Q: Quand le travail des enfants devient-il inacceptable ?
Le travail des enfants est un terme large englobant d'une part les pires formes du travail et d'autre
part, et à l'extrême opposé, le travail bénéfique pour le développement de l'enfant. Tous les
travaux effectués par des enfants de moins de 18 ans ne sont pas nécessairement assimilés au
travail des enfants. Des millions de jeunes exercent un travail, rémunéré ou non, approprié à leur
âge et à leur maturité. Ainsi, ils apprennent à prendre des responsabilités, à acquérir des
compétences, à améliorer leurs propres revenus ou ceux de leur famille, ainsi que leur bien-être
et contribuent au fonctionnement de l'économie de leur pays.
Le travail des enfants est la forme inacceptable d'un travail effectué par un enfant. Il s'agit d'un
travail mettant en danger les enfants et les soumettant à l'exploitation. Deux conventions
fondamentales de l'OIT portant sur l'abolition du travail des enfants établissent une distinction
entre les formes acceptables et les formes inacceptables de travail. En substance, le travail des
enfants devant être aboli entre dans les trois catégories suivantes :
1. travail dangereux ou travail mettant en danger le bien-être physique, mental ou moral d'un
enfant, soit en raison de sa nature, soit en raison des conditions dans lesquelles il s'exerce.
Le travail dangereux est défini par la législation nationale (Convention 182);
2. les pires formes du travail des enfants internationalement reconnues "sans réserve":
l'esclavage, la traite, la servitude pour dettes et d'autres formes de travail forcé ; le
recrutement forcé des enfants en vue de leur utilisation dans des conflits armés; la
prostitution et la pornographie; et les activités illicites (Convention 182) ;
3. travail effectué par un enfant dont l'âge est inférieur à l'âge spécifié pour ce type de travail
et qui est par conséquent susceptible d'entraver l'éducation de l'enfant et son plein
développement. (Convention 138)
Les conventions de l'OIT s'attachent aux formes du travail des enfants nécessitant d'être prises
en compte de façon particulièrement urgente. Le bien-être de l'enfant et le respect de ses droits
en tant qu'enfant est fondamental.
Q: Où rencontre-t-on le problème ?
Le travail des enfants est souvent perçu comme un problème auquel seuls les pays en
développement sont confrontés. Même si la grande majorité des enfants astreints au travail se
trouvent bien sûr dans les pays en développement, le problème existe aussi dans les pays
industrialisés et les pays en transition. Selon les nouvelles estimations de l'OIT pour 2002, près
de 3% des enfants âgés de 10 à 14 ans dans les pays développés sont économiquement actifs et
un peu plus de 4 % dans les pays en transition.
Questions et réponses
Bureau
International
du Travail
D
éclaration relative aux Principes
et Droits fondamentaux au Travail TRAVAILLER EN LIBERTE
L'ampleur et la gravité du problème sont plus inquiétantes dans les pays en développement.
127,3 millions d'enfants travaillent dans la région de l'Asie et du Pacifique. Cela représente 16%
de la population enfantine et 60% des enfants astreints au travail dans le monde. L'Afrique
sub-saharienne vient ensuite avec 48 millions d'enfants astreints au travail, soit 29% de sa popu-
lation enfantine.
Q: Dans quels secteurs de l'économie les enfants travaillent-ils?
L'opinion publique est essentiellement alertée par la situation des enfants travaillant dans le
secteur de l'exportation et le tourisme sexuel, or seulement 5 % des enfants travaillent dans le
secteur structuré de l'exportation et l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales
est dominée par des clients locaux, plutôt que par des clients étrangers. La grande majorité (70
%) des enfants astreints au travail dans les pays en développement sont dans l'agriculture, la
pêche, la chasse et l'exploitation forestière. Moins de 9% travaillent dans le secteur
manufacturier et un nombre similaire dans le commerce de gros et le commerce de détail, dans
les restaurants et les hôtels. Viennent ensuite les services sociaux et personnels, notamment le
travail domestique (6,5%), le transport, le stockage et la communication (4%). Environ 3 %
travaillent dans la construction et dans les industries extractives.
Q: Combien d'enfants sont astreints au travail des enfants?
Les nouvelles estimations mondiales pour l'année 2002 indiquent que 352 millions d'enfants
travaillent. Parmi eux, 246 millions d'enfants exercent des formes de travail devant être abolies
et 187 millions d'entre eux sont âgés de 5 à et 14 ans. 180 millions exercent les pires formes du
travail des enfants et au moins 8 millions d'entre eux sont astreints à la prostitution, au travail
forcé et sont recrutés pour des conflits armés.
Q: Pourquoi le travail des enfants existe-t-il? Quelles sont les causes du
travail des enfants?
Le travail des enfants est à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté. La pauvreté des
ménages incite les enfants à entrer sur le marché du travail pour gagner de l'argent afin d'arrondir
le revenu familial ou même tout simplement pour survivre.
L'existence du travail des enfants perpétue la pauvreté des ménages de génération en génération,
ralentissant la croissance économique et le développement social. Il empêche les enfants de
suivre une scolarité et d'acquérir les compétences qui leur permettront de mener une vie
d'adulte avec des perspectives de travail décent.
Cependant, la pauvreté est loin d'être le seul facteur en jeu. L'inégalité, l'absence d'éducation, la
forte dépendance de l'économie vis à vis de l'agriculture, la lente transition démographique, le
consumérisme, ainsi que les traditions et les attentes culturelles sont autant de facteurs entrant
en ligne de compte dans l'apparition du travail des enfants. L'âge, le sexe, l'appartenance
ethnique, la classe sociale et la misère semblent influer sur le type et l'intensité du travail exercé
par les enfants, ainsi que sur le fait qu'ils travaillent ou non.
Les décisions des familles concernant le travail des enfants sont également influencées par la taille
et la structure de la famille (par exemple, le nombre de personnes, le sexe, l'âge, l'espacement
entre les enfants et le rang de naissance des enfants, la présence de membres de la famille âgés
ou handicapés, le nombre d'adultes en âge de travailler). En outre, le nombre de ménages dirigés
par des enfants - ou des grands-parents - (essentiellement en raison du VIH/SIDA et des conflits
armés) est en augmentation. Les enfants subissent ainsi une pression qui les incite à travailler.
Le travail des enfants est sous-tendu par de nombreuses explications étroitement liées. Aucun
facteur isolé n'est suffisant pour expliquer pleinement sa persistance et sa croissance. Le travail
des enfants est une question de possibilité. Un enfant d'une famille pauvre peut ne pas avoir la
possibilité d'aller à l'école. Une fille peut se voir refuser cette possibilité car, dans sa culture, on
attend d'elle qu'elle travaille à la maison. C'est la façon dont les différentes causes, à différents
niveaux, s'influencent mutuellement qui détermine en définitive si un enfant va devenir ou non
un enfant astreint au travail.
L'expérience a montré que la combinaison de la croissance économique, du respect des normes
du travail, de l'éducation universelle et de la protection sociale, ainsi qu'une meilleure
compréhension des besoins et des droits des enfants, favorise le recul des différentes causes
précédemment citées.
Q: Que fait l'OIT pour lutter contre le travail des enfants?
L'action de lutte contre le travail des enfants menée par l'Organisation est fondée sur les normes
internationales du travail définies par l'OIT (principalement dans les Conventions N°138 et 182),
renforcées par le cadre fourni par la Déclaration de l'OIT relatives aux principes et droits fonda-
mentaux au travail.
Face au problème du travail des enfants, l'OIT a adopté pendant de nombreuses années une
approche consistant à promouvoir les normes relatives au travail des enfants et à veiller à leur
application dans les pays les ayant ratifiées. Reflétant ce travail, la législation de la plupart des pays
interdit maintenant aux personnes n'ayant pas atteint l'âge minimum d'exercer certains types de
travail.
Le Programme international de l'OIT pour l'abolition du travail des enfants (IPEC) a été fondé en
1992. En décembre 2001, il était mis en œuvre dans 75 pays, avait 25 donateurs et gérait un
porte-feuille de projets actifs et planifiés de plus de 200 millions de dollars. Les dépenses
annuelles liées aux projets de coopération technique ont atteint plus de 33 millions de dollars en
2001. Le nombre et la gamme des partenaires de l'IPEC ont également augmenté avec les
années. Ce sont des institutions gouvernementales, des organisations d'employeurs et de
travailleurs, des entreprises privées, des organisations communautaires, des ONG, des médias,
des parlementaires, le pouvoir judiciaire, des groupes religieux et bien sûr des enfants et leurs
familles. Près de 150 ONG dans le monde ont travaillé avec l'IPEC dans le cadre de programmes
d'action. C'est le programme opérationnel le plus important de l'OIT.
L'approche de l'IPEC est la suivante: déterminer la nature et l'ampleur du travail des enfants;
élaborer des politiques nationales et une législation protectrice; mettre en œuvre des
mécanismes afin que les pays assurent au niveau national la maîtrise et le fonctionnement de
programmes d'action nationaux; et développer la sensibilisation au sein des communautés et sur
les lieux de travail.
Grâce à l'expérience acquise au travers de projets complets à une échelle nationale et régionale,
l'IPEC évoluera vers une prochaine étape consistant à mener des actions sous la forme de
programmes Time-Bound, qui associent les approches sectorielles, thématiques et
géographiques en intégrant les mesures prises contre le travail des enfants aux stratégies de
développement national, notamment à celles relatives à la réduction de la pauvreté, à l'éducation
et à la promotion de l'emploi.
Q: Qui d'autre fait des efforts pour lutter contre le travail des enfants?
Depuis une dizaine d'années, de nombreuses organisations internationales sont considérable-
ment préoccupées par l'abolition du travail des enfants. En dehors du travail réalisé dans le cadre
du système tripartite de l'OIT, les organisations des travailleurs et des employeurs ont mené leur
propre action sur le plan du travail des enfants. Des organisations des Nations Unies telles que
l'UNICEF ont leur propre programme, tandis que des organisations telles que l'OMS, l'OIM,
l'UNESCO, le FNUAP et le PNUCID se sont engagés dans des projets ayant des répercussions
directes sur le travail des enfants et correspondant à diverses spécialisations.
De nombreux autres partenaires ont également un rôle important à jouer dans la lutte contre le
travail des enfants: les enfants et leurs familles; les organisations internationales et nationales
non-gouvernementales; les organisations communautaires, les médias, les universités et les
groupes religieux. Les ONG sont particulièrement actives dans ce domaine, tant sur le plan local,
souvent par le biais de projets de collaboration avec l'IPEC, que sur le plan international où elles
jouent un rôle essentiel de sensibilisation.
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