problème de nos pays : l’excès de protéines, plutôt que le
risque de carence ! Voyons les choses de plus près.
Chez un adulte en bonne santé, le besoin moyen en protéines est estimé à
0,6 g de protéines de bonne qualité par kilo de poids corporel et par jour. Les
instances officielles, soucieuses de tenir compte des personnes ayant des
besoins un peu plus importants que la moyenne, donnent des
recommandations plus élevées, appelées « Apports Nutritionnels Conseillés
(ANC) » : 0,8 g de protéines / kg / jour… soit 48 g de protéines pour une
femme de 60 kg, et 56 g de protéines pour un homme de 70 kg.
Or une journée apportant 80 g de pain + 25 g d’amandes + 200 g de pâtes
cuites + 200 g de lentilles cuites + 200 g de quinoa cuit fournit déjà 48,4 g
de protéines !